L’infarctus du myocarde est la première cause de mortalité chez les femmes en France. Pourtant, elles sont prises en charge en moyenne 30 minutes plus tard que les hommes. Pourquoi un tel retard ? Quels sont les symptômes à connaître ? Et surtout, comment sauver plus de vies ? Explications.
L’infarctus du myocarde tue plus de 18 000 femmes chaque année en France. C’est plus que le cancer du sein. Pourtant, cette maladie reste largement sous-estimée. En moyenne, dans notre pays, une femme est victime d’un infarctus toutes les 20 minutes. Le plus inquiétant reste une prise en charge beaucoup trop tardive. Le rapport de l’Académie nationale de médecine du 24 février 2025 révèle que les femmes sont soignées 30 minutes après les hommes en cas d’infarctus. Or, dans une urgence cardiaque, chaque minute compte.
Pourquoi ce retard ? Parce que les infarctus féminins sont encore mal diagnostiqués, mal reconnus et parfois même… pas pris au sérieux !
Pourquoi l’infarctus chez les femmes est-il repéré si tard ?
Des symptômes différents, donc moins bien repérés
Lorsqu’on pense à un infarctus, on imagine souvent une douleur violente dans la poitrine avec un bras engourdi. Mais chez les femmes, les signes sont bien souvent différents. Résultat, elles tardent à consulter et même les médecins passent parfois à côté du diagnostic.
Voici les symptômes d’infarctus spécifiques aux femmes :
- Fatigue inexpliquée, qui dure depuis plusieurs jours
- Douleur diffuse (dos, mâchoire, ventre) au lieu de la poitrine
- Sensation d’oppression ou de brûlure dans l’estomac
- Nausées ou vertiges
- Essoufflement soudain, sans effort particulier
Parce qu’ils ressemblent à du stress ou à des problèmes digestifs, ces signes sont fréquemment minimisés – par les patientes elles-mêmes, mais aussi par les médecins.
Pourquoi un tel retard de prise en charge ?
Les raisons sont multiples et elles traduisent une vraie inégalité entre hommes et femmes face aux maladies cardiovasculaires.
- Un manque d’information : beaucoup de femmes ignorent que l’infarctus est leur première cause de mortalité. Elles ne se méfient pas des signes annonciateurs et tardent à appeler les secours.
- Un biais médical persistant : dans l’imaginaire collectif, l’infarctus reste une “maladie d’homme”. Les médecins eux-mêmes ont été formés sur des symptômes masculins, ce qui explique un retard de diagnostic chez les femmes.
- Une minimisation des douleurs féminines : plusieurs études montrent que les plaintes des femmes sont moins prises au sérieux aux urgences, ce qui allonge encore leur temps de prise en charge.
- Des traitements moins adaptés : les femmes bénéficient moins souvent des traitements d’urgence comme la thrombolyse (médicament qui dissout le caillot sanguin) ou l’angioplastie (pose d’un stent pour rétablir la circulation sanguine).
Infarctus chez les femmes : ne plus sous-estimer les symptômes !
Quatre réflexes pour réagir vite et sauver des vies
Les infarctus chez les femmes ne sont pas une fatalité. Pour réduire la mortalité, il faut agir vite et briser les idées reçues.
- Connaître les symptômes spécifiques : une fatigue inhabituelle, une douleur diffuse, des nausées ? Il vaut mieux appeler le 15 une fois de trop que trop tard.
- Sensibiliser les professionnels de santé : les médecins doivent être mieux formés aux infarctus féminins pour réduire le retard de prise en charge.
- Prendre soin de son cœur au quotidien : arrêter le tabac, pratiquer une activité physique régulière et surveiller son stress sont des gestes essentiels pour prévenir les maladies cardiovasculaires.
- Ne pas hésiter à insister : si vous sentez que votre douleur est minimisée aux urgences, demandez un électrocardiogramme et une prise de sang pour vérifier vos troponines (un marqueur d’infarctus).
L’urgence d’une prise de conscience
Les maladies cardiovasculaires chez les femmes restent sous-diagnostiquées, sous-traitées et sous-estimées. Pourtant, une meilleure prise en charge permettrait d’éviter des milliers de décès chaque année.
Autrement dit, mesdames, la prochaine fois que vous ressentez un symptôme inhabituel, n’attendez pas. Un infarctus peut survenir même si vous êtes jeune. Même si vous êtes en bonne santé apparente. Bref, écoutez votre cœur et osez demander de l’aide. Un conseil qui peut parfois s’avérer vital…
À SAVOIR
Avant la ménopause, les œstrogènes protègent le cœur des femmes. Après 50 ans, leur chute augmente brutalement le risque d’infarctus. Pourtant, les traitements restent majoritairement basés sur des études masculines, ce qui complique la prise en charge et accentue les inégalités.