Une femme atteinte de catatonie en pleine crise.
Les symptômes du syndrome de catatonie sont généralement des idées délirantes (ruine, négation d'organes, culpabilité pathologique) et parfois des hallucinations. © Adobe Stock

La catatonie est un trouble qui intrigue autant qu’il inquiète. Ce syndrome rare, souvent associé à des maladies psychiatriques, se manifeste par des comportements figés ou, au contraire, une agitation extrême. Mais qu’est-ce qui peut bien provoquer un tel état ? On fait le point. 

La catatonie est un syndrome complexe qui affecte le comportement moteur et mental. Elle peut se manifester de différentes manières, allant d’une immobilité totale (comme si la personne était “figée”) à des gestes répétitifs ou une agitation incontrôlable. Ces symptômes peuvent être associés à des troubles psychiatriques, neurologiques ou même médicaux.

Les premiers cas de catatonie ont été décrits au XIXe siècle par le psychiatre allemand Karl Kahlbaum, mais aujourd’hui encore, elle reste un mystère en partie non élucidé. Une chose est sûre : ce syndrome ne se résume pas à une simple “absence”. La catatonie est un état grave qui nécessite une prise en charge rapide.

Troubles psychiatriques : la cause principale

Bien que la catatonie puisse sembler étrange et énigmatique, ses causes sont mieux comprises qu’autrefois. Dans la majorité des cas, la catatonie est liée à des troubles psychiatriques, en particulier :

  • La schizophrénie : historiquement, la catatonie a été associée à ce trouble. Cependant, on sait aujourd’hui qu’elle ne concerne qu’une minorité de personnes schizophrènes (environ 10 à 15 % selon Santé Publique France).
  • Les troubles de l’humeur : la dépression sévère (notamment avec des symptômes psychotiques) et le trouble bipolaire peuvent également provoquer des états catatoniques. Une étude publiée dans la revue Acta Psychiatrica Scandinavica a montré que près de 20 % des épisodes catatoniques sont liés à des troubles de l’humeur.

Les mécanismes sous-jacents restent flous, mais il semble que ces troubles affectent les circuits cérébraux impliqués dans le contrôle des mouvements et des émotions.

Des facteurs neurologiques

Certains troubles neurologiques peuvent aussi provoquer une catatonie.

  • Les épilepsies : Dans certains cas, des crises épileptiques, notamment au niveau du lobe frontal, peuvent entraîner des épisodes catatoniques.
  • Les encéphalites : Ces inflammations du cerveau, parfois causées par des infections, peuvent altérer le fonctionnement des zones cérébrales impliquées dans le mouvement et la conscience.
  • La maladie de Parkinson : Bien que rare, la catatonie a été observée chez des patients atteints de maladies neurodégénératives.

Ces causes neurologiques sont souvent détectées grâce à des examens complémentaires comme l’IRM ou l’EEG (électroencéphalogramme). 

Les autres facteurs plus rares

Certaines maladies physiques ou déséquilibres métaboliques peuvent également entraîner des symptômes catatoniques :

  • Carences sévères : une carence en vitamine B12, par exemple, peut provoquer des troubles neurologiques graves, dont la catatonie.
  • Troubles endocriniens : des déséquilibres hormonaux, comme une hypothyroïdie sévère, sont parfois en cause.
  • Infections graves : des états infectieux graves comme le sepsis ou des infections comme le VIH peuvent déclencher des symptômes catatoniques.

L’effet de certaines substances ou médicaments

L’exposition à certaines substances peut également provoquer une catatonie. 

  • Les médicaments psychiatriques : paradoxalement, certains neuroleptiques (utilisés pour traiter les troubles psychiatriques) peuvent entraîner des épisodes catatoniques en cas de mauvais dosage ou d’effet secondaire rare.
  • Les substances toxiques : la consommation de drogues comme les amphétamines ou le LSD peut aussi induire des symptômes similaires.

Comment diagnostiquer les causes de la catatonie ?

Diagnostiquer la catatonie et en identifier la cause n’est pas une tâche facile. Les médecins procèdent généralement par étapes.

  • Observation clinique : l’évaluation des symptômes est essentielle. Les signes comme l’immobilité, l’écholalie (répétition des mots d’autrui) ou la catalepsie (rigidité des membres) orientent le diagnostic.
  • Recherches d’antécédents : les troubles psychiatriques ou neurologiques sous-jacents doivent être explorés.
  • Examens complémentaires : analyses de sang, imagerie cérébrale et autres tests permettent d’éliminer des causes médicales ou toxiques.

Peut-on prévenir la catatonie ?

Malheureusement, il n’existe pas de prévention spécifique contre la catatonie. Cependant, une prise en charge rapide des troubles psychiatriques, neurologiques ou médicaux sous-jacents peut réduire le risque d’épisodes catatoniques.

Si vous remarquez des comportements étranges ou inquiétants chez un proche (immobilité, mutisme soudain, gestes répétitifs), il est essentiel de consulter rapidement un médecin.

À SAVOIR

Le lorazépam est un traitement bien établi pour les états catatoniques, utilisés en psychiatrie et en neurologie. La possibilité de l’administrer par injection est essentielle, car la catatonie touche près de 1 personne sur 10 souffrant de troubles mentaux graves au moins une fois dans sa vie.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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