Vous faites des cauchemars ? Les créations de notre cerveau durant notre sommeil sont souvent le reflet de notre quotidien. Alors comme celui-ci, nos nuits ne sont pas toujours toutes roses et les rêves laissent parfois place aux cauchemars, qui touchent aussi bien les enfants que les adultes. Mais pourquoi sommes-nous victimes de terreurs nocturnes ? Quelles sont les causes de ces cauchemars répétitifs ? Que révèlent-ils ? Les explications du Dr Bertrand de la Giclais, médecin du sommeil à Annecy, en Haute-Savoie, sur un phénomène propre à… hanter nos nuits.
Un cauchemar peut nous secouer au point de nous réveiller, laissant derrière lui une impression de peur et d’angoisse susceptible de persister même après le réveil. Les cauchemars induisent un niveau de stress important, parfois au point d’engendrer une transpiration excessive, même pendant notre sommeil.
En règle générale, les cauchemars surviennent à la suite de périodes de stress et d’anxiété, qu’elles soient récentes ou lointaines. Cependant, les émotions intenses ne sont pas les seules responsables des cauchemars : un trouble du sommeil, la consommation d’alcool et certains médicaments peuvent également avoir un effet similaire. Le point avec le Dr Bertrand de la Giclais, responsable du centre du sommeil de la Clinique d’Argonay, à Annecy (Haute-Savoie).
Le cauchemar de long en large
Comment l’identifier ?
Un cauchemar est un type de rêve désagréable, effrayant ou perturbant qui se produit pendant le sommeil. Contrairement aux rêves ordinaires, qui peuvent être neutres, agréables ou fantastiques, les cauchemars suscitent souvent des émotions négatives telles que la peur, l’anxiété, la terreur ou le désespoir. Ces rêves semblent très réels et immersifs, ce qui peut provoquer un réveil soudain ou agité.
À quel moment surviennent les cauchemars ?
Les cauchemars surviennent le plus souvent pendant la phase de sommeil paradoxal, également appelée phase REM (Rapid Eye Movement), qui est caractérisée par des mouvements oculaires rapides et une activité cérébrale intense. Les cauchemars peuvent cependant aussi apparaître en sommeil let profond cependant. C’est pendant cette phase que le cerveau traite les émotions, les expériences vécues et les souvenirs, ce qui peut expliquer pourquoi les cauchemars sont souvent associés à des événements stressants ou traumatisants.
Des chercheurs britanniques ont récemment découvert que les nuits de neuf heures et plus sont associées à un risque accru de cauchemars, car elles prolongent la durée du sommeil paradoxal.
La diversité des cauchemars : révélateurs de nos peurs intimes
Ces mauvais rêves peuvent prendre diverses formes et peuvent impliquer toutes sortes de situations effrayantes ou menaçantes. Par exemple, ils peuvent inclure des scénarios de poursuite, d’attaque, de perte de contrôle, de mort imminente ou de gêne horrible. Les contenus des cauchemars sont variés et reflètent les préoccupations, les peurs ou les angoisses personnelles du rêveur.
Quelles dont les causes des cauchemars ?
Les cauchemars ne sont pas anodins, surtout quand ceux-ci deviennent de plus en plus récurrent.
Stress et anxiété en première ligne
Le stress et l’anxiété sont parmi les déclencheurs les plus courants de ces terreurs nocturnes. Les soucis quotidiens, les problèmes relationnels, les pressions au travail ou à l’école peuvent tous contribuer à des niveaux de stress élevés, ce qui peut se manifester dans les rêves sous forme donc, de cauchemars.
De plus, les changements significatifs dans la vie, tels que déménager dans un nouvel endroit, changer d’emploi ou subir une perte importante, peuvent également déclencher des cauchemars en réveillant des émotions refoulées ou en générant de nouvelles angoisses.
Gare aux traumatismes passés
Les personnes ayant vécu des événements traumatisants sont susceptibles d’avoir des cauchemars récurrents liés à ces expériences. Ces cauchemars peuvent être une manière pour le cerveau de traiter le traumatisme et d’essayer de le comprendre. Les souvenirs traumatisants sont alors stockés dans la mémoire à long terme et réactivés pendant le sommeil, ce qui peut conduire à la répétition des cauchemars liés à l’événement traumatique.
