Une femme au travail souffrant de symptômes liés à la ménopause.
Selon un sondage de l’IFOP, 11 % des entreprises françaises ont déjà mis en place des mesures pour accompagner les femmes pendant cette période de transition hormonale. © Adobe Stock

Bouffées de chaleur, insomnies, sautes d’humeur, fatigue chronique… La ménopause n’est pas une maladie, c’est une étape naturelle dans la vie d’une femme. Mais quand elle survient en plein cœur de la carrière professionnelle, elle peut devenir un véritable poids invisible. Et pourtant, dans la majorité des entreprises, on n’en parle pas. Silence radio. Pourquoi ce tabou persiste-t-il encore aujourd’hui ? Comment les femmes peuvent-elles être mieux soutenues ? Éléments de réponse.

En 2025, parler de menstruations ou d’endométriose commence tout juste à s’inviter dans les conversations professionnelles. Mais la ménopause, elle, reste le grand tabou. Pourtant, plus de 8 millions de femmes actives en France sont ou seront concernées à court terme. Selon une enquête du collectif Femmes de Santé, près de 87 % des femmes entre 50 et 65 ans subissent au moins un symptôme lié à la ménopause. Parmi elles, environ 25 % souffrent de troubles sévères, tels que l’insomnie chronique, l’irritabilité extrême ou encore des pertes de concentration handicapantes.

Le plus préoccupant ? 51 % des femmes affirment que la ménopause affecte négativement leur travail, selon une étude relayée par Libération, mais à peine une sur trois ose en parler à son employeur ou à ses collègues. La peur d’être perçue comme “moins performante”, “moins fiable”, voire “vieillissante”, conduit à un silence pesant. Un silence qui isole, fragilise, et freine parfois les carrières. 

Et pourtant, les choses pourraient bien changer. Un rapport de la députée Ensemble Stéphanie Rist sur la ménopause, remis en 2025, préconise de mieux prendre en charge cette période de la vie qui affecte parfois profondément la santé physique, mentale et la carrière des femmes. Dans la foulée, l’UNSA, principal syndicat engagé sur cette question, a salué cette initiative et affiché son soutien à toutes les pistes visant à améliorer la santé des femmes au travail.

Des conséquences concrètes sur la vie professionnelle

On est loin d’un simple désagrément passager. La ménopause peut transformer le quotidien professionnel en véritable parcours du combattant. Entre les nuits hachées et les sueurs incontrôlables, certaines femmes peinent à tenir un rythme de travail soutenu. Concentration en berne, mémoire qui flanche, émotions à fleur de peau… Ces effets peuvent impacter directement la productivité et le bien-être au travail.

Le rapport du Sénat sur la santé des femmes, publié en 2023, évoque même la détérioration des conditions de travail liée aux symptômes non pris en compte. Il souligne que les entreprises qui ignorent ces réalités participent à une forme de discrimination indirecte, en ne mettant rien en place pour accompagner cette étape physiologique incontournable. Résultat, des arrêts maladie, des demandes de temps partiel, voire des démissions. Une spirale coûteuse, à la fois pour les femmes et pour l’économie.

Le regard change… doucement

Si la France a longtemps laissé le sujet de la ménopause dans l’angle mort des politiques de santé au travail, le Royaume-Uni fait figure de modèle : guides officiels, programmes de sensibilisation en entreprise, certifications « menopause-friendly »… Outre-Manche, on a compris depuis longtemps qu’une femme à l’aise dans son corps travaille mieux.

Mais en France, les lignes commencent timidement à bouger. En avril 2025, la députée et rhumatologue Stéphanie Rist a rendu un rapport très attendu intitulé « La ménopause en France : 25 propositions pour enfin trouver le chemin de l’action ». Une mission parlementaire ambitieuse, qui appelle à sortir du non-dit et à prendre à bras-le-corps ce sujet de santé publique. Parmi ses propositions concrètes : la création d’espaces de repos climatisés, l’assouplissement des horaires, l’adaptation des postes de travail, mais aussi la formation des encadrants pour leur permettre d’aborder la ménopause avec écoute et bienveillance, sans gêne ni tabou.

Dans la foulée, la ministre du Travail Catherine Vautrin a exprimé sa volonté d’intégrer la question de la ménopause à la visite médicale de mi-carrière. Une avancée institutionnelle inédite, qui pourrait permettre à des milliers de femmes de parler de leurs symptômes dans un cadre sécurisé et d’accéder à des aménagements adaptés. 

Parler de la ménopause, c’est aussi évoquer les solutions pour en atténuer les effets. Le traitement hormonal de la ménopause (THM), longtemps pointé du doigt, fait aujourd’hui l’objet d’une réhabilitation prudente. Autrefois prescrit à grande échelle, il a connu un véritable désamour après les études des années 2000 liant THM et risque de cancer du sein. Alors que 50 % des femmes françaises en bénéficiaient il y a vingt ans, elles ne sont aujourd’hui plus que 10 %, selon l’Inserm.

Or, les données les plus récentes, notamment celles du British Medical Journal ou de l’Inserm, montrent que les traitements actuels sont mieux dosés, mieux surveillés, et peuvent significativement améliorer la qualité de vie, en limitant les effets secondaires. Mais le climat de méfiance persiste. Et tant que le sujet reste tabou dans les entreprises, les femmes hésitent à consulter, à en parler, et à se soigner.

Briser le tabou de la ménopause au travail, ce n’est pas juste une lubie féministe ou un caprice RH. C’est un enjeu de santé publique, de performance économique, et d’égalité professionnelle. En donnant aux femmes la possibilité de s’exprimer librement, sans peur du jugement ou de la stigmatisation, les entreprises gagneraient en productivité, en cohésion, et en attractivité.

Il ne s’agit pas d’inventer une “journée mondiale de la bouffée de chaleur”, mais simplement de considérer la ménopause comme un événement de santé comme un autre, qui mérite un réel accompagnement.

À SAVOIR

En France, 40 % des femmes ménopausées envisagent de quitter leur emploi en raison de leurs symptômes, selon une étude menée par le groupe britannique Gen-M et relayée en France par Ouest-France en avril 2025. 


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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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