
Messieurs, grosse prise de tête en perspective… Une étude récente montre que votre matière grise perd du volume plus rapidement que celle des dames. Faut-il y voir une fatalité biologique ? Pas vraiment. Car la science montre que nous avons tous, hommes comme femmes, le pouvoir de ralentir cette fonte cérébrale silencieuse. Comment ? Explications.
« Ah, si j’avais encore vingt ans… » On l’entend souvent, cette rengaine. Mais ce ne sont pas que les articulations qui se raidissent. C’est aussi notre cerveau qui prend un peu de plomb dans l’aile ! En effet, après avoir atteint son plein potentiel, il rétrécit. C’est ce que révèle une étude internationale menée par l’équipe de l’Université d’Oslo et parue en octobre 2025 dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Les chercheurs ont analysé plus de 12 000 scans IRM chez environ 4 700 participants âgés de 17 à 95 ans, pour observer comment le cerveau évolue en taille et en épaisseur.
Chez les hommes, plusieurs régions du cerveau déclinent plus vite que chez les femmes. Le cortex post-central, par exemple, montre une diminution plus rapide chez les messieurs. Les femmes, quant à elles, semblent conserver un peu mieux leur rythme dans certaines zones, même si là encore, tout dépend de l’individu, pas du sexe seul.
Mais attention, ce « rétrécissement » n’est pas synonyme de dégénérescence automatique. Ouf… En fait, le vieillissement cérébral est normal, inévitable, et ne signifie pas que l’on perd son esprit vif ou sa personnalité. Il s’agit d’un phénomène de fond, lent, souvent silencieux.
Pourquoi le cerveau des messieurs fond-il plus vite ?
Les hommes ont-ils un peu de retard sur la ligne de départ cérébrale ? Pas tout à fait. Mais certaines données révèlent que les mécanismes biologiques, hormonaux, vasculaires et même sociaux, peuvent jouer contre eux.
D’abord, les hormones. Chez les femmes, les œstrogènes semblent offrir un bouclier temporaire à certaines parties du cerveau : meilleure vascularisation, moins de stress oxydatif, tout ça avant la ménopause. Chez les hommes, pas ce même avantage. Le terrain est simplement différent.
Ensuite, la santé vasculaire. Le cerveau est gourmand, il consomme 20 % de l’oxygène du corps. Or, l’hypertension, le diabète, le tabac et l’alcool (autant de facteurs plus présents chez certains hommes) fragilisent les artères, réduisent la perfusion neuronale, et accélèrent l’usure. Selon l’Insee, les hommes déclarent davantage de consommation d’alcool fort et de tabac que les femmes.
Cerveau d’homme : la taille compte… là aussi !
Statistiquement, le cerveau masculin est environ 10 % plus volumineux que celui de la femme, mais cela ne lui donne pas un avantage cognitif particulier. Simplement une architecture différente. Quelques travaux suggèrent même que, quand on contrôle la taille globale, les femmes ont souvent une matière grise un peu plus « dense », ou des connexions plus optimisées.
Enfin, le mode de vie. C’est souvent là que ça se joue. Activité physique, sommeil, alimentation, stimulations intellectuelles, vie sociale… Chez les femmes, souvent multitâches et hyper-connectées, la stimulation cognitive est élevée. Chez certains hommes, on observe un peu plus de sédentarité après quelques décennies. Bref, ce ne sont pas les cernes ou les bières qui usent le cerveau, mais l’ensemble des habitudes.
Capacités cérébrales : et en France, que voit-on ?
Oui, nous autres français·es sommes concernés. Dans l’Hexagone on recense près de 1,4 million de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Et même si les deux tiers sont des femmes, essentiellement parce qu’elles vivent un peu plus longtemps, cela ne veut pas dire que les hommes sont « hors jeu ».
De plus, les chiffres s’améliorent. Les dernières données de l’Inserm indiquent que l’incidence des démences a diminué, d’environ 13 % par décennie dans certains pays européens, grâce notamment à une meilleure prévention vasculaire.
Que faire pour freiner cette érosion cérébrale ?
Ressortez vos baskets
Quand on parle de sport, inutile d’imaginer le triathlon de Nice ou un marathon sous la pluie. Le cerveau, lui, se satisfait d’un effort régulier, doux, constant. Une marche rapide, un peu de vélo, quelques longueurs dans une piscine, ou même du jardinage tonique. Tout ce qui fait battre le cœur un peu plus fort alimente aussi les neurones.
