Une femme allongée dans son lit souffrant de troubles du sommeil, signe annonciateur d'Alzheimer.
8% des français de plus de 65 ans seraient atteints d'Alzheimer en France. © Adobe Stock

Et si votre sommeil en disait long sur votre cerveau ? Insomnies, cauchemars, troubles de la vision… Ces signes, souvent anodins, pourraient en réalité annoncer la maladie d’Alzheimer bien avant les premières pertes de mémoire. De nouvelles études révèlent que notre façon de dormir, notre vue et même certains médicaments influencent le risque de développer cette maladie. Décryptage.

La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative qui touche près d’un million de personnes en France. Elle est généralement diagnostiquée tardivement, lorsque les pertes de mémoire et les troubles cognitifs deviennent trop marqués pour être ignorés. Pourtant, des recherches récentes montrent que certains signes avant-coureurs pourraient apparaître bien plus tôt, parfois des années avant le diagnostic officiel.

Des troubles du sommeil persistants, des anomalies visuelles inexpliquées et même la prise de certains médicaments pourraient être des indicateurs précoces de la maladie. Longtemps considérés comme anodins ou liés au vieillissement naturel, ces symptômes pourraient en réalité être les premiers signaux d’alerte envoyés par le cerveau.

Les troubles du sommeil, premiers signaux d’alerte ?

La maladie d’Alzheimer est généralement associée aux pertes de mémoire et aux troubles cognitifs. Pourtant, bien avant ces signes caractéristiques, des perturbations du sommeil pourraient révéler un risque accru de développer la maladie. Selon plusieurs études, les personnes qui souffrent de troubles du sommeil chroniques (insomnies, réveils nocturnes fréquents, cauchemars récurrents) pourraient être plus susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer.

Pourquoi ? Le sommeil permet d’éliminer les déchets toxiques du cerveau. Notamment les fameuses protéines bêta-amyloïdes, impliquées dans la formation des plaques caractéristiques de la maladie. Une mauvaise qualité de sommeil empêche ce « nettoyage cérébral » et favorise ainsi l’accumulation de ces protéines et accélère la dégénérescence neuronale.

D’ailleurs, des recherches ont démontré que les anomalies du sommeil peuvent précéder de plusieurs années l’apparition des troubles cognitifs. Une étude menée par l’Université de Boston a révélé que les personnes dormant moins de six heures par nuit présentent un risque accru de développer la maladie.

Des cauchemars fréquents, un signe avant-coureur ?

Un autre élément intrigant concerne la fréquence des cauchemars et des rêves agités. Des chercheurs ont établi un lien entre les rêves anormalement vifs ou effrayants et un risque accru de démence. 

Chez certains patients, ces cauchemars pourraient être le premier signe détectable d’un déclin cognitif.

Pourquoi la vision est-elle affectée ?

Lorsque l’on parle d’Alzheimer, on pense immédiatement aux pertes de mémoire. Pourtant, les premiers symptômes peuvent aussi être d’ordre visuel. La maladie d’Alzheimer ne touche pas uniquement les régions du cerveau impliquées dans la mémoire. Elle altère également le cortex visuel, impactant ainsi la perception des formes, des distances et des couleurs.

Des patients en début de maladie peuvent ainsi avoir des difficultés à lire, à évaluer les reliefs ou encore à distinguer des objets dans un environnement encombré. Ces troubles peuvent parfois être confondus avec des problèmes ophtalmologiques classiques, retardant le diagnostic.

Quels signes doivent alerter ?

Certains troubles visuels peuvent être des marqueurs précoces de la maladie d’Alzheimer :

  • Difficulté à reconnaître les visages, même familiers
  • Problèmes d’orientation spatiale, augmentation des chutes
  • Confusion entre certaines couleurs
  • Difficulté à suivre un objet en mouvement

Un test ophtalmologique approfondi pourrait donc, à l’avenir, permettre une détection plus précoce de la maladie.

Les médicaments impliqués dans le risque de démence

Un autre facteur à surveiller : la prise de certains médicaments qui pourraient favoriser l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou accélérer son développement. Les chercheurs ont mis en évidence le rôle de certaines molécules dites « anticholinergiques », présentes dans plusieurs classes de médicaments, notamment :

  • Les somnifères et anxiolytiques.
  • Certains antihistaminiques.
  • Des antidépresseurs.
  • Des médicaments prescrits contre l’incontinence urinaire.

Ces substances agissent en bloquant l’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel pour la mémoire et l’apprentissage. Or, une baisse prolongée de l’acétylcholine pourrait favoriser ou accélérer le déclin cognitif.

Un risque sous-estimé par les patients ?

De nombreuses personnes âgées consomment ces médicaments sans être informées des risques potentiels. Une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) a révélé que les personnes exposées à ces traitements pendant plus de trois ans avaient un risque de démence accru de 54 %.

Face à ces résultats, les médecins encouragent une évaluation régulière des traitements médicamenteux chez les patients âgés.

Ces nouvelles découvertes ouvrent des perspectives inédites pour un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, les troubles de la mémoire restent l’indicateur principal, mais les recherches montrent que le sommeil, la vision et les traitements médicamenteux doivent être pris en compte bien plus tôt.

Si vous constatez des troubles du sommeil persistants, des cauchemars fréquents, des difficultés visuelles inexpliquées ou si vous prenez des médicaments à risque, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Une prise en charge précoce peut permettre de ralentir l’évolution de la maladie et d’adopter des stratégies préventives adaptées.

À SAVOIR 

Selon l’Inserm, dormir au moins 7 heures par nuit, adopter des horaires réguliers et favoriser un sommeil de qualité (en limitant la lumière bleue et en évitant la caféine en soirée) pourrait réduire le risque de démence à long terme.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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