Une foule de gens potentiellement à risque face à l'épidémie de grippe.
L'épidémie de la saison 2024-2025 a été l'une des plus sévères depuis la dernière pandémie grippale en 2009. © Adobe Stock

À l’approche de l’hiver, les infections respiratoires reprennent leur droit. En France, les autorités sanitaires insistent sur la vaccination conjointe contre la grippe saisonnière et le Covid-19, en ciblant prioritairement les personnes vulnérables. Mais dans quel cas cela vaut vraiment le coup ? Et pourquoi ?

Cette année encore, la campagne de vaccination conjointe contre la grippe et le Covid-19 a démarré le 14 octobre 2025. L’objectif est toujours le même, renforcer l’immunité collective avant la montée des virus respiratoires. Le ministère de la Santé rappelle que la coadministration des deux vaccins est possible « le même jour, sur deux sites d’injection différents », pour simplifier la démarche des personnes concernées.

Cette stratégie simultanée vise avant tout les populations les plus à risque, c’est-à-dire celles pour lesquelles la vaccination sauve chaque année des vies. Mais l’intérêt de ces vaccins ne se résume pas à une logique individuelle. C’est aussi un enjeu collectif, alors que les hôpitaux métropolitains craignent une nouvelle vague de tensions hivernales.

Vaccins grippe et Covid : les personnes les plus concernées

En France métropolitaine, la vaccination contre la grippe est recommandée chaque automne pour les plus de 65 ans, les personnes souffrant de maladies chroniques, les femmes enceintes, les personnes obèses et les professionnels de santé en contact régulier avec des publics fragiles. Ces catégories sont ciblées par les invitations envoyées par l’Assurance maladie, avec une prise en charge à 100 % du vaccin. 

Pour le vaccin contre le Covid-19, la Haute Autorité de Santé recommande depuis le printemps 2025 un rappel vaccinal pour les personnes âgées de 65 ans et plus, les résidents d’EHPAD, les immunodéprimés et les personnes atteintes de pathologies chroniques sévères. Le délai recommandé est de six mois depuis la dernière dose ou infection, ou de trois mois pour les plus fragiles (HAS, 2025).

Cette approche ciblée reflète une réalité simple. Plus le risque est élevé, plus le bénéfice vaccinal est net. Pour un senior ou une personne malade chronique, la vaccination contre la grippe réduit le risque d’hospitalisation de 35 à 60 % selon les saisons. Pour le Covid-19, les rappels divisent par trois à cinq le risque de forme grave.

Pourquoi ces vaccins sont-ils encore utiles ?

Le vaccin, contrairement à ce qu’on peut penser, n’empêche pas d’être malade. L’objectif n’est pas de supprimer toute infection mais d’éviter les complications graves, les hospitalisations et les décès. Or, sur ce terrain, les données sont claires.

Selon la Haute Autorité de Santé, les vaccins antigrippaux à haute dose (Efluelda) ou adjuvantés (Fluad), désormais utilisés en métropole pour les seniors, offrent une meilleure réponse immunitaire et une efficacité supérieure aux vaccins standards. Et même avec une efficacité moyenne de 40 %, la vaccination grippe permettrait d’éviter chaque année près de 2 000 décès en France métropolitaine selon Santé publique France.

Pour le Covid-19, les études françaises montrent que le vaccin continue de réduire significativement les formes graves, notamment face aux variants circulants. La Drees observe une réduction de 80 % du risque d’admission en réanimation chez les personnes vaccinées âgées de plus de 70 ans.

Les jeunes adultes : un geste de protection collective

Pour les moins de 50 ans en bonne santé, l’intérêt individuel est plus faible. Mais en se vaccinant, ces adultes participent à la réduction de la circulation virale. En 2024, Santé publique France a montré que la majorité des cas graves de grippe admis en réanimation concernaient des personnes non vaccinées ; certaines avaient été contaminées par un proche en bonne santé.

Dans un contexte où la couverture vaccinale antigrippale reste insuffisante (environ 54 % chez les 65 ans et plus, loin de l’objectif OMS de 75 %), chaque injection compte. « Se faire vacciner, c’est aussi protéger les autres », répète le ministère de la Santé dans sa campagne “Un hiver sans virus”.

En métropole, la période idéale se situe entre la mi-octobre et la fin novembre, afin que la protection soit optimale pendant les pics de circulation virale, généralement observés en décembre et janvier. Se faire vacciner trop tard réduit l’efficacité préventive, car il faut environ deux semaines pour que la protection immunitaire soit optimale.

Concrètement, la marche à suivre est simple. 

  • Si vous faites partie des publics ciblés (personnes âgées, malades chroniques, femmes enceintes, professionnels de santé), vous recevez généralement un bon de prise en charge de l’Assurance maladie, envoyé par courrier ou disponible dans votre espace Ameli. Ce document vous permet de retirer gratuitement le vaccin dans la pharmacie de votre choix, sans avance de frais. Vous pouvez ensuite vous faire vacciner sur place par le pharmacien, chez votre médecin traitant, ou par un infirmier ou une sage-femme habilitée.
  • Si vous n’êtes pas dans une catégorie prioritaire, vous pouvez tout de même vous faire vacciner. Il suffit de demander le vaccin directement en pharmacie, avec ou sans prescription médicale selon votre âge. Le pharmacien vous administrera la dose sur place, en respectant les mêmes règles de sécurité.

Pour le vaccin contre le Covid-19, la procédure est similaire. Il est disponible gratuitement dans les pharmacies, les cabinets médicaux et certains centres de vaccination. La plupart des pharmacies proposent désormais la co-administration, c’est-à-dire la possibilité de recevoir les deux vaccins le même jour, un dans chaque bras, ce qui permet de gagner du temps et de limiter les déplacements. Le ministère de la Santé rappelle qu’il n’existe aucun délai minimal obligatoire entre les deux vaccins si l’on préfère les faire à quelques jours d’intervalle. Le principal, souligne-t-il, est de ne pas attendre le début de l’épidémie pour se protéger. 

L’enjeu dépasse la simple prévention individuelle. Selon les projections de Santé publique France, si la couverture vaccinale atteignait 75 % chez les populations à risque, plus de 3 000 hospitalisations et plus de 1 500 décès pourraient être évités chaque hiver en métropole.

Dans les services hospitaliers, les médecins redoutent un scénario déjà vu. La coexistence de plusieurs virus respiratoires (grippe, Covid, bronchiolite) créant une pression simultanée. D’où l’importance de ce rappel simple : se vacciner n’est pas un réflexe d’hier, mais un choix d’avenir, ancré dans la solidarité et la prévention.

À SAVOIR

En France, la grippe a provoqué une surmortalité de plus de 17 000 décès pendant la saison hivernale 2024-2025, selon Santé publique France.

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Ma Santé

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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