
Travailler plus de 52 heures par semaine n’est pas seulement mauvais pour votre dos ou vos soirées en famille. Ce rythme pourrait altérer la structure de votre cerveau. Oui, celui-là même qui vous rappelle d’acheter du pain ou de répondre à ce mail urgent (ou pas). Des chercheurs sud-coréens nous alertent sur les impacts neurologiques d’un excès d’heures passées au boulot. On fait le point.
On le pressentait depuis longtemps : trop de travail n’est pas bon pour notre santé mentale. Une étude coréenne, publiée dans la revue Occupational & Environmental Medicine, vient mettre des chiffres précis sur cette intuition collective.
Les chercheurs ont analysé les IRM de 110 professionnels de santé, un public déjà bien habitué aux longues heures. Résultat, chez ceux qui travaillent plus de 52 heures par semaine, on observe des changements physiques dans le cerveau, notamment une augmentation de 19 % du volume du gyrus frontal moyen gauche. Cette région gère la régulation des émotions, la mémoire et la prise de décision. Alors, quand on travaille trop, le cerveau se modifie. Et pas dans le bon sens.
Trop de boulot, pas assez de cerveau ?
Quels sont les effets concrets sur le cerveau ?
Travailler au-delà des limites raisonnables n’est pas juste une question de fatigue. C’est un stress chronique qui modifie les connexions neuronales. Les fonctions exécutives comme la concentration, la mémoire de travail ou la régulation des émotions sont directement impactées.
Selon les chercheurs coréens, ces altérations pourraient refléter une tentative du cerveau de s’adapter à une surcharge cognitive. Sauf que cette adaptation, si elle dure, peut devenir problématique. Le cerveau se met en quelque sorte en “mode survie”.
Et ce n’est pas tout. Des troubles du sommeil, une irritabilité, des troubles de l’attention, voire un risque plus élevé de burn-out ou de dépression sont également associés à ces longues journées sans fin.
Un phénomène mondial (et pas très glorieux)
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT) l’ont déjà signalé en 2021. Travailler plus de 55 heures par semaine augmente de 35 % le risque d’AVC et de 17 % celui de mourir d’une maladie cardiaque.
C’est dire si la question dépasse le simple débat sur les horaires de bureau. Le surmenage est devenu un enjeu mondial de santé publique. Et dans une société où l’on valorise la “disponibilité permanente”, la frontière entre engagement et épuisement est de plus en plus floue.
Comment protéger son cerveau (sans démissionner tout de suite) ?
Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire de tout plaquer pour partir élever des chèvres en Ardèche (quoique…). Vous (et votre employeur) pouvez opter pour plusieurs solutions simples et efficaces pour limiter les effets du travail sur le cerveau :
- Limiter les heures supplémentaires : dès que possible, respecter la durée légale du travail.
- Faire des pauses régulières : le cerveau adore les micro-siestes, les marches de 5 minutes ou les cafés au soleil.
- Apprendre à dire non : à un mail non urgent, à une réunion sans fin, ou à ce collègue trop pressé.
- Favoriser la déconnexion : coupez les notifications pro après le travail.
Les entreprises ont aussi un rôle à jouer : politiques de déconnexion, télétravail encadré, sensibilisation au burn-out… Il est temps de faire du bien-être mental une priorité professionnelle.
À SAVOIR
Le stress chronique au travail ne se contente pas d’épuiser notre énergie mentale : il peut également altérer notre santé physique. Selon l’INRS, une exposition prolongée au stress peut entraîner des troubles cardiovasculaires, des troubles musculo-squelettiques, des troubles du sommeil et des troubles de l’humeur, tels que l’anxiété et la dépression.







