Un homme qui dort seul dans sa chambre car il pratique le divorce du sommeil avec sa femme.
6 % des couples déclarent souhaiter faire chambre à part, sans oser franchir le pas, selon l'INSV. © Adobe Stock

Ronflements, rythmes décalés, insomnies… Pour préserver leur sommeil, et parfois leur couple, de plus en plus de Français choisissent le « divorce du sommeil », autrement dit dormir dans une chambre séparée. Phénomène tabou hier, tendance assumée aujourd’hui, il interroge sur notre rapport à l’intimité et à la vie à deux.

Pendant longtemps, partager le même lit a été vu comme l’un des symboles de la vie conjugale. Dormir ensemble, c’était se rassurer, renforcer le lien, maintenir une intimité quotidienne.

Pourtant, les chiffres montrent que la pratique évolue. Selon une enquête Ifop de 2021, environ 10 % des Français en couple déclarent dormir dans une chambre séparée de façon régulière. Ce chiffre monte à près de 25 % lorsqu’on inclut les couples qui dorment séparément quelques nuits par semaine.

En cause ? Les ronflements, l’apnée du sommeil, les levers fréquents, ou encore des rythmes de travail différents. Des couples témoignent avoir redécouvert une sérénité insoupçonnée en faisant chambre à part. Pour certains, le « divorce du sommeil » a même sauvé leur relation.

Les bénéfices d’une chambre séparée pour le couple

Le premier bénéfice avancé reste la qualité du sommeil. Un sommeil perturbé entraîne irritabilité, manque de concentration et disputes plus fréquentes. Dormir séparément permet de préserver ses nuits et, par ricochet, la sérénité de la relation.

Un autre avantage concerne le confort personnel. Avoir son espace, pouvoir régler la température de sa chambre, éteindre la lumière quand on le souhaite ou choisir sa literie sans compromis favorise un repos optimal. Cette autonomie redonne aussi une forme de liberté dans le couple.

Enfin, certains observent que le manque crée le désir. Dormir séparément ne signifie pas renoncer à l’intimité. Au contraire, cela peut nourrir les retrouvailles et stimuler l’envie de partager des moments de tendresse dans la journée.

Les risques d’un couple qui dort séparé

Le lit séparé ne fait pas l’unanimité. Pour certains, l’absence de proximité physique peut entraîner une distance émotionnelle. Les câlins spontanés, les discussions du soir et la chaleur humaine que procure la présence de l’autre sont autant de rituels qui disparaissent quand on dort seul.

Sur le plan symbolique, « faire chambre à part » reste encore perçu comme un signe de rupture ou de désamour. Cette représentation sociale peut générer de la culpabilité ou du malaise. Dans certains foyers, la question peut aussi se poser vis-à-vis des enfants, qui ne comprennent pas toujours pourquoi leurs parents ne dorment pas ensemble.

Le succès du “divorce du sommeil” dépend avant tout de la communication. Les couples qui vivent bien cette organisation sont ceux qui en ont discuté et choisi la formule ensemble. Il ne s’agit pas d’une solution imposée, mais d’un arrangement réfléchi.

Entretenir la relation passe aussi par de nouveaux rituels : partager un moment avant de dormir, prendre le petit-déjeuner ensemble ou planifier des soirées complices. L’idée est de préserver la proximité émotionnelle, même si la proximité physique nocturne est réduite.

La flexibilité est également un facteur clé. Alterner les nuits ensemble et séparées permet de combiner repos et intimité. Enfin, il reste essentiel de ne pas ignorer les causes médicales des troubles du sommeil : apnée, insomnie chronique ou anxiété nécessitent parfois une prise en charge professionnelle.

Aux États-Unis, le « sleep divorce » est déjà un sujet largement débattu. En France, la tendance s’installe progressivement. Selon l’INSV, les 18-34 ans sont les plus ouverts à l’idée de dormir séparément pour préserver leur sommeil et leur couple.

Les générations plus âgées restent attachées au lit conjugal, mais reconnaissent de plus en plus que le confort individuel peut renforcer l’équilibre à deux. Alors, l’intimité n’est plus uniquement liée au fait de partager le même lit, mais à la qualité des moments vécus ensemble.

À SAVOIR 

Une enquête Ifop, intégrée dans une étude sur les troubles du sommeil, montre que près de la moitié des Français en couple cohabitant ont déjà vécu une dispute liée aux ronflements de leur partenaire. De plus, dans cette même enquête, 26 % des personnes interrogées estiment que les ronflements affectent leur vie de couple.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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