De plus, les cauchemars post-traumatiques sont parfois associés au trouble de stress post-traumatique (TSPT), une condition qui survient chez certaines personnes après avoir vécu ou été témoins d’un événement traumatisant. Les personnes atteintes de TSPT peuvent revivre l’événement traumatique à travers des cauchemars et des flashbacks pendant le sommeil, entrainant des difficultés à s’endormir et des réveils fréquents.
Les cauchemars post-traumatiques interfèrent avec la qualité du sommeil et le fonctionnement quotidien d’une personne. Ils peuvent également aggraver les symptômes du TSPT, comme l’anxiété, l’hypervigilance et les flashbacks éveillés.
Les nuits agitées propices aux cauchemars
Troubles du sommeil, un facteur favorisant
Les personnes souffrant de troubles du sommeil, tels que l’insomnie, l’apnée du sommeil ou le syndrome des jambes sans repos, sont plus à risque de faire des cauchemars, en raison des perturbations dans leur cycle de sommeil en provoquant un regain d’anxiété.
Par exemple, l’insomnie peut entraîner une privation de sommeil et une fragmentation du sommeil, ce qui peut perturber les phases de sommeil paradoxal, pendant lesquelles les cauchemars surviennent généralement. De même, l’apnée du sommeil, caractérisée par des pauses respiratoires pendant le sommeil, peut provoquer des éveils fréquents et des réveils abrupts, favorisant ainsi l’apparition de cauchemars.
Le syndrome des jambes sans repos, qui se caractérise par des sensations désagréables dans les jambes pendant le repos, peut également perturber le sommeil et contribuer à l’apparition de cauchemars. Les personnes atteintes de ce syndrome peuvent être plus enclines à faire des cauchemars en raison de l’agitation nocturne et des difficultés à s’endormir.
Les médicaments et substances peuvent provoquer des cauchemars
Les médicaments sur ordonnance, tels que certains antidépresseurs, antipsychotiques, somnifères ou médicaments contre l’hypertension artérielle, peuvent avoir des effets secondaires qui incluent des cauchemars. Les traitements qui agissent sur les neurotransmetteurs du cerveau, tels que la sérotonine, la dopamine ou les neurotransmetteurs GABA, peuvent perturber le cycle de sommeil normal et augmenter le risque de cauchemars.
Les médicaments en vente libre, tels que certains antihistaminiques ou médicaments contre la toux et le rhume, peuvent également avoir des effets secondaires qui incluent des cauchemars. Ces médicaments peuvent contenir des ingrédients qui agissent sur le système nerveux central et peuvent perturber le sommeil.
En outre, certaines drogues récréatives, telles que la marijuana, la cocaïne, les amphétamines ou les hallucinogènes, peuvent altérer le fonctionnement normal du cerveau pendant le sommeil et augmenter le risque de cauchemars. Ces substances risquent de perturber les neurotransmetteurs du cerveau et modifier la perception sensorielle, ce qui peut se refléter dans les rêves et les cauchemars.
Même des substances courantes telles que l’alcool et la caféine sont susceptible d’avoir des effets sur le sommeil et augmenter le risque de cauchemars. L’alcool peut perturber à la fois le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal et augmenter l’activité onirique ainsi que l’anxiété, ce qui peut favoriser l’apparition de cauchemars. De même, la caféine peut stimuler le système nerveux central et perturber le sommeil, ce qui peut également augmenter le risque de cauchemars.
Cauchemars : gare aux tourments de l’esprit
Les troubles mentaux souvent responsables
Certains troubles mentaux, tels que le trouble de stress post-traumatique (TSPT), l’anxiété généralisée, la dépression ou les troubles dissociatifs, peuvent être associés à des cauchemars fréquents ou persistants.
L’anxiété généralisée est un autre trouble mental qui peut être associé à des cauchemars fréquents. Les personnes souffrant d’anxiété généralisée ont souvent des pensées incessantes et des préoccupations excessives, ce qui peut se refléter dans leurs rêves sous forme de scénarios angoissants ou de cauchemars liés à leurs peurs et leurs inquiétudes.
