Pratiques et accessibles, les aliments ultra-transformés occupent une place croissante dans notre alimentation. Mais derrière leur apparente innocuité, les études s’accumulent et pointent un risque accru de maladies chroniques. Décryptage.
Sodas, plats préparés, céréales du petit-déjeuner, pains de mie industriels, charcuteries reconstituées… Aujourd’hui, près de 30 % des calories consommées en France proviennent d’aliments ultra-transformés. Derrière cette appellation se cachent des produits dont la composition a été profondément modifiée par des procédés industriels : raffinage, hydrogénation, extrusion, ajout d’additifs comme des conservateurs, des arômes artificiels ou des émulsifiants.
L’objectif de ces transformations ? Améliorer la conservation, le goût, la texture, et surtout réduire les coûts de production. Mais en modifiant la structure des aliments et en y incorporant des substances absentes des produits bruts, l’industrie agroalimentaire a créé des produits qui, bien que séduisants sur le plan gustatif, pourraient avoir des effets délétères sur la santé.
Un lien avéré avec plusieurs maladies chroniques
Si la malbouffe est régulièrement pointée du doigt, les aliments ultra-transformés semblent poser un problème bien plus profond que leur simple composition nutritionnelle déséquilibrée. Ces dernières années, plusieurs grandes études épidémiologiques ont mis en lumière des liens entre leur consommation et le développement de pathologies graves.
Une étude de l’INSERM publiée dans le British Medical Journal a ainsi démontré qu’une augmentation de 10% de la part d’aliments ultra-transformés dans l’alimentation entraînait une hausse de 12 % du risque de maladies cardiovasculaires. Un constat alarmant, d’autant plus que ces produits sont souvent riches en sucres ajoutés, en graisses de mauvaise qualité et en sel. Trois éléments impliqués dans le développement de l’hypertension et des troubles métaboliques.
Le diabète de type 2 est également concerné. En favorisant les pics de glycémie et en perturbant la régulation de l’insuline, ces aliments augmentent le risque d’insulino-résistance et donc de diabète. Une consommation excessive a également été associée à une prise de poids rapide et durable, contribuant directement à l’épidémie d’obésité qui touche de plus en plus de pays industrialisés.
Plus inquiétant encore, une étude menée sur 100 000 participants par l’INSERM et l’université Sorbonne Paris Nord a mis en évidence une corrélation entre la consommation d’aliments ultra-transformés et une augmentation du risque de certains cancers, notamment le cancer colorectal et le cancer du sein.
Pourquoi ces aliments sont-ils si nocifs ?
Ce qui pose problème, ce n’est pas seulement la qualité nutritionnelle souvent médiocre des aliments ultra-transformés, mais aussi leur composition et leurs effets sur l’organisme.
D’abord, leur densité calorique élevée et leur faible teneur en fibres favorisent une surconsommation. Ce qui dérègle les signaux de satiété et contribue au surpoids. Ensuite, la présence massive d’additifs, comme certains émulsifiants et édulcorants, pourrait perturber le microbiote intestinal et favoriser des processus inflammatoires chroniques impliqués dans le développement de nombreuses maladies.
Enfin, des chercheurs s’intéressent de plus en plus à leur potentiel effet addictif. Conçus pour être particulièrement savoureux, ces aliments suractivent le système de récompense du cerveau. Ce qui incite à en manger toujours plus, au détriment d’une alimentation plus équilibrée et diversifiée.
Faut-il les bannir totalement ?
Difficile aujourd’hui d’éviter complètement les aliments ultra-transformés, tant ils sont ancrés dans nos modes de consommation. Pour autant, les experts s’accordent à dire qu’une réduction significative de leur présence dans l’alimentation quotidienne pourrait avoir un impact positif sur la santé publique. Adopter quelques réflexes simples permet de limiter leur consommation. En premier lieu, lisez attentivement les étiquettes.
- Une liste d’ingrédients longue et incompréhensible est souvent un indicateur de transformation excessive.
- Privilégier les produits bruts et faits maison reste la meilleure alternative.
- Cuisiner soi-même permet de maîtriser les ingrédients utilisés et d’éviter les additifs.
- S’aider d’outils comme le Nutri-Score et le score Nova (classification des aliments selon leur degré de transformation) permet d’identifier les produits les moins transformés et de faire des choix plus éclairés.
Vers une prise de conscience collective ?
Face à l’accumulation des preuves scientifiques, les autorités de santé commencent à s’emparer du sujet. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a récemment souligné l’urgence de mener davantage d’études pour comprendre précisément l’impact des aliments ultra-transformés sur l’organisme.
En attendant, la prudence reste de mise. Si ces produits ne sont pas toxiques à proprement parler, leur consommation excessive est clairement associée à un risque accru de maladies chroniques. Plutôt que de les diaboliser, il s’agit d’en limiter la place dans l’assiette et de favoriser une alimentation plus équilibrée.
À SAVOIR
La classification NOVA classe les aliments en quatre groupes selon leur degré de transformation, des aliments bruts aux ultra-transformés (plats préparés, sodas, céréales sucrées). La classification SIGA, plus récente, affine NOVA en intégrant la qualité nutritionnelle et la présence d’additifs controversés.