La Haute Autorité de Santé (HAS) a dévoilé en février 2025 ses nouvelles recommandations pour la prise en charge de la maladie de Lyme. Ils alertent sur le retard de diagnostic de la maladie et sur les symptômes prolongés susceptibles d’handicaper des milliers de personnes, reconnaissant au passage l’existence officielle du “Lyme long”. Le point.
Chaque année, près de 50 000 personnes sont diagnostiquées avec la maladie de Lyme en France, selon Santé Publique France. Transmise par la piqûre de tique, cette infection bactérienne peut, dans certains cas, entraîner des symptômes persistants qui compliquent la vie quotidienne des patients. Pour répondre à ces défis, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mis à jour ses recommandations datant de 2018, en tenant compte des avancées scientifiques et des besoins exprimés par les professionnels de santé et les associations de patients.
L’objectif affiché de ces nouvelles recommandations est de faciliter le diagnostic, d’améliorer la prise en charge des symptômes prolongés et d’offrir un suivi médical plus adapté.
Pourtant, ces propositions suscitent quelques réserves, notamment du côté des associations de patients. Si la HAS reconnaît enfin l’errance médicale à laquelle sont confrontés certains patients, elle ne propose en revanche aucune solution concrète. “Aucune prise en charge thérapeutique n’est prévue pour ces patients : la HAS reconnaît l’existence d’une maladie, mais refuse d’en proposer un traitement, condamnant ainsi des milliers de malades à l’errance thérapeutique, à l’automédication, voire à chercher des solutions à l’étranger”, déplore l’association France Lyme. Elle rappelle que, depuis près de 20 ans, ils affirment “que le ‘Lyme long’ est une maladie à part entière, dont les conséquences peuvent être sévères et invalidantes.”.
La HAS insiste sur l’importance d’un diagnostic précoce de la maladie
Quels sont les symptômes de la maladie de Lyme ?
La maladie de Lyme, aussi appelée borréliose de Lyme, évolue en plusieurs phases.
- Phase précoce : quelques jours, voire semaines, après une piqûre de tique infectée, une tache rouge circulaire (érythème migrant) apparaît autour de la zone de morsure. Ce signe caractéristique s’accompagne parfois de fatigue, de fièvre et de douleurs musculaires.
- Phase disséminée : si la maladie n’est pas traitée rapidement, elle peut se propager à d’autres parties du corps et provoquer des douleurs articulaires, des troubles neurologiques (maux de tête, paralysie faciale, troubles de la mémoire) et parfois des atteintes cardiaques.
- Phase tardive : Chez certains patients, les symptômes persistent plusieurs mois, voire des années après l’infection. Ces symptômes prolongés après une maladie de Lyme se traduisent par une fatigue chronique, des douleurs diffuses et des troubles cognitifs.
Ce dernier point est au cœur des nouvelles recommandations de la HAS, qui reconnaît désormais pleinement l’existence de ces symptômes prolongés et insiste sur la nécessité de mieux les diagnostiquer et les traiter.
Un diagnostic plus précis pour limiter l’errance médicale
Principal défi de la maladie de Lyme : le diagnostic. En effet, ses symptômes, parfois atypiques, peuvent être confondus avec d’autres pathologies comme la fibromyalgie, la sclérose en plaques ou une fatigue chronique.
Alors, pour poser un diagnostic fiable, la HAS recommande une approche en deux étapes.
- Un examen clinique approfondi : le médecin doit d’abord rechercher des signes évocateurs de la maladie et interroger le patient sur d’éventuels contacts avec des tiques.
- Des tests biologiques adaptés : en cas de suspicion, un test sanguin (sérologie) est réalisé pour détecter la présence d’anticorps contre la bactérie Borrelia burgdorferi. Si le résultat est positif, un deuxième test (Western Blot) permet de confirmer le diagnostic.
Cependant, la HAS rappelle que la sérologie n’est pas toujours fiable en phase précoce et qu’un test négatif ne doit pas exclure le diagnostic si les symptômes sont caractéristiques.
Comment traiter la maladie de Lyme et ses symptômes prolongés ?
Un traitement personnalisé selon la gravité des symptômes
Pour traiter la maladie de Lyme, les antibiotiques restent la référence. Selon la phase de la maladie, la HAS recommande :
- Phase précoce : une cure d’antibiotiques par voie orale (doxycycline ou amoxicilline) pendant 14 à 21 jours permet généralement une guérison complète.
- Phase disséminée : si la maladie s’est propagée, un traitement antibiotique plus long (jusqu’à 28 jours) ou une administration par voie intraveineuse peut être nécessaire.
- Symptômes prolongés : pour les patients souffrant de symptômes persistants malgré un traitement antibiotique, la HAS recommande une prise en charge multidisciplinaire. Cela inclut des médicaments contre la douleur, un accompagnement psychologique et parfois une rééducation physique pour améliorer la qualité de vie.
En revanche, la HAS déconseille les traitements antibiotiques prolongés au-delà de 28 jours, faute de preuves scientifiques de leur efficacité et en raison des risques d’effets secondaires.
Un suivi renforcé pour éviter les rechutes
La prise en charge de la maladie de Lyme ne s’arrête pas au traitement initial. Pour prévenir les rechutes et accompagner les patients souffrant de symptômes prolongés, la HAS recommande un suivi médical régulier avec :
- Des consultations de suivi tous les trois à six mois pour évaluer l’évolution des symptômes et ajuster le traitement si nécessaire.
- Un accompagnement psychologique pour aider les patients à mieux gérer l’anxiété, la fatigue et les douleurs chroniques.
- Une rééducation physique (kinésithérapie, activité physique adaptée) pour réduire les douleurs articulaires et améliorer la mobilité.
Cette approche globale vise à améliorer la qualité de vie des patients tout en évitant l’errance médicale, souvent source de détresse et d’incompréhension.
Prévention : le meilleur moyen d’éviter la maladie de Lyme
Si le diagnostic et le traitement ont évolué, la meilleure stratégie reste encore d’éviter les piqûres de tiques. Pour cela, la HAS rappelle quelques gestes simples :
- Porter des vêtements couvrants lors des promenades en forêt ou dans les hautes herbes.
- Appliquer un répulsif anti-tiques sur la peau et les vêtements.
- Inspecter soigneusement son corps après chaque sortie et retirer rapidement toute tique accrochée à la peau à l’aide d’un tire-tique.
En cas de piqûre, surveillez l’apparition d’un érythème migrant dans les semaines suivantes et consultez un médecin dès le moindre symptôme.
À SAVOIR
Saviez-vous que la maladie de Lyme tire son nom de la petite ville de Lyme, dans l’État du Connecticut aux États-Unis ? C’est là, en 1977, qu’une série de cas d’arthrite inhabituelle chez des enfants a conduit les chercheurs à identifier cette nouvelle maladie. Cette découverte a marqué le début de la reconnaissance mondiale de la borréliose de Lyme.