Un enfant hospitalisé à cause de complications dues à la grippe.
Une hospitalisation sur dix est liée à la grippe chez les moins de 4 ans. © Adobe Stock

La grippe frappe fort, surtout chez les plus jeunes. L’épidémie de grippe continue de s’intensifier en France, avec une augmentation marquée des cas chez les enfants. Médecins et hôpitaux font face à une vague importante de consultations et d’hospitalisations, notamment chez les moins de 5 ans. Mais pourquoi les petits sont-ils autant touchés ? Et comment les protéger face à un virus qui ne donne pas encore de signes de recul ? Décryptage.

Selon le dernier rapport de Santé publique France pour la semaine du 20 au 26 janvier 2025, la circulation du virus est en forte progression dans toutes les classes d’âge. Mais ce sont les enfants qui en subissent le plus lourd impact. 

Le taux d’incidence chez les moins de 5 ans atteint en effet 1 619 cas pour 100 000 habitants, un chiffre exceptionnellement élevé. L’activité grippe représente désormais 27,8 % des consultations de SOS Médecins, un niveau jamais atteint depuis 2010. Les urgences pédiatriques sont saturées, avec une augmentation marquée des hospitalisations.

Les services hospitaliers font face à une pression croissante. Près d’un passage aux urgences pour grippe sur cinq conduit à une hospitalisation. L’épidémie ne montre aucun ralentissement et impose sa sévérité en ce début d’année 2025. Et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables. “La sensibilité des enfants aux infections virales est plus élevée. Ce sont des groupes d’âge qui sont peu immunisés et l’exposition au virus entraîne logiquement une infection”, explique le Pr Bruno Lina, virologue aux Hospices Civils de Lyon.

Depuis le début de la saison, 40 nourrissons de moins de 2 ans ont été admis en réanimation, ainsi que 51 enfants âgés de 2 à 17 ans. Les médecins constatent des complications plus fréquentes, notamment des détresses respiratoires sévères, qui nécessitent des soins intensifs. 

Face à cette situation, les professionnels de santé insistent sur l’importance de consulter rapidement en cas de fièvre élevée persistante, de difficultés respiratoires ou d’un état général altéré chez les plus jeunes.

Un virus plus virulent, mais pas seulement

Plusieurs facteurs expliquent cette flambée épidémique. D’abord, le virus grippal en circulation s’avère particulièrement agressif cette saison. Il entraîne des formes plus sévères, y compris chez des enfants habituellement en bonne santé.

Ensuite, l’immunité collective est plus faible, après plusieurs années marquées par la pandémie de Covid-19 et les gestes barrières qui ont limité la circulation des virus respiratoires. Beaucoup d’enfants, notamment les plus jeunes, n’ont pas été exposés à la grippe ces dernières années, ce qui les rend plus vulnérables aujourd’hui.

En outre, leur système respiratoire est encore en développement et ils inhalent plus d’air par kilo de poids corporel qu’un adulte. Ce qui laisse la porte ouverte à l’entrée des virus et bactéries. De plus, leur système immunitaire est lui-même en développement et n’a donc pas toutes les armes pour se défendre face à une épidémie d’une telle ampleur. 

Une vaccination en recul malgré les recommandations

La couverture vaccinale est insuffisante, de manière générale et en particulier chez les plus jeunes. Moins d’un quart des enfants à risque sont vaccinés contre la grippe, ce qui laisse une large part de la population pédiatrique exposée à des formes sévères de la maladie.

Pour limiter l’impact de la grippe, la campagne de vaccination a été prolongée jusqu’au 28 février 2025. Pourtant, les chiffres montrent une baisse préoccupante de la couverture vaccinale. Seuls 49,8 % des personnes âgées de 65 ans et plus ont été vaccinées, contre 52,7 % l’an dernier. Chez les moins de 65 ans à risque, le taux de vaccination stagne à 22,7 %, contre 24,5 % en 2023-2024.

Pourtant, l’efficacité du vaccin est estimée à 46 % chez les groupes à risque, ce qui en fait un outil essentiel pour prévenir les formes graves de la maladie. Malgré cette protection partielle, il reste un rempart important contre les complications et l’engorgement des hôpitaux.

Comment protéger les enfants ?

La vaccination reste la meilleure arme pour limiter l’impact de la grippe chez les plus fragiles. Mais au-delà du vaccin, des gestes simples permettent de réduire la transmission du virus. Le lavage régulier des mains, l’aération des pièces plusieurs fois par jour et la limitation des contacts avec les personnes malades sont autant de précautions essentielles. En cas de symptômes, le port du masque et l’isolement temporaire peuvent aussi aider à freiner la propagation du virus, notamment en milieu scolaire et familial.

Aussi, “il n’est pas rare qu’un enfant puisse faire plusieurs grippes pendant l’hiver. Il peut être infecté par un premier virus, puis un second plus tard”, précise le Pr Bruno Lina.

Néanmoins, les médecins rappellent l’importance de consulter rapidement en cas de signes inquiétants. Une forte fièvre qui persiste, une toux intense ou une fatigue inhabituelle doivent alerter les parents, surtout chez les enfants de moins de 2 ans.

Fort heureusement, “les formes graves de grippe chez l’enfant sont extrêmement rares”, conclut l’épidémiologiste et virologue lyonnais.

À SAVOIR

La grippe continue de se propager activement en France et l’épidémie n’a pas encore atteint son pic, malgré les précédentes projections. Les prochaines semaines seront rudes et la tension ca continuer de s’accentuer sur les hôpitaux. Il est donc encore temps d’agir pour limiter l’impact de la grippe et protéger les plus vulnérables. La vigilance reste de mise pour éviter une saturation encore plus importante des services hospitaliers dans les semaines à venir.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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