Une équipe de rugby sur le terrain.
Santé Publique France indique que les jeunes de moins de 18 ans représentent près de 30 % des cas de commotions cérébrales liées au sport. © Adobe Stock

On parle souvent des blessures musculaires ou des fractures dans le sport, mais les commotions cérébrales restent un sujet tabou et pourtant essentiel.  Chaque année, des milliers de sportifs – amateurs et professionnels – subissent des traumatismes crâniens qui peuvent avoir des conséquences graves sur le long terme. Troubles de la mémoire, difficultés de concentration, suicides voire maladies neurodégénératives… Quels sont les vrais risques ? Comment mieux les prévenir ? Explications.

“Je déconseille à mon fils de sept ans de faire des têtes”, témoignait en avril 2024 le défenseur Raphaël Varane, ex-pilier du Real Madrid, de Manchester United et bien sûr de l’équipe de France, avec laquelle il a remporté la coupe du Monde en 2018. Le fait qu’une ancienne star du football (le joueur a pris sa retraite en septembre dernier) tienne un tel discours ne doit rien au hasard. Le monde du sport professionnel prend peu à peu conscience du danger des commotions cérébrales provoquées par par des chocs répétés.

Et si un footballeur effectue des milliers de têtes dans sa carrière, il ne s’agit pas du seul sport concerné. L’ancien quarterback Brett Favre (football américain), a récemment révélé être atteint de la maladie de Parkinson, pointant du doigts les nombreux traumatismes crâniens reçus durant sa carrière.

Les langues se délient peu à peu, révélant l’ampleur d’un véritable scandale sanitaire : selon le cabinet d’avocats Ryland Barth, qui accompagnait l’an dernier quelques 300 rugbymen en procédure contre les instances du rugby anglais, “400 joueurs sont morts prématurément ces dix dernières années”, principalement en raison de “dommages au cerveau”

Chocs à la tête, impacts répétés… et après ?

Une commotion cérébrale est un traumatisme crânien léger causé par un choc direct à la tête, un impact violent ou même un coup indirect qui secoue le cerveau dans la boîte crânienne. Contrairement aux idées reçues, on peut souffrir d’une commotion sans perte de connaissance.

Les symptômes ne sont pas toujours immédiats et peuvent apparaître dans les heures, voire les jours suivants. Voici quelques signes qui doivent alerter :

Un simple choc à la tête ne doit jamais être pris à la légère. Et le fait que la lésion se résorbe rapidement, sans séquelle apparente à court terme, fausse le diagnostic.

Quels sont les sports les plus à risque ?

Certaines disciplines exposent les sportifs à des contacts fréquents et à un risque accru de commotion cérébrale.

  • Sports de combat (boxe, MMA, judo) : coups directs à la tête.
  • Sports collectifs de contact (rugby, football américain, hockey sur glace) : collisions violentes.
  • Sports extrêmes (VTT, skate, ski, équitation) : chutes à haute vitesse.
  • Football : les têtes répétées sur le ballon augmenteraient le risque de microtraumatismes.

Selon les études, entre 5 et 9 % des traumatismes liés au sport sont des commotions cérébrales. Mais ce chiffre est probablement sous-estimé, car de nombreux cas ne sont jamais diagnostiqués.

Les risques à long terme

Les commotions cérébrales isolées sont déjà préoccupantes, mais c’est la répétition des chocs qui inquiète le plus les scientifiques. Des études récentes établissent un lien clair entre commotions cérébrales répétées et maladies neurodégénératives. Parmi les pathologies les plus fréquemment associées :

  • Encéphalopathie chronique traumatique (ECT) : maladie touchant les anciens sportifs avec des troubles cognitifs et comportementaux.
  • Sclérose latérale amyotrophique (SLA) : maladie neurodégénérative grave menant à une paralysie progressive.
  • Maladie d’Alzheimer et démences précoces : les impacts répétés augmenteraient le risque de déclin cognitif.

Même sans commotion visible, les impacts sous-commotionnels (petits chocs fréquents) pourraient favoriser la neurodégénérescence sur le long terme.

Comment mieux se protéger ?

Face à ces risques, la prévention est essentielle. Plusieurs mesures peuvent être mises en place pour limiter les dangers.

  • Améliorer l’équipement de protection : utilisez des casques et protège-dents adaptés et renouvelez-les régulièrement. Développez des technologies anti-chocs, comme des capteurs intégrés aux casques pour détecter les impacts dangereux.
  • Mieux encadrer la pratique : adaptez les règlements pour limiter les contacts violents, notamment chez les jeunes. Améliorez la préparation physique pour renforcer la nuque et apprendre à chuter sans risque.
  • Ne jamais ignorer un choc : un traumatisme crânien doit toujours être évalué par un professionnel de santé. Aussi, respectez un temps de repos avant de reprendre l’activité.

De plus en plus de clubs et fédérations mettent en place des protocoles de retour au jeu, mais leur application reste encore trop inégale.

À SAVOIR

Pour améliorer la détection des commotions cérébrales, le rugby expérimente des protège-dents équipés de capteurs intégrés. Ces dispositifs mesurent en temps réel la force, la localisation et la direction de chaque impact subi par les joueurs. Les données recueillies permettent aux équipes médicales de réagir rapidement en cas de choc potentiellement dangereux. ​

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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