Une étude française de la cohorte NeuroAge (Inserm, 2024) a démontré que 30 minutes d’activité modérée cinq fois par semaine suffisaient à ralentir de près d’un tiers la perte de volume de l’hippocampe, la zone de la mémoire et de l’apprentissage.
Dormez comme si c’était un luxe
Parce que ça l’est. Le sommeil n’est pas une perte de temps, c’est une phase de réparation active du cerveau. Pendant la nuit, le système glymphatique se met en route et nettoie les déchets produits dans la journée, y compris les fameuses protéines bêta-amyloïdes, impliquées dans Alzheimer.
Une étude de l’Université Paris Cité, publiée dans Sleep Medicine Reviews (2024), montre que l’insomnie chronique accélère le vieillissement cérébral apparent d’environ 6 %. Et ce n’est pas une histoire à dormir debout !
Mangez bien, et savourez
La nourriture, c’est l’autre grand carburant du cerveau. Et là encore, les bonnes habitudes méditerranéennes tiennent le haut du pavé. Poissons gras riches en oméga-3, huile d’olive, noix, fruits, légumes frais, légumineuses… Ce régime coloré est l’un des plus efficaces pour préserver nos neurones.
Il réduirait même de 23 % le risque de déclin cognitif. À l’inverse, une alimentation trop sucrée, ultra-transformée, ou riche en graisses saturées favorise les micro-inflammations cérébrales, ces petites braises silencieuses qui grignotent la mémoire. Alors, troquez le soda contre une tisane et le steak-frites contre un poisson grillé et un filet d’huile d’olive.
Faites marcher votre matière grise !
Le cerveau adore l’effort, mais pas le stress. Il raffole des nouveautés, des défis, de l’imprévu. Apprendre une langue, reprendre la guitare, lire un roman un peu exigeant, jardiner, débattre autour d’un verre… Tout ce qui éveille la curiosité renforce les connexions neuronales. Et si vous n’avez pas d’orchestre symphonique à portée de main, pas grave : appelez un ami, rejoignez une association, jouez aux échecs au café du coin. La solitude, elle, est un poison lent pour la matière grise.
L’immense Harvard Aging Study (2022) le confirme. Les personnes socialement actives ont jusqu’à 30 % de risque en moins de développer une démence. Dingue, non ?
Surveillez les signaux d’alarme
Hypertension, diabète, cholestérol, surpoids… Autant de mots qu’on lit parfois d’un œil distrait sur une ordonnance, mais qui pèsent lourd sur la santé cérébrale. Le cerveau est irrigué par un réseau de minuscules artères ; qu’elles se bouchent ou se raidissent, et c’est la mémoire qui s’essouffle.
Un cœur en bonne santé, c’est un cerveau bien nourri. Et là, la prévention est reine : consulter régulièrement, surveiller la tension, éviter le tabac, modérer l’alcool, bouger un peu chaque jour. Car si les hommes voient leur cerveau se déliter un peu plus vite, c’est aussi parce qu’ils consultent moins tôt, ou négligent parfois les petits signaux.
Hommes, femmes : nos cerveaux ne vieillissent pas pareil… et alors ?
Messieurs, arrêtez de dire que vous avez « une tête de linotte ». Mesdames, évitez de penser que votre cerveau est un petit boudoir soigné. En réalité, la différence est statistique, jamais essentielle. Les cerveaux des hommes seraient peut-être un peu « plus à vif », perdant davantage de volume… mais ils ne sont pas pour autant condamnés. C’est l’entretien qui fait la différence. Quant aux cerveaux féminins, peut-être plus « résilients », mais pas invincibles non plus.
L’étude de l’Oslo Team précise d’ailleurs que ce ralentissement du vieillissement chez les femmes n’explique pas pourquoi la maladie d’Alzheimer frappe davantage les femmes. « Les changements normaux du cerveau ne sont pas la réponse à cette inégalité», écrivent les chercheurs.
Donc messieurs, votre cerveau n’est pas « en panne » : il a juste besoin d’un peu plus d’attention. Mesdames, pas question de relâcher la garde après la ménopause. Le terrain du cerveau, c’est aussi l’endroit où chacun peut se reprendre la main. Mais, oui, on ne peut pas arrêter le temps. Oui, on ne peut pas remonter à 20 ans. Mais oui, on peut ralentir le film. Moteur !!
À SAVOIR
D’après une étude menée par l’Inserm, les personnes qui dorment moins de six heures par nuit entre 50 et 70 ans présentent un risque accru de 30 % de développer une démence plus tard dans la vie, comparé à celles qui dorment sept heures ou plus.







