Le sommeil, sujet incontournable et souvent mal compris, est entouré de nombreuses idées reçues. Faut-il vraiment dormir avant minuit ? La pleine lune influence-t-elle nos nuits ? Les séniors ont-ils besoin de moins dormir ? Le Dr Marc Rey, neurologue et président de l’Institut du sommeil et de la vigilance (INSV) démêle le vrai du faux sur les mythes les plus courants, pour nous aider à mieux comprendre ce qui impacte réellement la qualité de notre repos.
Les humains passent un tiers de leur vie à dormir, une activité indispensable pour le développement, la mémoire, le métabolisme et l’immunité. Alors forcément, cette activité nocturne vitale est bien souvent entouré d’idées reçues, et ce à l’heure où un adulte sur deux rapporte des problèmes de sommeil au cours de la semaine selon l’Inserm. Le Dr Marc Rey, neurologue et spécialiste du sommeil depuis plus de 30 ans, fait le point sur les vérités scientifiques et les croyances populaires pour votre santé.
Le sommeil avant minuit est plus reposant
VRAI ET FAUX : On dit souvent que le sommeil avant minuit est plus réparateur, mais ce n’est que partiellement vrai. Ce mythe est utile pour encourager les enfants à se coucher tôt. Le sommeil se divise en plusieurs cycles qui sont constitués de sommeil lent et de sommeil paradoxal dont la proportion varie au cours de la nuit.
Les premières heures habituelles sont dominées par le sommeil lent, tandis que la fin de la nuit est marquée par le sommeil paradoxal, essentiel pour la mémoire et les rêves. Lors d’un coucher inhabituellement tardif (après minuit), nous faisons moins de sommeil lent et plus de sommeil paradoxal et une dette de sommeil lent se constitue. Ainsi les travailleurs de nuit ne peuvent pas récupérer leur dette de sommeil en dormant le jour, mais lors des nuits non travaillées.
Dormir une heure de moins par nuit, ce n’est pas grave
FAUX : Même perdre une heure de sommeil peut nuire à la mémoire, à l’humeur, au jugement et même au système immunitaire. Voilà pourquoi il est important de respecter ses besoins de sommeil, surtout en cas de maladie, car le corps a alors besoin de toutes ses ressources.
La pleine lune perturbe notre sommeil
FAUX : Beaucoup croient que la pleine lune perturbe leur sommeil. Bien que certaines études montrent une légère perturbation pendant la pleine lune, les résultats sont souvent contradictoires. La lumière de la lune est trop faible pour affecter directement le sommeil, mais si vous êtes sensible à la lumière, cela peut vous déranger. L’effet de la pleine lune semble plus lié à des croyances personnelles qu’à une réalité scientifique.
“Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit”
FAUX : Il est courant de penser qu’on n’a pas dormi, mais en réalité, le sommeil peut être divisé en plusieurs courtes périodes. La fragmentation du sommeil, bien qu’inaperçue, peut en réduire la qualité et nuire au fonctionnement de la journée.
L’alcool aide à mieux dormir
FAUX : Bien que l’alcool aide à s’endormir plus rapidement, il perturbe le sommeil une fois qu’on est endormi. Il diminue la qualité du sommeil, en particulier les phases profondes essentielles à la récupération physique et mentale. L’alcool majore également le risque d’apnée du sommeil comme en témoigne les ronflements plus sonores et irrégulier lors de nuit sous l’effet de l’alcool.
L’activité physique aide à mieux s’endormir
VRAI ET FAUX : Si une activité physique modérée pendant la journée peut favoriser le sommeil, une activité intense le soir peut avoir l’effet contraire, et ce en stimulant le corps au lieu de le préparer à se détendre. Une simple marche peut cependant être bénéfique pour se relaxer avant de dormir.
Si on souffre d’insomnie, il vaut mieux rester plus longtemps au lit
FAUX : Rester au lit en cas d’insomnie peut renforcer l’association entre le lit et l’anxiété, plutôt qu’avec le sommeil. Après 20 minutes d’éveil, il est préférable de se lever et de faire une activité calme. Cela aide à associer le lit au sommeil et facilite l’endormissement.
Les personnes âgées ont besoin de moins de sommeil
VRAI ET FAUX : Les besoins en sommeil varient d’une personne à l’autre. Les personnes âgées peuvent effectivement dormir moins – souvent de façon fractionnée – avec des siestes dans la journée. Ce qui est important, c’est surtout de vérifier la qualité du sommeil et de s’assurer que cela n’impacte pas la qualité de vie.
Grâce à la science, on pourrait avoir une bonne nuit de sommeil en deux heures
FAUX : Il n’existe aucune science actuelle permettant de se passer des bienfaits d’un sommeil complet. Si certaines personnes arrivent à dormir moins, tout manque de sommeil affecte la santé et la vigilance. Au minimum, quatre heures de sommeil par nuit sont nécessaires, mais ces cas restent exceptionnels.
Il est normal pour un adolescent de se coucher et de se lever très tard
VRAI ET FAUX : Les adolescents ont un rythme naturel qui les pousse à se coucher plus tard. Cependant, il est tout de même important qu’ils dorment suffisamment pour éviter des problèmes de concentration et de santé.
Les écrans ne sont pas un problème pour tout le monde
VRAI : Certes, il existe des personnes moins sensibles à la lumière bleue des écrans, mais il est généralement conseillé d’éviter une exposition prolongée avant de dormir. La lumière bleue perturbe la production de mélatonine, l’hormone qui régule le sommeil, ce qui rend l’endormissement plus difficile. Même si certains ne sont pas affectés, la majorité des gens dorment mieux en réduisant cette exposition. Dans l’idéal, une heure avant de se coucher.
À SAVOIR
Selon le baromètre de Santé publique France, en 2017, les adultes français dormaient en moyenne 6 heures et 42 minutes par nuit les jours travaillés, ce qui reste inférieur aux 7 heures minimales recommandées. Et ça, ce n’est pas un mythe !