Une femme victime des effets indésirables de l'hyperconnexion sur sa santé.
Selon une étude de la DARES publiée en mars 2024, l’hyperconnexion est aussi une source de fracture sociale. © Adobe Stock

E-mails au réveil, messages pro pendant le dîner, réunions jusqu’à pas d’heure : les frontières entre vie privée et vie professionnelle s’effacent à mesure que les écrans s’invitent partout. Mais cette hyperconnexion a un coût. Stress, troubles du sommeil, fatigue mentale : et si notre cerveau disait stop ?

C’est l’histoire d’une réunion Teams qui s’éternise, d’un e-mail envoyé à 22h12, ou d’un message Slack reçu un dimanche matin. Ce n’est pas un bug de calendrier, c’est juste… la nouvelle normalité qui cause stress intense au travail et fatigue insurmontable.

Une enquête OpinionWay pour Microsoft France (2023) révélait que 42 % des cadres consultent leurs e-mails avant 7h. Et 29 % continuent après 22h. Alors, la “journée de travail” s’étire. Elle commence tôt, finit tard, et s’infiltre partout, y compris sous la couette. Sauf que le cerveau, lui, n’a pas été conçu pour ça.

Trop d’écrans, trop de stress : le mental flanche

La surcharge cognitive, ça vous parle ? Ce moment où votre esprit dit “stop” après la 9e notification en 15 minutes ? C’est exactement ce que vivent 74 % des salariés français, selon un sondage Fondation Jean-Jaurès/Fondapol (2024).

Ce trop-plein d’informations déclenche :

Et le sommeil dans tout ça ? 

Pas besoin de chercher bien loin. Si vous dormez mal, votre téléphone pourrait être le coupable. Selon Santé Publique France, 1 Français sur 3 reconnaît que les écrans perturbent son sommeil. Notifications nocturnes, lumière bleue, réflexe de “juste checker un mail”… Le sommeil est grignoté par la vie professionnelle. Et les conséquences sont sérieuses :

Le Dr Damien Léger, expert du sommeil à l’Hôtel-Dieu, le dit sans détour : “Ce n’est pas seulement un sommeil raccourci, c’est un sommeil non réparateur. Et ça change tout.”

Rester assis, rester figé : la double peine de l’hyperconnexion

L’autre effet pervers, c’est la sédentarité. Qui dit hyperconnecté dit souvent hyper-assis. En télétravail ou au bureau, on bouge moins, on mange plus mal, on se tasse, littéralement.

D’après l’OMS, la sédentarité est désormais le 4e facteur de risque de mortalité prématurée dans le monde. Elle favorise :

  • douleurs articulaires et lombaires
  • prise de poids
  • diabète de type 2
  • et même certains cancers

Le droit à la déconnexion : sur le papier, seulement.

Depuis 2017, la fameuse loi El Khomri impose un droit à la déconnexion dans les entreprises de plus de 50 salariés. L’idée est de préserver la santé mentale en définissant des temps “off”.

Mais selon le baromètre Eleas 2024, seulement 19 % des entreprises mettent réellement en place ce droit via des mesures concrètes (charte, plages horaires, mails différés…). Les autres ? Elles cochent une case RH et passent à autre chose.

Comment en sortir ? 

Pas question de jeter l’ordi par la fenêtre. Mais il est temps de reprendre le contrôle. Voici quelques mesures testées (et approuvées) dans certaines entreprises responsables :

  • Plages horaires protégées (pas de mail après 18h ou le week-end)
  • Charte de bonnes pratiques numériques, co-écrite avec les équipes
  • Formations à l’hygiène digitale : savoir couper ses notifications, organiser ses pauses
  • Exemplarité managériale : un chef qui envoie un mail à 23h ? Mauvais signal.
  • Outils régulés : des e-mails différés, des réunions sans visio… c’est possible !

Et vous, quand avez-vous vraiment déconnecté pour la dernière fois ?

À SAVOIR

Une étude menée par l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) en 2023 montre que l’hyperconnexion augmente significativement les risques d’accidents du travail, même chez les télétravailleurs. En cause : la dispersion de l’attention, l’épuisement mental et la réduction des temps de pause, qui multiplient les erreurs de jugement, même sur des gestes simples.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentStimulation transcrânienne : la science tente de soigner la phobie des maths
Article suivantArrêts maladie en hausse : la santé mentale des salariés en alerte rouge
Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici