Un homme qui pulvérise de l'insecticide pour éradiquer le paludisme.
Selon une étude publiée en avril 2024 par l’OMS, le nombre de cas de paludisme importés en Europe est en hausse, notamment en France. © Adobe Stock

Chaque année, le paludisme, ou malaria, tue plus de 600 000 personnes dans le monde. Transmise par la piqûre d’un moustique infecté, cette maladie parasitaire continue de sévir dans de nombreuses régions tropicales, en particulier en Afrique subsaharienne. Mais l’Europe pourrait vite être concernée, en raison des déplacements interplanétaires et du réchauffement climatique. Pourtant, elle peut être évitée, détectée et soignée. Encore faut-il savoir comment. Décryptage.

Le paludisme, aussi connu sous le nom de malaria, est causé par un parasite du genre Plasmodium, transmis à l’être humain par la piqûre de moustiques femelles du genre Anopheles. Ces insectes, principalement actifs entre le crépuscule et l’aube, injectent le parasite lors d’un repas sanguin. Une fois dans l’organisme, le Plasmodium commence son cycle dans le foie avant d’envahir les globules rouges, provoquant une cascade de symptômes souvent violents.

Ce fléau touche principalement les zones tropicales et subtropicales, notamment l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud-Est, certaines régions d’Amérique du Sud et les îles du Pacifique. L’OMS estime qu’en 2023, 249 millions de cas de paludisme ont été recensés à travers le monde, entraînant plus de 600 000 décès, majoritairement chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.

La persistance du paludisme s’explique par plusieurs facteurs : la pauvreté, l’accès limité aux soins, le changement climatique, mais aussi la résistance croissante des parasites aux médicaments antipaludiques et des moustiques aux insecticides. Face à cette situation, la lutte contre le paludisme nécessite une mobilisation mondiale, des financements durables et des stratégies adaptées aux contextes locaux.

Le paludisme peut se manifester entre 7 jours et plusieurs semaines après la piqûre infectante. D’où l’importance de consulter un médecin au moindre doute, surtout après un séjour en zone endémique. Voici les principaux symptômes du paludisme :

Dans les formes graves, dites pernicieuses, la maladie peut évoluer rapidement vers :

Le diagnostic repose sur un frottis sanguin ou un test rapide de détection antigénique, notamment en médecine tropicale ou dans les zones à risque.

Un traitement curatif

Le traitement dépend du type de parasite et de la gravité des symptômes. 

  • Artemisinine et dérivés (ACT) : traitement de référence recommandé par l’OMS.
  • Chloroquine : encore utilisée dans certaines régions, mais de plus en plus inefficace à cause des résistances.
  • Quinine : souvent utilisée en cas de paludisme grave, parfois en perfusion.
  • Méfloquine, doxycycline : alternatives selon les profils et les zones géographiques.

Un traitement préventif (prophylaxie)

Essentiel pour les voyageurs et certaines populations à risque comme les femmes enceintes ou les enfants de moins de 5 ans :

  • Atovaquone-proguanil
  • Doxycycline
  • Méfloquine

Ces médicaments doivent être pris avant, pendant et après le séjour en zone d’endémie, avec un respect strict de la posologie. Attention, certains antipaludéens peuvent provoquer des effets secondaires : troubles digestifs, insomnies, maux de tête. En cas de doute, mieux vaut consulter un médecin ou un centre de médecine des voyages.

Les gestes qui sauvent 

On ne le dira jamais assez : la meilleure arme contre le paludisme, c’est la prévention. Et cela commence par une protection efficace contre les moustiques. Dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide, porter des vêtements longs et clairs, utiliser des répulsifs puissants adaptés aux tropiques, et éviter les zones humides où les moustiques se reproduisent, sont des gestes simples, souvent rabachés, mais vitaux.

La lutte contre les vecteurs du paludisme passe aussi par des actions collectives.  

  • pulvérisation d’insecticides à l’intérieur des habitations
  • assainissement des points d’eau stagnante
  • sensibilisation des populations locales. 

Certaines initiatives locales, comme le Faso Soap, savon naturel aux propriétés répulsives, ou les campagnes communautaires de l’Unicef, ont fait leurs preuves dans la réduction des cas de malaria. D’autres options pourraient aussi voir le jour dans les années à venir.

La vaccination, pensez-y !

Côté vaccination, une grande avancée a vu le jour : le vaccin RTS,S/AS01, aussi appelé Mosquirix, est désormais recommandé pour les enfants vivant en Afrique subsaharienne. 

Il n’est pas infaillible, mais permet de réduire significativement les formes graves. Un deuxième vaccin prometteur, R21/Matrix-M, a également été validé par l’OMS, offrant une protection supplémentaire et renforçant l’arsenal mondial contre la malaria.

De nombreux pays africains redoublent d’efforts pour éliminer cette maladie endémique. En Côte d’Ivoire, un nouveau plan stratégique 2026-2030 est en préparation. Il repose sur une approche communautaire, avec la participation active des populations locales, des agents de santé communautaires et des ONG. Ce modèle a déjà porté ses fruits dans plusieurs régions, comme le Sénégal, où le groupe Canal+ s’est allié à des partenaires de santé pour sensibiliser à grande échelle.

Ces initiatives montrent que la lutte contre le paludisme ne se gagne pas uniquement dans les laboratoires, mais aussi sur le terrain, au plus près des populations concernées. Pour faire reculer cette maladie infectieuse, il faut conjuguer prévention, traitement, innovation et solidarité.

À SAVOIR

Chaque année, plus de 3 500 cas de paludisme d’importation sont recensés en France, selon l’OMS. La plupart concernent des voyageurs de retour d’Afrique subsaharienne, souvent mal protégés.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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