Alors que le diagnostic de l’endométriose reste un défi, avec un délai moyen de 7 ans entre l’apparition des premiers symptômes et la confirmation du diagnostic, de nouvelles avancées prometteuses émergent. Parmi elles, l’alimentation s’impose comme un complément thérapeutique essentiel. Le point.
L’endométriose, une maladie gynécologique chronique, touche un nombre considérable de femmes en France. Selon les estimations du ministère de la Solidarité et de la Santé, entre 1,5 et 2,5 millions de Françaises en âge de procréer seraient atteintes, soit environ une femme sur dix.
Cette pathologie, longtemps méconnue et sous-diagnostiquée, a récemment été reconnue comme un véritable enjeu de santé publique en France. Cette affection peut entraîner des douleurs pelviennes intenses, des menstruations abondantes et des problèmes de fertilité.
Bien que les traitements médicaux et chirurgicaux restent essentiels, de plus en plus de recherches mettent en lumière le rôle crucial de l’alimentation dans la gestion des symptômes de l’endométriose.
Quel est le lien entre l’endométriose et l’alimentation ?
Pour combattre l’inflammation
L’endométriose est une maladie à composante inflammatoire, immunitaire et hormonale. L’inflammation chronique joue un rôle central dans le développement et la persistance des symptômes. Cette inflammation chronique entraîne des douleurs, notamment pendant les menstruations, ainsi que d’autres symptômes comme la fatigue et des troubles digestifs.
Une alimentation anti-inflammatoire peut donc contribuer à réduire cette inflammation et, par conséquent, à soulager les douleurs et les inconforts associées à la maladie.
Certains nutriments ont des propriétés anti-inflammatoires et peuvent aider à limiter cette inflammation :
- Les oméga-3 : présents dans les poissons gras (saumon, sardine, maquereau), les graines de lin et de chia, ainsi que l’huile de colza.
- Les polyphénols : des antioxydants puissants retrouvés dans les fruits rouges (myrtilles, framboises), le thé vert, le cacao pur (70 % minimum), et certaines épices comme le curcuma.
- La vitamine E : possède des propriétés anti-inflammatoires et se retrouve dans les amandes, les noisettes, l’huile de tournesol et l’avocat.
L’alimentation peut influencer vos hormones
Les œstrogènes sont impliqués dans le développement de l’endométriose. Certains aliments peuvent influencer les niveaux d’œstrogènes dans le corps, soit en les diminuant, soit en les augmentant.
Par exemple, les aliments riches en phytoestrogènes comme le soja, les graines de lin, les lentilles et certains fruits et légumes (brocolis, myrtilles, pommes) peuvent diminuer l’activité des œstrogènes. À l’inverse, la consommation excessive de viandes rouges et de produits laitiers peut augmenter les niveaux d’œstrogènes.
Les troubles digestifs liés à l’endométriose
Les troubles digestifs sont fréquents chez les femmes atteintes d’endométriose et peuvent inclure :
- Ballonnements liés à une inflammation intestinale ou une hypersensibilité du côlon.
- Constipation ou diarrhée, souvent en alternance, parfois accompagnée d’un syndrome de l’intestin irritable (SII).
- Douleurs abdominales et crampes digestives, exacerbées par certains aliments fermentescibles.
Pour améliorer le confort digestif, on conseille de :
- Augmenter l’apport en fibres solubles (avoine, patate douce, carottes, courgettes) pour favoriser un transit doux sans irriter l’intestin.
- Éviter les aliments riches en FODMAPs (oignons, ail, choux, légumineuses, pommes) qui peuvent fermenter dans l’intestin et provoquer des ballonnements.
- Favoriser les probiotiques (yaourt nature, kéfir) pour restaurer l’équilibre du microbiote intestinal.
Quels aliments privilégier lorsqu’on souffre d’endométriose ?
Les poissons gras et les huiles végétales
Les poissons gras comme le saumon, le maquereau, les sardines et le hareng sont des sources précieuses d’EPA et DHA, acides gras oméga-3 aux propriétés anti-inflammatoires reconnues. Les huiles végétales de qualité, telles que l’huile d’olive extra-vierge, l’huile de lin et l’huile de cameline, sont également riches en oméga-3 et contribuent à réduire l’inflammation.
Les fruits et légumes colorés
Les fruits et légumes colorés sont des alliés puissants contre l’inflammation. On recommande particulièrement les baies (myrtilles, fraises, framboises), les agrumes et les légumes verts foncés (épinards, brocolis) en raison de leur teneur élevée en antioxydants comme les caroténoïdes, les flavonoïdes et les polyphénols. Ces composés aident à réduire l’inflammation et à protéger contre les dommages oxydatifs.
Les épices et les aliments riches en fibres
Les épices anti-inflammatoires telles que le curcuma (associé au poivre noir pour une meilleure absorption), le gingembre et la cannelle sont également bénéfiques pour réduire l’inflammation. Enfin, les aliments riches en fibres, tels que les grains entiers et les légumineuses, jouent un rôle important dans la régulation des niveaux d’œstrogènes, contribuant ainsi à maintenir un équilibre hormonal plus favorable et à soulager les symptômes de l’endométriose.
Les aliments à éviter ou à limiter pour aller mieux
Les produits laitiers : potentiellement pro-inflammatoires
Les produits laitiers d’origine animale contiennent des acides gras pro-inflammatoires et des œstrogènes. Il peut être bénéfique de réduire leur consommation et d’observer si cela entraîne une amélioration des symptômes. Des alternatives végétales comme les boissons d’amande ou de riz peuvent être envisagées.
Le gluten : un potentiel irritant pour certaines
Le gluten, présent dans le blé, l’avoine, le seigle, l’orge, le kamut et l’épeautre, peut être pro-inflammatoire pour certaines personnes. Il est recommandé de le remplacer par des alternatives sans gluten comme le riz, le millet, le sarrasin ou le quinoa, et d’observer l’évolution des symptômes.
Les aliments transformés et les sucres raffinés
Les aliments ultra-transformés, riches en graisses saturées et en sucres raffinés, peuvent exacerber l’inflammation dans le corps. Il est recommandé de limiter leur consommation au profit d’aliments entiers et naturels. De même, une consommation excessive d’alcool et de caféine peut influencer négativement les niveaux d’œstrogènes et l’inflammation.
L’alimentation joue un rôle majeur dans la gestion des symptômes de l’endométriose. Adopter un régime anti-inflammatoire peut améliorer la qualité de vie des femmes atteintes d’endométriose. Ce régime doit être riche en fruits et légumes spécifiques, en oméga-3 et en fibres. Il est également important de limiter la consommation d’aliments potentiellement pro-inflammatoires.
Chaque cas est unique. Il est essentiel d’adopter une approche personnalisée. La collaboration avec des professionnels de santé est cruciale pour une prise en charge optimale..
À SAVOIR
Une avancée majeure dans le diagnostic de l’endométriose a été annoncée récemment. Le test salivaire Endotest® sera pris en charge par l’Assurance maladie en France à partir du 11 février 2025. Ce dispositif innovant pourrait réduire considérablement le délai de diagnostic qui est actuellement de 7 ans en moyenne. Lyon Sud et l’Hôpital de la Croix-Rousse seront parmi les établissements à expérimenter cet outil.