Une personne âgée qui sait qu'elle n'atteindra pas les 100 ans en bonne santé.
Selon l’Insee, l’espérance de vie en France atteindrait 90 ans pour les femmes et 87,5 ans pour les hommes en 2070, loin des 100 ans espérés. © Freepik

Si l’espérance de vie continue de progresser en France et dans le monde, la barre symbolique des 100 ans en moyenne restera hors de portée pour les générations nées après 1939. Plus inquiétant encore : les années vécues en bonne santé stagnent, laissant planer une question centrale sur notre futur collectif : vivrons-nous plus longtemps… mais moins bien ?

L’annonce a fait grand bruit fin août 2025, après la publication d’une étude dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Selon une équipe de chercheurs, le rythme de progression de l’espérance de vie s’est nettement ralenti au cours du XXᵉ siècle.

Concrètement, les gains d’espérance de vie d’une génération à l’autre ont chuté de 37 % à 52 % pour les générations nées entre 1939 et 2000, comparées à celles nées entre 1900 et 1938.

Selon l’analyse du démographe Carlo Giovanni Camarda, « aucune génération née après 1939 ne devrait atteindre 100 ans en moyenne ». En France, les projections les plus optimistes situent l’espérance de vie des enfants nés en 2000 entre 92 et 95 ans, avec un maximum de 94,8 ans pour les femmes.

Pourquoi ce ralentissement ?

Les chercheurs avancent plusieurs explications :

  • La transition épidémiologique : au XXᵉ siècle, les progrès en hygiène, vaccination et lutte contre les maladies infectieuses ont fait bondir l’espérance de vie. Aujourd’hui, ce « moteur » est épuisé.
  • Les maladies chroniques : cancers, diabète, maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives pèsent lourdement sur les années de vie gagnées.
  • Les inégalités sociales et territoriales : en France, à 35 ans, l’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre reste de 5,3 ans chez les hommes et 3,4 ans chez les femmes selon l’Insee. 
  • Les modes de vie modernes : sédentarité, obésité, stress chronique et pollution viennent fragiliser les acquis du passé.

L’autre face du problème : la santé qui stagne

Une étude publiée en septembre 2025 par la Mayo Clinic dans Communications Medicine vient compléter ce constat : si l’espérance de vie progresse, les années vécues en bonne santé ne suivent pas la même trajectoire.

À l’échelle mondiale, l’écart entre l’espérance de vie totale et les années en bonne santé atteint environ 9 ans et tend même à se creuser.

En France, selon l’Insee, l’espérance de vie en bonne santé à la naissance est de 64,2 ans pour les femmes et 63,6 ans pour les hommes (Insee). Autrement dit, nous passons en moyenne près de 20 ans de notre vie avec des limitations physiques ou des maladies chroniques.

Cette dissociation entre longévité et santé pose des enjeux de société majeurs :

  • Système de santé : comment prendre en charge une population vieillissante dont une part importante vit avec plusieurs maladies chroniques ?
  • Retraites et dépendance : faut-il repenser la durée de vie active et les dispositifs d’aide aux personnes âgées ?
  • Inégalités : les progrès médicaux bénéficient davantage aux catégories sociales favorisées, accentuant les fractures.

Les chercheurs insistent : la priorité n’est plus seulement de « gagner des années », mais bien d’améliorer leur qualité. Comme le résume le démographe Carlo Giovanni Camarda dans L’Express : « Le vrai défi n’est pas d’allonger la vie à tout prix, mais de faire en sorte que les années gagnées soient vécues en bonne santé. »

Rien n’est figé. Plusieurs leviers pourraient infléchir cette courbe :

Mais pour l’heure, les données sont claires : vivre 100 ans restera l’exception, et non la règle, pour les générations à venir. Nous vivons plus longtemps qu’hier, mais moins bien que prévu. Les générations nées après 1939 n’atteindront pas les 100 ans en moyenne, et devront composer avec des décennies marquées par les maladies chroniques.

À SAVOIR 

Selon l’Insee, la France reste malgré tout l’un des pays les plus longs-vivants au monde : en 2023, l’espérance de vie à la naissance atteignait 85,7 ans pour les femmes et 80,0 ans pour les hommes, plaçant notre pays dans le peloton de tête européen, juste derrière l’Espagne et l’Italie. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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