Une éleveuse d'oies qui va devoir abattre ses bêtes à cause du retour de la grippe aviaire et du niveau de risque sanitaire.
Le Laboratoire national de référence de Ploufragan-Plouzané, la préfecture de Seine-Maritime a ordonné l’abattage de l’ensemble des volailles de l’élevage de Luneray. © Adobe Stock

Face à la détection d’un foyer dans un élevage du Pas-de-Calais et dans un autre en Seine-Maritime, la France a rehaussé le niveau de risque épizootique lié à la grippe aviaire de « négligeable » à « modéré ». Ce pas en arrière n’est pas une alerte dramatique, mais un rappel : le virus n’est jamais loin, surtout à l’automne. Alors, que faut-il savoir ? Quelles conséquences pour les oiseaux, les élevages, et la santé publique ?

Un arrêté ministériel instaure officiellement le passage du niveau de risque d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) à « modéré » sur l’ensemble du territoire métropolitain.

Cet ajustement réglementaire s’appuie sur deux constats. D’une part, la confirmation d’un premier foyer dans un élevage du Pas-de-Calais. D’autre part une dynamique d’infection observée parmi l’avifaune migratrice dans toute l’Europe, y compris en France.

Côté localisation, le foyer du Pas-de-Calais concerne un élevage de faisans et de perdrix, confirmé le 10 octobre. Dans le même temps, un foyer hautement pathogène a été identifié à Luneray, en Seine-Maritime, dans un élevage multi-espèces (poules, oies, canards, pintades). Tous les oiseaux de l’exploitation vont être abattus, et des zones de protection (3 km) et de surveillance (10 km) viennent d’être instaurées.

L’arrêté du 14 octobre entre en vigueur dès le lendemain de sa publication, c’est-à-dire aujourd’hui, le 15 octobre, date à laquelle le niveau modéré est officiellement effectif. 

Le sens de ce changement : ce que “modéré” implique

Lorsque le niveau de risque est qualifié de « modéré », cela signifie que l’État et les acteurs de la filière avicole doivent passer en posture plus stricte de surveillance et de prévention. L’arrêté mentionne explicitement le renforcement des mesures de surveillance, de prévention, de lutte et de vaccination prévues par l’arrêté de 2023.

En pratique, cela peut se traduire par des contrôles accrus dans les élevages, l’obligation de cloisonner ou de restreindre les parcours extérieurs des volailles selon les espèces, et l’activation rapide de dispositifs de lutte dès qu’un foyer est confirmé. L’instauration de périmètres réglementaires autour des foyers (zone de protection et zone de surveillance) est l’un des outils clés pour contenir la propagation.

Ce niveau « modéré » n’est pas le plus sévère (contrairement au niveau « élevé »), mais il indique que les autorités considèrent que le contexte épidémique justifie une vigilance accrue sans pour autant déclencher de mesures extrêmes généralisées.

Grippe aviaire : qu’en est-il du risque pour l’homme ?

Jusqu’à cette date, aucun cas humain de grippe aviaire n’a été confirmé en France, ce qui reste un élément rassurant. Les virus aviaires (notamment les souches de type H5) peuvent rarement infecter l’homme, essentiellement dans des contextes de contact direct et prolongé avec des oiseaux malades ou des matériels contaminés. Toutefois, la transmission interhumaine de façon efficace et durable n’a pas été documentée pour les souches en circulation actuelles.

Dans le contexte français, le risque pour la population générale est qualifié de faible. Pour les professionnels exposés (éleveurs, vétérinaires, intervenants en élevage), le risque est jugé faible à modéré, ce qui justifie des précautions renforcées. Par ailleurs, la Haute Autorité de santé (HAS) avait estimé en avril 2025 que la situation ne justifiait pas, à ce stade, une vaccination humaine de masse. En revanche, si l’épidémie venait à se complexifier, des groupes à risque pourraient être ciblés.

Ce n’est pas une surprise, la remontée du risque à l’automne est une tradition sanitaire. Chaque année, les migrations d’oiseaux viennent relancer la circulation potentielle du virus, et les autorités ajustent leur vigilance.

En 2025, l’arrêté de relève du niveau intervient à peu près à la même période que les années antérieures. Le ministère de l’Agriculture indique clairement que cette décision découle de la conjonction entre la présence d’un foyer aviaire domestique confirmé et une dynamique d’infection dans l’avifaune migratrice en Europe.

Du point de vue historique, la France n’est pas étrangère à ces épisodes successifs. Pour la saison 2024-2025, des foyers avaient déjà été détectés à partir d’août. L’an dernier, le dérèglement des équilibres viraux, associé aux migrations, avait poussé les pouvoirs publics à garder une posture vigilante durant la saison automne-hiver.

Pour les exploitations avicoles, le passage au niveau « modéré » impose un surcroît d’obligations : 

  • renforcer les dispositifs de biosécurité, 
  • surveiller étroitement les signes cliniques inhabituels, 
  • surveiller les mouvements d’oiseaux ou de matériel, 
  • coopérer avec les services vétérinaires.

Lorsque le virus est détecté, l’abattage sanitaire de tout l’élevage contaminé reste une réponse immédiate pour éviter la dissémination. C’est ce qu’a ordonné la préfecture de Seine-Maritime suite au foyer de Luneray. Les politiques de vaccination ciblée (notamment pour les canards) sont déjà en place en France depuis quelques saisons, et peuvent jouer un rôle préventif dans les filières à risque.

À SAVOIR 

D’après Météo-France et le ministère de l’Agriculture, les épisodes de grippe aviaire sont souvent favorisés par les conditions météorologiques automnales : froid, humidité et rassemblements d’oiseaux migrateurs créent un environnement idéal pour la survie et la diffusion du virus dans l’eau et les zones humides.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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