Ils n’ont pas de blouse blanche, mais un nez rouge, et pourtant leur rôle à l’hôpital est pris très au sérieux. Depuis 30 ans, les Docteurs Clowns sèment rires et légèreté dans les services pédiatriques de la région lyonnaise. À l’occasion de cet anniversaire haut en couleur, le Pr Olivier Claris, vice-président de l’association et récemment élu président de l’école Rockefeller, revient sur l’impact de ces clowns pas comme les autres, sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 6 mai 2025.
Fondée en 1995 par Mireille Imbaud, infirmière en pédiatrie, l’association Docteur Clown a pour mission d’apporter bonheur et rire aux enfants hospitalisés. Chaque année, ses 18 clowns professionnels interviennent dans 45 services pédiatriques de la région, offrant plus de 120 prestations mensuelles entièrement financées par des dons et du mécénat.
À l’occasion de son 30e anniversaire, célébré le 15 mai, le professeur Olivier Claris, vice-président de l’association et ancien chef du service de néonatologie de l’Hôpital de la Croix-Rousse, partage son regard sur l’évolution de Docteur Clown et les enjeux futurs sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 6 mai 2025.
Docteur Clown fête ses trente ans le 15 mai !
Quel bilan de ce mouvement docteur clown ?
Aujourd’hui, les clowns interviennent dans de nombreux hôpitaux de Lyon et de sa région : les Hospices Civils de Lyon (HCL), les Massues, Romans Ferrari à Miribel… Il y a aussi des antennes à Bourg-en-Bresse, Villefranche-sur-Saône, Saint-Étienne, et au Centre Léon Bérard, le centre de lutte anti-cancer de Lyon. On a donc une belle couverture, avec des équipes de professionnels qui préparent leurs interventions par paires. Notion importante car certaines situations sont complexes et se doivent d’être gérées à deux.
L’association a donc beaucoup progressé depuis sa fondation par Mireille Imbaud en 1995.
Le rire peut-il être un remède pour les enfants malades ?
Oui ! Le succès est évident, que ce soit pour les enfants, les parents ou les soignants. C’est une prestation attendue, et vraiment extraordinaire.
Quand on m’a proposé l’arrivée des clowns en néonatologie, j’étais un peu inquiet. Les bébés ne savent pas rire et communiquent très peu. Et pourtant, j’ai vu tout ce que ces professionnels peuvaient apporter. Je garde en tête quelques regards d’enfants absolument merveilleux, y compris des tout-petits.
Je pense notamment à une petite fille prématurée. Elle fixait les clowns avec un regard extrêmement brillant, pour la plus grande joie de ses parents.
Comment se porte l’association, à l’aube de son 30ème anniversaire ?
Nous avons une présidente très dynamique, avec une équipe dévouée. Dans ce genre d’association, le mécénat et les dons sont essentiels. Sans dons, pas de clowns. Et sans clowns, pas de rires à l’hôpital.
Cette année, 800 personnes sont attendues pour l’événement. C’est un vrai succès, qui montre combien le sujet de l’enfant à l’hôpital touche. Beaucoup de parents ont déjà vécu une hospitalisation. Alors, quand la prestation est reconnue, cela aide à mobiliser de généreux donateurs.
Quels vont être les grands enjeux de votre mandat à la présidence de l’école Rockefeller ?
D’abord, maintenir l’équilibre financier. L’école Rockefeller est privée, elle vit des inscriptions mais aussi des subventions de la région. Pour les obtenir, il faut garder une école dynamique, attractive, où les étudiants sont satisfaits.
Ensuite, l’universitarisation des métiers de santé non médicaux. On en discute déjà avec le président de l’université, qui est déjà en phase avec ce point.
Dernier enjeu, trouver des terrains de stage suffisants et de qualité. Nos élèves travailleront dans la petite enfance, avec de vraies responsabilités. Il faut donc une formation rigoureuse et pour cela il faut des stages de qualité. On va donc renforcer notre partenariat avec les HCL et consolider celui avec le service de santé des armées.
Pr Olivier Claris : “l’attractivité des métiers de la santé pose problème”
Les crises des vocations du secteur du soins touchent-elles aussi l’école rockefeller ?
Oui. Certaines années, on a un peu moins d’inscriptions. Pour la rentrée 2025-2026, ça se présente bien. Mais c’est vrai qu’en France, l’attractivité des métiers de la santé pose problème, pour les médecins comme pour les autres. Les sages-femmes semblent un peu moins touchées.
Cela s’explique sûrement par la charge de travail, les salaires… Travailler deux week-ends par mois, en horaires décalés, ce n’est pas évident.
Quelles solutions entrevoyez-vous, en tant qu’école notamment ?
On peut accompagner les étudiants de façon assez individualisée, malgré leur nombre. Leur faire comprendre, avec bienveillance, qu’ils vont faire un métier remarquable.
La qualité de l’accueil et du management compte aussi. Ça ne changera pas les conditions de travail, mais quand on vous dit bonjour le matin, qu’on vous remercie, qu’on essaie d’arranger les plannings… c’est très apprécié par les équipes.
Le statut d’infirmier en pratique avancée se veut-il être un moyen de rendre la profession plus attractive ?
La profession infirmière offre un champ d’activité très large et évolutif tout au long de la carrière. Les infirmiers en pratique avancée, qui suivent une formation diplômante spécifique, assument de vraies responsabilités. Dans un contexte de pénurie médicale, ou dans certaines zones sans médecins, leur complémentarité avec les médecins devient indispensable. Encore faut-il que certains confrères acceptent de mettre de côté une part de conservatisme et reconnaissent que nous sommes plusieurs à pouvoir agir dans l’intérêt des patients.
Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 6 mai 2025 sur Ma Santé TV.
À SAVOIR
Selon une étude menée par le CHU de Montpellier en partenariat avec l’Inserm, la présence de clowns hospitaliers permet de réduire significativement l’anxiété des enfants avant une intervention chirurgicale. Les résultats publiés en 2011 montrent une baisse de la fréquence cardiaque et du niveau de cortisol salivaire chez les jeunes patients accompagnés par un clown avant une opération, par rapport à ceux qui n’en bénéficiaient pas.