Une femme obèse, sans t-shirt, se regardant dans le miroir.
Les personnes souffrant d’obésité modérée perdent en moyenne trois ans d’espérance de vie, tandis que celles atteintes d’obésité sévère en perdent jusqu’à dix. © Adobe Stock

L’Indice de Masse Corporelle (IMC), longtemps utilisé pour diagnostiquer l’obésité, est désormais remis en cause. Jugé trop limité, il pousse les experts à repenser les outils d’évaluation pour mieux répondre à cet enjeu majeur de santé publique. Avec plus d’un milliard de personnes en surpoids dans le monde, il est urgent d’adopter une approche plus précise pour différencier facteurs de risques et maladies. Mais alors, pourquoi l’IMC est-il remis en question, et que propose-t-on à la place ? Décryptage.

Depuis des décennies, l’Indice de Masse Corporelle (IMC) est utilisé comme outil principal pour diagnostiquer l’obésité. Simple à calculer et facile à comprendre, il a été adopté par les professionnels de santé à travers le monde. Mais aujourd’hui, cet indicateur est de plus en plus critiqué pour ses nombreuses limites. Il ne distingue pas la masse grasse de la masse musculaire, ne prend pas en compte la répartition des graisses. Ainsi, il peut induire des erreurs de diagnostic, notamment pour les athlètes ou les seniors. 

Face à ces failles, les experts appellent à un changement de paradigme. Une redéfinition du diagnostic de l’obésité, basée sur une approche plus complète et personnalisée. 

Créé en 1832 par l’astronome et mathématicien Adolphe Quetelet, l’IMC est un indicateur mathématique qui relie le poids (en kg) à la taille (en m²). Un calcul simple et universel, souvent utilisé par les professionnels de santé pour classer les individus en différentes catégories : poids insuffisant, poids normal, surpoids et obésité.

Mais cette simplicité a un revers. L’IMC ne prend pas en compte des éléments essentiels comme :

  • La répartition des graisses (graisse abdominale ou viscérale, par exemple).
  • La masse musculaire (les sportifs peuvent afficher un IMC élevé sans être en surpoids).
  • L’âge, le sexe, ou encore les particularités ethniques qui influencent la composition corporelle.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1,9 milliard d’adultes dans le monde sont en surpoids, dont environ 650 millions souffrent d’obésité (2022). Pourtant, ces chiffres basés sur l’IMC ne reflètent pas forcément les véritables risques pour la santé.

Les experts s’accordent désormais à dire que l’IMC, seul, ne suffit pas. Parmi les critiques récurrentes :

  • Une évaluation partielle des risques santé :
    La graisse localisée autour de l’abdomen est bien plus dangereuse pour la santé que celle répartie ailleurs dans le corps. Or, l’IMC ne distingue pas ces différences. Des études montrent que l’accumulation de graisse viscérale augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et même de certains cancers.
  • Un indicateur trompeur pour certains profils :
    Chez les seniors, la perte de masse musculaire peut fausser les résultats de l’IMC, en masquant des risques liés à un excès de graisse. À l’inverse, un athlète musclé pourrait être classé comme « obèse » alors qu’il est en parfaite santé.
  • Un manque de nuance culturelle :
    Par exemple, certaines populations asiatiques développent des maladies liées au surpoids avec un IMC plus bas que le seuil défini par l’OMS.

Le tour de taille : un meilleur indicateur des risques

Simple à mesurer, le tour de taille est un excellent indicateur de la répartition des graisses, en particulier de la graisse abdominale ou viscérale. Cette dernière est directement liée à des maladies graves comme le diabète de type 2, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires.

  • Seuils de risque : Un tour de taille supérieur à 88 cm chez les femmes et 102 cm chez les hommes est considéré comme un signal d’alarme.
  • Pourquoi c’est pertinent : Contrairement à l’IMC, qui ne fait aucune distinction entre les types de graisse, le tour de taille cible spécifiquement l’excès de graisse viscérale, particulièrement nocive pour les organes internes.

L’analyse de la composition corporelle

L’évolution des technologies médicales permet aujourd’hui de mesurer la composition corporelle avec une grande précision.

  • Balances à impédancemétrie : mesurent le pourcentage de masse grasse, d’eau et de masse musculaire.
  • Analyses DEXA (Absorptiométrie à rayons X en double énergie) : examinent la répartition des graisses et fournissent une cartographie complète du corps, incluant la densité osseuse.

Ces outils permettent de distinguer clairement la masse grasse de la masse musculaire. Par exemple, un sportif avec un IMC élevé pourra ainsi démontrer que son poids est majoritairement dû à ses muscles et non à un excès de graisse.

Une approche personnalisée et globale

L’obésité est une maladie complexe influencée par de multiples facteurs : génétiques, environnementaux et comportementaux. Pour cette raison, les professionnels de santé recommandent une évaluation globale qui inclut :

  • Les antécédents familiaux : Pour détecter les prédispositions héréditaires à certaines pathologies.
  • Les habitudes alimentaires et l’activité physique : Ces données permettent d’adapter les recommandations en fonction du mode de vie.
  • La santé mentale : Stress, troubles de l’humeur ou anxiété peuvent contribuer à la prise de poids et doivent être intégrés dans l’analyse.

Cette approche personnalisée permet de définir des stratégies adaptées aux besoins spécifiques de chaque individu, favorisant ainsi des interventions plus efficaces.

Le score métabolique : un outil global pour évaluer les risques

Le score métabolique est une méthode qui combine plusieurs indicateurs biologiques pour évaluer l’état de santé global d’une personne. Il intègre notamment :

Ces paramètres offrent une vision plus complète des risques associés à l’obésité, notamment en termes de maladies cardiovasculaires et métaboliques. Contrairement à l’IMC, qui ne donne qu’un chiffre, le score métabolique fournit un état de santé détaillé et actionnable.

En France, 17 % des adultes souffrent d’obésité, selon Santé publique France (2023). Redéfinir le diagnostic permettrait d’identifier plus précisément les personnes à risque, notamment celles avec une accumulation de graisse viscérale, souvent négligée par l’IMC.

Avec des outils adaptés, les professionnels de santé pourront proposer des solutions personnalisées, comme un rééquilibrage alimentaire, une activité physique ciblée ou un suivi psychologique. Cette approche plus fine pourrait non seulement améliorer la qualité de vie des patients, mais aussi réduire les complications graves et alléger le coût des soins liés à l’obésité.

L’abandon de l’IMC comme unique référence est une avancée majeure pour mieux diagnostiquer et traiter l’obésité. Si l’IMC reste un outil de dépistage rapide, il doit être complété par des analyses plus précises pour évaluer les risques réels pour la santé.

Rappelons que l’obésité est une maladie multifactorielle, influencée par des aspects physiques, psychologiques et sociaux. Adopter une approche plus globale permettra de mieux répondre aux besoins des patients et de renforcer la lutte contre ce fléau mondial.

À SAVOIR

En 2021, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a rapporté que 33,5 % des adultes américains étaient obèses. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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