Couple de séniors heureux mangeant une salade, devant faire attention à leur alimentation
Conserver le plus longtemps possible le plaisir à table est essentiel pour le bien-être des personnes âgées. © Freepik - gpointstudio

Avec l’avancée en âge, de nombreux séniors voient leur appétit diminuer, souvent en raison de la solitude et d’une perte du plaisir alimentaire. Cette situation peut conduire à la dénutrition, un problème majeur chez de nombreuses personnes (très) âgées. Il est donc essentiel de mettre en place des stratégies pour raviver l’envie de manger et assurer une alimentation équilibrée. L’adaptation des textures ou la tendance au « sans fourchette » font partie des solutions susceptibles d’aider un sénior à retrouver goût aux aliments… et donc à la vie.

Au 1ᵉʳ janvier 2024, la France comptait 14,7 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus, soit 22 % de la population totale. Tous, heureusement, n’ont pas de problème d’appétit ! Mais avec l’avancée en âge, certains séniors constatent une diminution de leur plaisir à manger, souvent liée à des problèmes sensoriels, des difficultés de mastication ou encore à l’isolement social.

Cette perte d’intérêt pour l’alimentation peut entraîner une dénutrition, fragilisant ainsi leur santé globale, notamment chez les plus âgés d’entre eux, en perte d’autonomie partielle ou complète. Qu’ils soient à domicile ou en Ehpad, il est donc primordial de trouver des solutions pour restaurer leur plaisir des repas et encourager une alimentation suffisante et équilibrée. À travers des formations spécialisées et des initiatives novatrices, il est possible de transformer la cuisine institutionnelle en un moment de convivialité et de plaisir, facteur d’appétit et essentiel au bien-être.

Des changements physiques et sensoriels

Avec l’âge, les modifications physiologiques impactent les sensations alimentaires. La prévalence de l’hyposmie (diminution de l’odorat) et de l’hypogueusie (diminution du goût) réduit la perception des saveurs. La salivation diminue (état de xérostomie), entraînant des difficultés de mastication et nuisant à la digestion.

De plus, l’altération de la vision peut limiter l’attrait des plats, tandis que des problèmes dentaires rendent la consommation de certains aliments douloureuse. La prise de traitements médicamenteux peut aussi entrainer une diminution de l’appétit.

Des facteurs psychologiques et sociaux à prendre en compte

L’isolement social, la dépression et le deuil sont des causes majeures de la perte de plaisir à manger. En effet, les repas sont souvent synonymes de partage et de convivialité. Lorsqu’une personne âgée se retrouve seule, son appétit et son intérêt pour l’alimentation diminuent.

La perte d’autonomie peut également entraîner un sentiment de frustration lié à la difficulté de préparer ses propres repas.

Des facteurs environnementaux et institutionnels

Dans les établissements de soins (Ehpad, Centres de Soins Médicaux et de Réadaptation, hôpitaux…), la restauration collective est souvent perçue comme standardisée et peu engageante. Le manque de personnalisation des repas, l’ambiance impersonnelle et la monotonie des plats peuvent contribuer à une diminution du plaisir de manger.

Enrichir les repas

Face au risque de dénutrition, il est essentiel d’enrichir les repas en protéines et en énergie. On peut ajouter de la poudre de lait, du fromage râpé, des huiles végétales ou des purées d’oléagineux aux plats pour augmenter leur densité nutritionnelle.

Fractionnement des repas

Proposer plusieurs petites prises alimentaires tout au long de la journée permet de mieux répondre aux capacités digestives réduites des séniors. Des collations enrichies en protéines (yaourts, oléagineux, œufs durs) aident à couvrir les besoins nutritionnels sans surcharger l’estomac.

Hydratation adaptée

L’hydratation est souvent négligée chez les personnes âgées. Offrir des soupes, des tisanes, des eaux aromatisées ou des gelées hydratantes permet de maintenir un bon niveau d’hydratation.

Soigner la présentation des plats et jouer avec les textures

La perception visuelle joue un rôle clé dans l’appétit. L’utilisation de couleurs contrastées et une disposition esthétique des aliments peuvent stimuler l’envie de manger. Les préparations culinaires doivent s’adapter aux capacités de mastication des séniors. Il est essentiel de proposer des textures modifiées tout en préservant l’identité sensorielle des plats.

Par ailleurs, rehausser les saveurs avec des herbes aromatiques et épices (curcuma, basilic, cannelle) permet d’intensifier la perception gustative. Plutôt que de présenter un plat unique sous forme de purée, mieux vaut pour susciter l’appétit faire la distinction entre les légumes, la viande même si celle-ci est mixée.

Organiser des repas partagés pour combattre la solitude

Mettre en place des repas collectifs, inviter la famille et les amis ou organiser des repas à thème permettent de recréer du lien social. Les interactions sociales, en effet, favorisent une augmentation de l’apport alimentaire et une meilleure digestion.

Engager les séniors dans la préparation des repas

Les activités culinaires sont à la fois un moyen de stimulation cognitive et de plaisir sensoriel. Participer à la préparation des repas, éplucher des légumes ou encore pétrir de la pâte réactive le lien avec l’alimentation.

Le Manger-Main

Manger avec les mains n’est pas dans les coutumes de nos sociétés occidentales. Cependant des innovations comme le concept “Sans Fourchette”, développé par une coach de vie spécailisée dans l’accompagnement des aidants, Fabienne Verdureau, contribuent à favoriser l’autonomie.

Ce concept permet aux séniors souffrant de troubles moteurs de manger avec les doigts sans stigmatisation. Le manger-main multiplie les atouts :

  • Il favorise l’autonomie des séniors en leur permettant de se nourrir sans assistance, même en cas de troubles moteurs ou cognitifs.
  • En supprimant la contrainte des couverts, le toucher des aliments est favorisé. Cette expérience sensorielle encourage la prise alimentaire et évite la monotonie des plats mixés
  • Le manger-main contribue également à prévenir la dénutrition en rendant le repas plus accessible et instinctif, notamment pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives comme Alzheimer
  • Il encourage la convivialité en permettant aux seniors de participer pleinement aux repas collectifs, sans dépendre d’une aide extérieure.

La technologie, une place dans la cuisine

L’objectif d’ici 15 à 20 ans est d’avoir accès à des aides culinaires enrichies pour faciliter le travail en cuisine des chefs. La personnalisation des repas en EHPAD sera de plus en plus facile grâce à l’intelligence artificielle. Cette dernière permettra de faciliter la gestion des commandes et des stocks, pour répondre aux enjeux nutritionnels de chaque sénior de façon personnalisée.

La personnalisation de l’alimentation par le biais de tests ADN, qui révèlent des spécificités et goûts que le séniors ne parvient plus à exprimer directement, est actuellement interdite en France. Mais elle existe déjà dans d’autres pays, où elle a fait ses preuves. Cette pratique, si elle était déployée un jour, pourrait notamment faciliter la création d’un planning spécifique alimentaire.

La sensibilisation du personnel soignant et des familles

Les soignants doivent être formés à l’importance du plaisir alimentaire et à la reconnaissance des signaux de malnutrition. Des initiatives, comme celles de l’Institut Nutrition, à Lyon, permettent d’intégrer des approches innovantes dans la restauration collective.

Pour conclure, restaurer le plaisir de manger chez les séniors est un enjeu essentiel pour préserver leur santé physique et mentale. En prenant en compte les besoins spécifiques des personnes âgées, tant d’un point de vue nutritionnel que sensoriel, il est possible d’adopter des solutions innovantes qui ravivent leur appétit et leur plaisir à table.

Des stratégies simples comme la modification des textures alimentaires, l’organisation de repas partagés, et l’engagement des séniors dans la préparation des repas, permettent de lutter contre l’isolement et la monotonie alimentaire. De plus, l’intégration de technologies, telles que la personnalisation des repas via l’intelligence artificielle, ouvre de nouvelles perspectives pour adapter l’alimentation aux besoins individuels de chaque sénior. L’intégration de la gastronomie adaptée dans les formations hôtelières laissent imaginer toutes les perspectives gustatives à venir.

La question de la nutrition des séniors était au cœur des débats de la 5ème édition des « Rencontres de l’Institut Nutrition 2025 », organisées le 18 février 2025 à la Cité internationale de la gastronomie de Lyon. Le fil conducteur de cette journée était “L’INNOVATION AU SERVICE DU PLAISIR DE MANGER DES PERSONNES FRAGILES”.

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