Un magasin de CBD synthétique.
Selon l’ANSM, près de 15 % des produits à base de CBD analysés en 2023 contenaient des substances interdites. © Adobe Stock

Depuis début 2024, la France connaît une flambée des intoxications liées à la consommation de produits à base de cannabidiol (CBD), mais attention : tous les CBD ne se valent pas. Derrière ces produits parfois vendus comme « naturels » se cachent des cannabinoïdes de synthèse et des taux de THC hors-la-loi, aux effets souvent dramatiques. Explications.

On connaît le CBD comme l’anti-stress star, la molécule miracle extraite du cannabis mais sans effet « planant ». Pourtant, depuis 2024, les centres antipoison et les services de toxicovigilance alertent sur une forte augmentation des cas d’intoxication au CBD synthétique.

Ces intoxications surviennent après la consommation de produits vendus sous l’étiquette « CBD », mais qui contiennent en réalité des cannabinoïdes de synthèse ou du THC à des taux supérieurs à la limite légale de 0,3 %.

Selon les données recueillies par les Centres d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance-Addictovigilance (CEIP-A) et les Centres Antipoison et de Toxicovigilance (CAP-TV), plusieurs centaines de cas ont été enregistrés en quelques mois seulement, ce qui représente une hausse significative par rapport aux années précédentes.

Une enquête menée en 2023, soutenue par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), montre que 80 % des produits testés ne respectaient pas leur étiquetage, notamment en termes de teneur en CBD.

CBD synthétique, THC et autres substances : une recette explosive

Le vrai problème ? La présence dans ces produits de cannabinoïdes de synthèse, des molécules comme le HHC, HHC-O, H4-CBD ou encore le redoutable MDMB-PINACA, qui imitent les effets du THC, mais avec une puissance et une toxicité souvent bien supérieures. Ces substances sont classées comme stupéfiants et leur vente, achat et consommation sont strictement interdits.

Dans plusieurs cas, les produits contiennent aussi du THC au-delà de la limite autorisée (0,3 % en Europe), ce qui les rend illégaux et dangereux. L’ajout de ces substances peut provoquer des effets indésirables sévères : fatigue intense, nausées, vertiges, tachycardie, crises d’angoisse, hallucinations, perte de connaissance, voire crises d’épilepsie et idées suicidaires. Rien à voir avec les bienfaits supposés du CBD.

Des produits de plus en plus variés, et pas forcément inoffensifs

Les produits incriminés ne se limitent plus aux simples huiles ou fleurs de CBD. Aujourd’hui, le marché propose une véritable palette : e-liquides pour cigarettes électroniques, produits à fumer, mais aussi aliments (gummies, bonbons, chocolats, sirops), gélules, et même cosmétiques.

Il faut savoir que la vente de produits alimentaires contenant du CBD est interdite dans l’Union européenne, mais cela n’empêche pas leur circulation illégale. La consommation de ces produits alimentaires peut donc aussi présenter un risque, surtout quand la composition est douteuse.

Plusieurs facteurs expliquent cette montée inquiétante :

  • Un marché encore peu régulé : le flou juridique autour du CBD a permis à des fabricants peu scrupuleux d’injecter des substances interdites dans leurs produits.
  • Une étiquette trompeuse : selon l’étude des CEIP, les teneurs en CBD annoncées ne correspondent souvent pas à la réalité, et les consommateurs s’exposent à des doses inconnues, parfois très dangereuses.
  • Une attractivité accrue : le CBD se vend partout, y compris dans des distributeurs automatiques ou en ligne, accessibles à tous, y compris aux plus jeunes.
  • L’ignorance des consommateurs : beaucoup ne connaissent pas les risques liés au CBD synthétique, ni même la différence avec le CBD légal.

Les symptômes à surveiller de près

Les intoxications au CBD synthétique ne font pas dans la demi-mesure. Au début, on peut ressentir fatigue, nausées, vertiges ou maux de tête, un peu comme après une soirée trop arrosée. 

Mais les symptômes peuvent vite dégénérer avec des crises d’angoisse, hallucinations, palpitations, voire des pertes de conscience. Pas franchement le trip attendu. 

Que faire en cas d’intoxication au CBD synthétique ?

Si vous ressentez des symptômes inhabituels après avoir consommé un produit à base de CBD, voici les bons réflexes :

  • Arrêtez immédiatement la consommation du produit suspect.
  • En cas de symptômes graves (perte de connaissance, malaise important), appelez le 15 ou rendez-vous aux urgences.
  • Pour des effets moins sévères, contactez le centre antipoison au 01 45 42 59 59, disponible 24h/24 et 7j/7.
  • Ne jetez pas le produit : conservez-le, il pourrait être utile pour une analyse.

Enfin, signalez tout effet indésirable sur le portail officiel : signalement.social-sante.gouv.fr.

Même les produits CBD conformes à la réglementation ne sont pas sans risques. La présence résiduelle de THC peut provoquer somnolence ou troubles de l’attention. Par conséquent, le CBD est déconseillé aux conducteurs, aux personnes manipulant des machines, et aux travailleurs exposés à des risques professionnels.

De plus, le CBD peut interagir avec certains médicaments, en réduisant leur efficacité ou en augmentant leurs effets secondaires. Il convient donc d’être vigilant et de consulter un professionnel de santé en cas de doute.

À SAVOIR 

Une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) sortie en 2024 montre que près d’un tiers des intoxications au CBD synthétique touchent des moins de 25 ans. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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