Des traces du virus de la poliomyélite ont été détectées dans les eaux usées de plusieurs grandes villes européennes, dont Barcelone, Varsovie et Londres. Un phénomène inhabituel qui pousse les autorités sanitaires à renforcer la surveillance. Mais y a-t-il un risque pour la France ? Le point.
La polio refait parler d’elle en Europe. La poliomyélite, ou polio, est une maladie virale très contagieuse qui peut entraîner des paralysies irréversibles, voire la mort.
Bien que cette maladie ait quasiment disparu en Europe grâce à la vaccination, des traces du virus ont récemment été retrouvées dans les eaux usées de plusieurs pays : Allemagne, Espagne, Pologne, Finlande et Royaume-Uni. Ce virus détecté n’est pas une souche sauvage, mais un poliovirus dérivé d’un vaccin oral encore utilisé dans certains pays. Alors, doit-on s’alarmer ?
La poliomyélite détectée en Europe : où en est-on en France ?
Des détections inhabituelles mais pas de cas humains
Depuis septembre 2024, les analyses des eaux usées de plusieurs grandes villes européennes ont révélé la présence de poliovirus de type 2 (VDPV2). Ce virus provient d’une souche atténuée utilisée dans les vaccins oraux, qui, dans de rares cas, peut muter et redevenir contagieuse. Cette souche détectée serait liée à une circulation du virus en Afrique de l’Ouest et du Nord.
Parmi les villes concernées, on retrouve Barcelone en Espagne, Varsovie et Rzeszów en Pologne, Tampere en Finlande, ainsi que plusieurs métropoles allemandes et britanniques, dont Londres.
Pour le moment, aucune transmission locale ni aucun cas de paralysie n’ont été signalés. Toutefois, la détection répétée du virus dans les eaux usées indique une possible circulation au sein de communautés où la couverture vaccinale est insuffisante.
Une surveillance renforcée en France
En France, la surveillance des poliovirus dans les eaux usées avait été arrêtée en 2018, faute de détections et grâce à une couverture vaccinale élevée. En effet, selon Santé publique France, 96 % des nourrissons nés en 2020 étaient vaccinés contre la polio à l’âge de 24 mois. Cependant, face à ces récentes découvertes en Europe, un programme de recherche a été relancé en 2023-2024 pour surveiller à nouveau les eaux usées françaises.
Cette reprise de la surveillance a déjà permis de détecter un poliovirus dérivé de type 3 (VDPV3) en Guyane en 2024. À ce jour, aucune trace du virus polio n’a été retrouvée dans les eaux usées de métropole. Mais les autorités sanitaires restent vigilantes, en particulier en raison des échanges internationaux qui pourraient favoriser l’introduction du virus sur le territoire.
Pourquoi ce retour de la polio dans les eaux usées ?
Le vaccin contre la poliomyélite en cause ?
Le vaccin oral contre la polio, utilisé dans certains pays, contient une version affaiblie du virus. Lorsqu’une personne vaccinée élimine ce virus dans ses selles, il peut parfois muter et redevenir contagieux. Ce virus modifié peut alors circuler dans des communautés où la couverture vaccinale est faible, augmentant le risque de transmission. C’est ce type de poliovirus dérivé qui a été détecté en Europe.
La surveillance des eaux usées permet ainsi de repérer la présence du virus avant même l’apparition de cas humains, offrant un moyen efficace pour prévenir une éventuelle épidémie.
La vaccination contre la poliomyélite
Le virus polio se transmet principalement par voie oro-fécale, c’est-à-dire par contact avec des matières contaminées ou par ingestion d’eau ou d’aliments souillés. Une fois dans l’organisme, il attaque le système nerveux et peut provoquer des paralysies irréversibles.
La vaccination reste aujourd’hui le moyen le plus sûr et le plus efficace de se protéger contre la poliomyélite. En France, le vaccin inactivé injectable (non vivant) est obligatoire et intégré au calendrier vaccinal dès l’âge de deux mois. Ce vaccin ne présente aucun risque de mutation, contrairement au vaccin oral utilisé dans d’autres régions du monde.
À SAVOIR
En 1957, une épidémie de poliomyélite a touché plus de 4 000 personnes en France, déclenchant une vaste campagne de vaccination dans les écoles et les usines. Ces efforts ont permis d’éradiquer la maladie du territoire, le dernier cas autochtone ayant été recensé en 1989.