Le cancer du côlon, longtemps considéré comme une maladie de “quinqua”, frappe de plus en plus de jeunes adultes. Et une découverte récente pourrait bien changer notre regard sur les causes de cette pathologie. Au cœur de cette nouvelle piste : une toxine bactérienne sournoise, acquise dès l’enfance. On vous explique.
C’est un constat qui inquiète les médecins et interpelle les chercheurs : le cancer du côlon, troisième cancer le plus fréquent en France, progresse chez les moins de 50 ans. Et pas qu’un peu. Les statistiques montrent une hausse de près de 70 % des cas chez les jeunes adultes depuis les années 1990.
Alors que se passe-t-il ? Pourquoi cette génération, censée être “en pleine forme”, est-elle touchée si tôt ? Une étude internationale récente pointe du doigt une suspecte inattendue : une toxine libérée par certaines bactéries intestinales, contractée dès le plus jeune âge.
Le cancer du côlon, une maladie de plus en plus précoce
Traditionnellement associé à l’âge mûr, le cancer colorectal fait aujourd’hui parler de lui chez les trentenaires, voire les vingtenaires. Une tendance mondiale qui ne cesse de croître.
Selon Santé Publique France, ce type de cancer est diagnostiqué chaque année chez plus de 43 000 personnes dans l’Hexagone, et représente la deuxième cause de décès par cancer. Mais ce qui alarme les experts, c’est l’âge des patients. Le nombre de cas chez les moins de 50 ans a doublé en deux décennies.
Mais alors, quelles sont les causes du cancer du côlon ?
Une piste bactérienne sérieuse : la colibactine
La colibactine, ça ne vous dit rien ? Cette toxine produite par certaines souches d’Escherichia coli (oui, la fameuse E. coli souvent accusée lors d’intoxications alimentaires) pourrait être à l’origine de mutations de l’ADN favorisant l’apparition de tumeurs.
Une étude publiée le 23 avril 2025 dans Nature révèle que cette toxine laisse une “empreinte génétique” spécifique sur les cellules du côlon. Et devinez quoi ? On la retrouve trois fois plus souvent chez les jeunes adultes atteints de cancer du côlon que chez les personnes âgées.
Les chercheurs, pilotés par le Dr Ludmil Alexandrov de l’Université de Californie à San Diego, ont passé au crible les génomes de 1 000 patients issus de 11 pays. Leur verdict : la colibactine serait responsable de dommages cellulaires précoces, survenant parfois avant l’âge de 10 ans.
L’infection, une affaire d’enfance
Mais comment une infection si ancienne pourrait-elle poser problème trente ans plus tard ? C’est là que le rôle du microbiote entre en jeu. Lors de la petite enfance, période où notre flore intestinale se forme, certains événements comme une naissance par césarienne, la prise répétée d’antibiotiques ou une alimentation déséquilibrée pourraient favoriser l’implantation de bactéries E. coli productrices de colibactine.
Et une fois installées, ces bactéries peuvent causer des micro-inflammations répétées du côlon, induisant des mutations ADN qui, à long terme, dégénèrent en cellules cancéreuses.
Mode de vie moderne et terrain favorable
Au-delà de cette toxine, d’autres facteurs environnementaux sont aussi sur la sellette : alimentation ultra-transformée, sédentarité, obésité… Tous ces éléments perturbent l’équilibre du microbiote intestinal, déjà fragilisé.
Résultat : un terrain propice au développement de pathologies digestives, dont le cancer colorectal.
Et maintenant, on fait quoi ?
Pas de panique, on ne parle pas ici d’une condamnation à mort pour tous les enfants porteurs de cette bactérie. Mais cette découverte ouvre une piste précieuse : celle d’un dépistage plus précoce et ciblé, notamment pour les personnes ayant eu des troubles digestifs chroniques dans l’enfance.
À terme, des tests permettant de détecter la signature génétique de la colibactine pourraient être développés, pour identifier les sujets à risque bien avant l’apparition des premiers symptômes.
À SAVOIR
Quand l’intestin est souvent enflammé, comme dans la colite ou la maladie de Crohn, il devient plus fragile. Cela permet à des toxines comme la colibactine de pénétrer plus facilement et d’abîmer les cellules, ce qui peut favoriser le cancer du côlon.
Il semble que l’origine de nombreuses maladies soient toujours aussi incertaine … d’où de nombreuses hypothèses , suppositions , possibilités pour les soigner , en guerir…. Ainsi sommes nous parfois victimes de soins erronés… voir même nocifs… C’est la vie !