
Depuis plusieurs années, scientifiques et autorités sanitaires multiplient les avertissements sur nos modes d’alimentation. Pour notre santé comme pour celle de la planète, il est urgent de réduire la part de viande dans notre alimentation et de miser davantage sur les protéines végétales. Les dernières recommandations de la commission EAT-Lancet, publiées le 3 octobre 2025, viennent à nouveau tirer la sonnette d’alarme.
En France, la consommation de viande reste élevée. Environ 83 kilos par habitant et par an en 2023, selon les chiffres d’Agreste et de FranceAgriMer. La viande rouge et la charcuterie restent consommées en quantités supérieures aux recommandations de santé publique.
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) conseille de limiter la viande rouge à 500 g par semaine et de réduire la charcuterie à moins de 150 g hebdomadaires. Or, les enquêtes alimentaires montrent qu’une partie importante de la population dépasse encore ces repères.
Manger moins de viande, c’est bon pour tout et tout le monde !
Santé : moins de risques de maladies chroniques
De nombreuses études confirment le lien entre excès de viande rouge ou transformée et certaines pathologies comme les cancers colorectaux, les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2. Depuis 2015, l’OMS, via les données du CIRC (Centre International de Recherche pour le Cancer), classe la viande transformée comme cancérogène avéré et la viande rouge comme probablement cancérogène.
À l’inverse, les régimes riches en légumineuses, fruits, légumes et céréales complètes sont associés à un moindre risque de maladies chroniques.
Dans son avis de 2024, l’Anses reconnaît que le choix d’un régime végétarien est « associé à des effets bénéfiques », comme un risque plus faible de diabète de type 2 ou d’hypertension, mais souligne aussi que le poids des preuves reste faible pour certaines associations. Elle rappelle enfin que ces régimes nécessitent une attention particulière pour éviter les carences, notamment en vitamine B12, fer ou oméga-3.
Climat : un levier puissant contre les émissions
Côté environnement, le constat est tout aussi clair. L’élevage pèse lourd. Selon la FAO (Food and Agriculture Organisation), il représente 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Produire 1 kilo de bœuf émet en moyenne 20 à 30 kilos de CO₂ équivalent, contre seulement 1 à 2 kilos pour des légumineuses comme les lentilles ou les pois chiches, selon l’analyse de Poore et Nemecek.
En France, le Haut Conseil pour le climat rappelle que la réduction de la consommation de produits animaux constitue l’un des leviers majeurs pour atteindre les objectifs climatiques. Ses rapports soulignent qu’une baisse de 30 à 50 % de la viande, compensée par des végétaux, pourrait réduire l’empreinte carbone alimentaire de façon significative.
Sans avancer de chiffre unique, les experts estiment que ce geste équivaut à plusieurs millions de tonnes de CO₂ évitées chaque année.
Que disent les dernières recommandations scientifiques ?
La commission EAT-Lancet a publié le 3 octobre 2025 une mise à jour de son rapport de 2019. Son constat est sans appel, adopter un « régime santé planétaire », majoritairement végétal, pourrait éviter jusqu’à 15 millions de décès prématurés par an dans le monde et limiter considérablement la pression sur les ressources naturelles.
Il ne s’agit pas d’interdire la viande, mais de la remettre à sa juste place, celle d’un aliment occasionnel. Le rapport propose un maximum d’environ 14 g de viande rouge par jour, contre près de 100 g actuellement dans les pays occidentaux. Les protéines proviendraient majoritairement de légumineuses, noix, graines et céréales complètes.
Manger moins de viande en France, est-ce réaliste ?
Changer nos habitudes alimentaires n’est pas simple. La viande fait partie intégrante de notre culture culinaire. Mais les mentalités évoluent. Selon un sondage Ifop de 2024, près d’un Français sur deux a déjà réduit sa consommation de viande, pour des raisons de santé, de budget ou d’environnement.
Les alternatives végétales gagnent aussi du terrain. Les ventes de légumineuses ont augmenté de 30 % en cinq ans selon l’Insee, et les cantines scolaires servent désormais au moins un repas végétarien par semaine, mesure introduite en 2019 par la loi Egalim et prolongée depuis.
Quels risques et précautions à prendre ?
Passer à un régime plus végétal ne s’improvise pas. Il faut veiller à :
- Vitamine B12 : uniquement présente dans les produits animaux, elle doit être supplémentée pour les végétariens stricts et véganes.
- Fer : le fer végétal est moins bien absorbé que celui de la viande. L’associer à des aliments riches en vitamine C (agrumes, poivrons, persil) améliore son assimilation.
- Protéines : combiner légumineuses et céréales permet de couvrir les besoins en acides aminés.
L’Anses rappelle qu’un régime végétarien équilibré est compatible avec une bonne santé, y compris chez l’enfant, mais il demande de la vigilance et une bonne information. De préférence, adoptez un régime méditérranéen.
Ce mode d’alimentation, riche en légumes, fruits, huile d’olive, poisson et faible en viande rouge, a été reconnu par l’Unesco comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité et reste l’un des modèles alimentaires les plus protecteurs pour la santé.
À SAVOIR
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) chaque portion de 50 g de viande transformée consommée quotidiennement augmente le risque de cancer colorectal de 18 %.







