Une femme qui a des bouffées de chaleur parce qu'elle est ménopausée.
Le traitement hormonal de la ménopause est le plus efficace dans la lutte contre les symptômes climatériques associés. © Adobe Stock

Bouffée de chaleur, douleurs articulaires, maux de tête … La ménopause est un passage obligée dans la vie d’une femme et ce n’est (presque) jamais une partie de plaisir. 80% des femmes ressentent des symptômes appelés “climatériques” (bouffées de chaleur, sueurs, fatigue…) souvent accompagnées de troubles du sommeil et du comportement qui nuisent fortement à leur qualité de vie. Pour passer cette étape charnière de leur vie plus sereinement, des traitements hormonaux de la ménopause (thm), plus ou moins controversés, ont été développés pour calmer les symptômes climatériques. Mais le dispositif est en net recul depuis 20 ans : le fruit d’une mauvaise interprétation d’une étude américaine remontant à 2002. Le point sur ce traitement avec le Dr Isabelle Héron, endocrinologue gynécologue et présidente de la FNCGM (Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale), intervenante sur les Assises Nationales de Gynécologie, les 6 et 7 juin à Lyon.

La ménopause, étape inévitable dans la vie d’une femme, s’accompagne souvent de symptômes désagréables appelés climatériques (bouffées de chaleur, sueurs, fatigue…) qui affectent significativement leur qualité de vie. Pour atténuer ces symptômes, divers traitements hormonaux ont été développés, suscitant toutefois controverses et interrogations quant à leurs risques et bénéfices. Avec l’expertise du Dr Isabelle Héron, endocrinologue gynécologue et présidente de la FNCGM, Ma Santé fait le point sur le traitement hormonal de la ménopause.

Cette interrogation sur le recul manifeste du recours au traitement hormonal de la ménopause est par ailleurs au coeur des échanges des Assises Nationales de Gynécologie, organisées tous les deux ans par la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale et la Société Française de Gynécologie.

Pourquoi les symptômes de la ménopause sont susceptibles d’être compliqués ? 

La ménopause est associée à un ensemble de symptômes connus sous le terme de “syndrome climatérique”, qui inclut divers troubles physiques et psychologiques. Les bouffées de chaleur, l’un des symptômes les plus communs, se manifestent par des épisodes de chaleur intense et de rougeurs, souvent accompagnés de sueurs. “Ces épisodes peuvent survenir soudainement et disparaître dans les cinq minutes ou durer plus longtemps chez certaines femmes” souligne le Dr Isabelle Héron.

Les troubles du sommeil sont également fréquents. Les bouffées de chaleur nocturnes rendent le repos peu réparateur. En conséquence, les femmes ménopausées peuvent souffrir de fatigue chronique, exacerbant d’autres symptômes comme l’anxiété, la dépression et l’irritabilité. Les douleurs articulaires et la sécheresse vaginale ajoutent à l’inconfort général, rendant cette période encore plus difficile à gérer. “Cette étape dans la vie d’une femme nuit très fortement à sa qualité de vie tant personnelle que professionnelle”.

Le risque d’ostéoporose augmente durant la ménopause 

L’ostéoporose est une pathologie susceptible de se déclencher à l’apparition de la ménopause, principalement en raison de la chute des niveaux d’œstrogènes. Les œstrogènes sont des hormones essentielles pour maintenir la densité osseuse. Lorsque les niveaux d’œstrogènes diminuent, la résorption osseuse (processus où les os se dégradent) augmente, et la formation de nouveaux os ralentit, ce qui entraîne une perte nette de masse osseuse et rend les os plus fragiles et sujets aux fractures. 

Comment fonctionne le traitement hormonal de la ménopause ?

Pour soulager les symptômes de la ménopause, plusieurs traitements hormonaux sont disponibles. La thérapie hormonale de substitution (THS) est couramment utilisée, consistant à administrer des œstrogènes et parfois de la progestérone pour compenser la baisse hormonale naturelle. En France, l’utilisation d’œstrogènes naturels est privilégiée, car ils n’augmentent pas les risques cardiovasculaires ni le cancer du sein de manière significative.

Ce traitement fonctionne en remplaçant les hormones que le corps ne produit plus en quantité suffisante, réduisant ainsi les symptômes climatériques. Les œstrogènes aident à atténuer les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil et les douleurs articulaires, tandis que la progestérone est utilisée pour protéger l’endomètre contre les effets des œstrogènes. “C’est un réel changement pour les femmes qui prennent le traitement, les symptômes associés disparaissent et elles peuvent passer cette étape naturelle de manière plus sereine”.

Existe-t-il des traitements non hormonaux pour traiter les symptômes associés ? 

Face aux risques associés aux traitements hormonaux, de nombreuses femmes se tournent vers des alternatives non hormonales pour gérer leurs symptômes. Cela est particulièrement crucial “pour les femmes ayant eu un cancer du sein, pour qui les traitements hormonaux sont absolument contre-indiqués” insiste Isabelle Héron. 

Ces femmes doivent se tourner vers des traitements non hormonaux pour gérer les symptômes associés à la périménopause et à la ménopause. “Les traitements homéopathiques peuvent être utiles pour les symptômes préménopausiques”. L’activité physique régulière joue également un rôle crucial en aidant à maintenir la densité osseuse (lire À SAVOIR) et à améliorer l’humeur générale.

Pourquoi le traitement hormonal de la ménopause n’est pas systématiquement recommandé ? 

Malgré leurs bénéfices, les traitements hormonaux comportent des risques. Des études, notamment celle de 2002 par la Women’s Health Initiative (WHI) aux États-Unis, ont révélé que la THS pouvait augmenter le risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires. Ces découvertes ont conduit à une diminution significative de l’utilisation de la THS, “car les risques étaient jugés plus importants que les bénéfices”.

ATTENTION : cette étude a été réalisée sur les traitements et indicateurs américains et non français ! En France, les œstrogènes utilisés sont naturels et n’augmentent pas les risques.

Malheureusement, la méfiance envers les traitements hormonaux demeure, exacerbée par des crises comme celle de la pilule contraceptive et une méconnaissance générale du sujet parmi les professionnels de santé et les patientes. 

Comment contrer ce recul persistant des traitements hormonaux ? 

“Pour encourager une utilisation raisonnée des traitements hormonaux, il est essentiel de sensibiliser davantage les médecins et les femmes sur les avantages et les risques réels des THS”. Il est crucial de créer un climat de confiance entre les patientes et leurs médecins pour permettre un suivi personnalisé et une communication ouverte”.

La formation continue des professionnels de santé est également nécessaire pour mieux comprendre et gérer la ménopause.

À SAVOIR

La FNCGM souhaite sensibiliser la communauté professionnelle par des formations dédiées pour faire évoluer les pratiques et accompagner au mieux les femmes à cette période charnière de leur vie. À compter de septembre ce dispositif de sensibilisation sera mis en place sur tout le territoire national. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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