
Et si l’espérance de vie ne se jouait pas uniquement à la naissance, mais aussi dans les choix de santé faits à l’âge adulte ? Une grande étude scientifique internationale publiée dans le New England Journal of Medicine montre qu’éviter ou contrôler cinq facteurs de risque cardiovasculaire majeurs peut permettre de gagner jusqu’à 14 ans d’espérance de vie. On vous explique.
Les chercheurs ont analysé les données de plus de deux millions d’adultes, issues de grandes cohortes internationales suivies pendant plusieurs décennies et couvrant près de quarante pays.
Leur ambition était de mesurer, à partir de 50 ans, l’impact réel de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire sur l’espérance de vie : le tabagisme, l’hypertension artérielle, l’excès de cholestérol, le diabète de type 2 ainsi que le surpoids ou l’obésité.
Et à 50 ans, les personnes qui ne présentent aucun de ces facteurs vivent significativement plus longtemps que celles qui les cumulent tous. L’écart atteint en moyenne près de 14 ans chez les femmes et environ 12 ans chez les hommes.
Pourquoi la santé du cœur pèse autant sur l’espérance de vie
Les maladies cardiovasculaires restent, en France, la deuxième cause de mortalité, juste derrière les cancers, selon Santé publique France. L’hypertension, le tabac, le diabète, l’excès de cholestérol et le surpoids ou l’obésité ont un point commun : ils agressent les artères.
Progressivement, ils favorisent l’athérosclérose, augmentent le risque d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral ou d’insuffisance cardiaque. Ces pathologies ne réduisent pas seulement la durée de vie, mais aussi les années vécues en bonne santé.
En France, près d’un adulte sur trois est hypertendu, souvent sans le savoir. Le tabac reste responsable de dizaines de milliers de décès chaque année, dont une part importante liée aux maladies cardiovasculaires. Le diabète touche plus de 4 millions de personnes, avec une progression continue liée au vieillissement de la population et au mode de vie.
Santé du cœur : peut-on encore agir après 40 ou 50 ans ?
Oui, il est possible d’agir, même à un âge où l’on pense parfois qu’il est déjà trop tard. Les chercheurs montrent que la réduction ou le contrôle d’un seul facteur de risque, comme l’arrêt du tabac ou la normalisation de la tension artérielle, est déjà associée à un gain mesurable d’espérance de vie, ainsi qu’à un report de l’apparition des maladies cardiovasculaires.
Autrement dit, la prévention ne fonctionne pas uniquement chez les jeunes adultes. Elle reste pertinente tout au long de la vie, à condition d’être accompagnée médicalement et suivie dans le temps.
Maladies cardiovasculaires : un enjeu majeur de santé publique en France
La prévention cardiovasculaire fait partie des priorités de santé publique françaises. Dépistage de l’hypertension, suivi du cholestérol et de la glycémie, lutte contre le tabagisme, promotion de l’activité physique et de l’alimentation équilibrée.
Pourtant, dans la pratique, une part importante des personnes à risque n’est pas diagnostiquée ou pas correctement suivie. Beaucoup découvrent leur hypertension ou leur diabète à l’occasion d’un événement cardiovasculaire, parfois grave. C’est précisément là que la prévention prend tout son sens. Il faut agir avant que le cœur ne donne l’alerte.
Comment vivre plus longtemps et, surtout, vivre mieux ?
Il n’y a pas de recette miracle pour allonger la vie. Ce sont avant tout des choix réguliers, parfois modestes, mais répétés dans le temps, qui influencent la durée et la qualité de vie. La prévention cardiovasculaire en est l’un des piliers, car elle permet à la fois de réduire le risque de décès prématuré et de retarder l’apparition de maladies invalidantes.
Concrètement, plusieurs leviers ont démontré leur efficacité.
- Ne pas fumer ou arrêter le tabac, même tardivement, reste l’une des décisions les plus bénéfiques pour la santé cardiovasculaire. Les études montrent que le risque d’infarctus et d’AVC diminue rapidement après l’arrêt, et continue de baisser avec le temps.
- Surveiller et contrôler sa tension artérielle est essentiel, car l’hypertension est souvent silencieuse pendant des années. Un suivi régulier permet d’éviter des complications graves et de préserver les artères sur le long terme.
- Maintenir un taux de cholestérol compatible avec les recommandations médicales contribue à ralentir l’athérosclérose. Cela passe par l’alimentation, l’activité physique et, si nécessaire, un traitement prescrit et suivi.
- Prévenir ou équilibrer un diabète de type 2 limite fortement le risque cardiovasculaire et protège aussi d’autres organes, comme les reins, les yeux ou le système nerveux.
- Stabiliser son poids et éviter le surpoids prolongé réduit la charge imposée au cœur et améliore l’ensemble des paramètres métaboliques, sans chercher des objectifs irréalistes.
Au-delà de ces points, la régularité est déterminante. Marcher, bouger, consulter son médecin, faire des bilans adaptés à son âge et à ses antécédents comptent souvent plus qu’un changement radical et temporaire. Vivre mieux plus longtemps, ce n’est pas transformer sa vie du jour au lendemain. C’est donner au corps, et en particulier au cœur, les conditions pour vieillir plus lentement et avec davantage de sérénité.
À SAVOIR
Selon la Haute Autorité de Santé, l’activité physique régulière réduit de 20 à 30 % le risque de mortalité cardiovasculaire, y compris chez les adultes de plus de 60 ans, même lorsqu’elle est débutée tardivement.