La dépression peut également être responsable de cauchemars fréquents. Les cauchemars dépressifs peuvent impliquer des thèmes sombres tels que la perte, l’échec ou l’isolement social, reflétant les sentiments de désespoir associés à la dépression. Les cauchemars sont susceptibles d’aggraver les symptômes dépressifs en perturbant le sommeil et en augmentant la détresse émotionnelle.
Enfin, les troubles dissociatifs, tels que le trouble dissociatif de l’identité (TDI), peuvent également être associés à des cauchemars. Les personnes atteintes de troubles dissociatifs peuvent avoir des cauchemars qui reflètent leurs expériences de dissociation ou de déconnexion avec la réalité, ce qui peut entraîner une détresse importante et une confusion sur l’identité personnelle.
Les émotions refoulées favorisent les cauchemars
Les cauchemars peuvent également être une manifestation des émotions refoulées ou non résolues, telles que la colère, la culpabilité, la honte ou la tristesse. Ces émotions peuvent se manifester dans les rêves sous forme de scénarios effrayants ou menaçants, reflétant les conflits internes et les luttes émotionnelles que nous éprouvons dans notre vie éveillée.
Par exemple, la colère refoulée peut se manifester dans les cauchemars sous forme de confrontations agressives, de violence ou de situations de danger imminent. De même, la culpabilité ou la honte peuvent générer des cauchemars dans lesquels nous sommes confrontés à nos erreurs passées ou à nos regrets, ou dans lesquels nous sommes jugés ou persécutés par d’autres.
La tristesse et le chagrin sont également susceptible d’être exprimés à travers des cauchemars qui mettent en scène des situations de perte, de deuil ou de séparation, qui peuvent évoquer des sentiments de douleur et de désespoir. Ces cauchemars peuvent être particulièrement difficiles à vivre et peuvent contribuer à une détresse émotionnelle accrue chez ces individus.
En outre, les cauchemars sont souvent influencés par des expériences passées, des souvenirs traumatiques ou des événements de la vie réelle qui ont laissé une empreinte émotionnelle profonde. Ces rêves sont un moyen de traiter ces expériences, en permettant au cerveau de revisiter et de retraiter les émotions associées à ces événements, ce qui peut parfois se manifester sous forme de cauchemars.
Comment lutter contre les cauchemars ?
Créer un cocon de sommeil serein
Bien que dépendant de notre volonté, il est possible de plus ou moins réguler les apparitions de nos terreurs nocturnes. Dans un premier temps veillez à créer un cocon agréable dans la chambre à coucher. Une ambiance apaisante rendra votre préparation au sommeil plus agréable. Évitez les stimuli perturbateurs comme la lumière bleue des écrans avant le coucher, les vidéos rapides et stressantes.
N’hésitez pas à pratiquer de la méditation, du yoga ou des exercices de respiration pour vous détendre. Le stress joue un rôle dans l’apparition des cauchemars et peut-être régulé !
Un rituel du coucher pour un sommeil paisible
Faire surtout un bon rituel du coucher. On se lave les dents et on se met en tenue de nuit au dernier moment, le tout suivi d’une lecture non stressante (éviter les romans policiers au coucher) d’un bon livre de chevet pendant 10 à 15 mn maximum qui permettre de chasser les idées toxiques de la période d’endormissement qui s’ensuit. Des séances de sophrologie peuvent être sultaires chez les personnes stressées.
Si malgré vos efforts pour améliorer la qualité de votre sommeil, vos nuits restent toujours agitées et perturbées par des cauchemars récurrents, il est important de ne pas hésiter à consulter un professionnel de la santé. Un médecin ou un spécialiste des troubles du sommeil pourra évaluer votre situation de manière approfondie et vous proposer des solutions adaptées. Dans certains cas, des médicaments peuvent être prescrits pour favoriser un sommeil plus profond et plus calme, si les autres solutions n’ont pas été efficaces.
À SAVOIR
Comme les rêves, les cauchemars peuvent avoir des significations. Par exemple, rêver que vous avez raté un événement important, comme un voyage ou une réunion, est potentiellement le signe que vous vous sentez incapable d’accomplir une tâche ou que vous avez peur d’échouer. « Rêver » de perdre ses dents serait lié à des problèmes d’estime de soi, d’insécurité. À prendre à la légère bien entendu !