Un enfant malheureux au milieu d'une dispute de parents divorcés.
Le stress dû au divorce des parents dans l'enfance augmenterait le risque d'AVC à l'âge adulte. © Adobe Stock

Le divorce est une épreuve qui bouleverse toute la famille, mais ses répercussions sur la santé des enfants sont souvent sous-estimées. Des études récentes révèlent ainsi un lien troublant entre le divorce parental et un risque accru d’accident vasculaire cérébral (AVC) à l’âge adulte. Pourquoi cette corrélation existe-t-elle ? Quels sont les mécanismes en jeu ? Décryptage.

Le divorce des parents est un événement marquant dans la vie d’un enfant, et ses effets pourraient se faire sentir bien au-delà de l’enfance. Selon une étude publiée dans la revue PLOS One, les adultes ayant vécu un divorce parental dans leur jeunesse présentent un risque accru de 61 % de subir un AVC à l’âge adulte par rapport à ceux issus de familles non séparées.

Cette étude, qui a analysé les données de plus de 13 000 personnes âgées de 65 ans et plus, a mis en évidence un lien persistant entre le divorce et la santé cardiovasculaire, même après avoir pris en compte des facteurs tels que le tabagisme, le diabète et l’hypertension.

D’autres recherches, notamment une étude menée par l’Université de Toronto, montrent que les adultes dont les parents ont divorcé avant leurs 18 ans ont un risque d’AVC accru de 33 %, même après ajustement pour des facteurs de risque connus comme le niveau socio-économique ou les antécédents médicaux familiaux.

Mais comment un événement survenu dans l’enfance peut-il avoir un impact aussi sérieux des décennies plus tard ?

Le divorce, un facteur de stress majeur pour les enfants

Lorsqu’un couple se sépare, l’enfant peut ressentir une profonde insécurité émotionnelle, qui se traduit par un stress chronique. Ce stress, lorsqu’il persiste, entraîne des réactions physiologiques pouvant avoir un impact durable sur la santé.

  • Hyperactivation du système de stress : le divorce est perçu par l’enfant comme une menace. Ce qui entraîne une augmentation des niveaux de cortisol, l’hormone du stress. Une exposition prolongée à des niveaux élevés de cortisol peut provoquer des inflammations chroniques, endommageant progressivement les vaisseaux sanguins.
  • Troubles du sommeil : de nombreux enfants issus de parents divorcés souffrent de troubles du sommeil. Ce manque de sommeil peut perturber la régénération cellulaire et favoriser l’hypertension, un facteur clé du risque d’AVC.
  • Dépression et anxiété : selon Santé Publique France, les enfants de parents séparés ont une probabilité plus élevée de souffrir de troubles anxieux et dépressifs, qui augmentent indirectement le risque de maladies cardiovasculaires en favorisant des comportements de santé défavorables (sédentarité, tabagisme, mauvaise alimentation).

Les conséquences à long terme sur la santé cardiovasculaire

Le stress lié au divorce parental peut avoir des conséquences durables sur le corps et le cœur de l’enfant devenu adulte. Parmi les mécanismes physiopathologiques mis en évidence, on retrouve :

  • L’hypertension artérielle : le stress chronique favorise une élévation persistante de la pression artérielle. Cette pression endommage progressivement les artères et augmente le risque d’AVC ischémique.
  • L’inflammation chronique : un divorce mal vécu peut provoquer un état inflammatoire constant. Cette condition favorise le développement de l’athérosclérose (durcissement des artères).
  • Des comportements à risque : un adulte ayant vécu un divorce parental est plus susceptible d’adopter des comportements nuisibles, comme le tabagisme (qui double le risque d’AVC) ou la consommation d’alcool excessive.

Une étude de l’Université de l’Arizona a également montré que les enfants ayant vécu un divorce parental sont plus susceptibles de développer un syndrome métabolique, un ensemble de facteurs de risque comprenant l’obésité abdominale, l’hypertension et l’hypercholestérolémie, augmentant ainsi le risque d’AVC de 40 %.

Facteurs aggravants : qui est le plus à risque ?

Si tous les enfants de parents divorcés ne développent pas nécessairement des problèmes de santé cardiovasculaire, certains facteurs peuvent aggraver le risque d’AVC :

  • L’âge de l’enfant au moment du divorce : les jeunes enfants (moins de 10 ans) sont plus vulnérables aux effets du stress. Leur cerveau et leur système hormonal sont encore en développement.
  • La situation socio-économique post-divorce : une baisse de revenus familiaux après un divorce peut limiter l’accès aux soins médicaux et augmenter les inégalités de santé.
  • Le niveau de conflit entre les parents : un divorce marqué par des tensions prolongées (garde partagée conflictuelle, absence de communication) augmente le niveau de stress ressenti par l’enfant.

Offrir un soutien psychologique adapté

Le divorce est souvent vécu par les enfants comme une perte, un bouleversement de leur quotidien. Un événement qui peut engendrer des émotions intenses comme l’anxiété, la tristesse ou la colère. Ces émotions, si elles ne sont pas bien prises en charge, peuvent entraîner un stress chronique susceptible d’affecter leur santé cardiovasculaire à long terme.

Un accompagnement psychologique permet à l’enfant d’exprimer ses ressentis et d’apprendre à gérer le stress de manière constructive. Selon Santé Publique France, les enfants bénéficiant d’un suivi psychologique précoce après un divorce sont 30 % moins susceptibles de développer des troubles anxieux et des comportements à risque (comme le tabagisme ou une mauvaise alimentation) à l’âge adulte.

Favoriser un environnement stable

Comme dit et répété, après un divorce, l’instabilité émotionnelle et logistique peut être source d’anxiété pour l’enfant. Un changement brutal de cadre de vie ou d’habitudes peut ainsi engendrer des troubles du sommeil, de l’alimentation ou du comportement.

Un environnement structurant et prévisible aide à réguler le niveau de stress de l’enfant en lui offrant des repères rassurants. Selon l’étude précitées de l’Université de Toronto, les enfants évoluant dans un cadre familial stable après un divorce présentent un risque cardiovasculaire réduit de 25 % par rapport à ceux subissant des changements fréquents de résidence ou de routine.

Encourager un mode de vie sain

L’adoption d’un mode de vie sain dès l’enfance est un élément majeur dans la prévention des maladies cardiovasculaires. Alors, bien que l’alimentation puisse être perturbé à la suite d’un divorce, il ne faut pas négliger les risques de ce déséquilibre. 

Des études ont montré que les enfants de parents divorcés sont 50 % plus susceptibles d’adopter des habitudes alimentaires déséquilibrées, notamment une consommation importante de produits transformés et sucrés. Un mode de vie sain peut réduire les facteurs de risque d’AVC en agissant sur le poids, la pression artérielle et le taux de cholestérol.

Surveillance médicale régulière

Le suivi médical est essentiel pour identifier précocement tout signe de trouble cardiovasculaire. Les enfants issus de parents divorcés peuvent être plus sujets à des problèmes de santé en raison du stress ou des habitudes de vie moins saines.

Un suivi médical attentif permet de détecter des anomalies précoces, telles qu’une tension artérielle élevée ou des troubles métaboliques (comme un excès de cholestérol), et de mettre en place des mesures correctives rapidement. Même si le divorce est une réalité de plus en plus fréquente dans nos sociétés, il faut néanmoins en comprendre les effets à long terme sur la santé des enfants. 

À SAVOIR

À certaines étapes de leur vie, comme la grossesse, la ménopause ou l’utilisation de contraceptifs hormonaux, les femmes sont particulièrement exposées au risque d’AVC en raison des variations hormonales. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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