Une femme atteinte d'une maladie cardiovasculaire dans un lit d'hôpital.
Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité chez les femmes en France. © Freepik

Chaque année, en France, les maladies cardiovasculaires emportent la vie de 75 000 femmes. Un chiffre glaçant, d’autant plus que cette cause de mortalité féminine reste encore trop méconnue et sous-estimée. Bien plus mortelles que le cancer du sein, elles se cachent souvent derrière des symptômes discrets, voire trompeurs. Le point.

Infarctus, AVC, insuffisance cardiaque… Ces mots font peur, mais on les associe encore trop souvent à des hommes d’un certain âge, cigare à la bouche et tension dans le rouge.

Grave erreur. En France, ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut : 75 000 décès par an dus aux maladies cardiovasculaires, contre environ 12 000 pour le cancer du sein selon Santé publique France. Autrement dit, six fois plus.

Et pourtant, les femmes sont souvent les grandes oubliées du diagnostic. Symptômes atypiques, stéréotypes médicaux, méconnaissance du risque… Leur cœur s’exprime autrement, et il n’est pas toujours entendu. Alors, pourquoi les maladies cardiovasculaires tuent-elles autant de femmes ? Et surtout, que peut-on faire pour changer les choses ?

Des chiffres qui font battre le cœur… d’angoisse

La mortalité des femmes liée aux maladies cardiovasculaires dépasse de loin celle des autres pathologies : elles représentent la première cause de décès chez les femmes, toutes tranches d’âge confondues. En Europe, selon la Fédération Française de Cardiologie, une femme sur trois meurt d’un accident cardiovasculaire. À l’échelle mondiale, c’est une femme toutes les 60 secondes.

En comparaison, le cancer du sein, bien que redouté et très médiatisé, cause environ 12 000 décès par an. Cela ne diminue en rien la gravité de ce cancer, mais cela met en lumière un déséquilibre criant en matière de sensibilisation et de prévention.

Symptômes : quand le cœur des femmes parle une autre langue

L’un des plus grands pièges, c’est que les symptômes d’un infarctus ne sont pas les mêmes chez les femmes que chez les hommes. Adieu la douleur violente irradiant dans le bras gauche : chez elles, l’infarctus se manifeste plus souvent par :

  • une fatigue intense et soudaine ;
  • des nausées ou vomissements ;
  • des douleurs dans le dos, la mâchoire ou le cou ;
  • un essoufflement inhabituel.

Résultat ? Ces signes passent souvent inaperçus, même chez les professionnels de santé. C’est ce que l’on appelle le syndrome de Yentl, du nom d’un film où une femme se fait passer pour un homme pour accéder à l’éducation. Ici, c’est pareil : une femme qui présente les symptômes “classiques” d’un homme sera plus facilement prise au sérieux.

Des facteurs de risque trop peu connus

Certaines conditions propres aux femmes aggravent leur risque cardiovasculaire, mais sont encore trop rarement surveillées. Parmi elles :

Et pourtant, bien peu de femmes sont informées de ces risques spécifiques. Une étude de l’Institut Curie révèle que seules 36 % des femmes savent que les maladies cardiovasculaires sont leur première cause de mortalité.

Une inégalité dans le diagnostic et la recherche

Il faut bien le dire : la médecine cardiovasculaire a longtemps été pensée par et pour les hommes. Les femmes sont sous-représentées dans les essais cliniques, et les outils de diagnostic ne sont pas toujours adaptés à leur physiologie.

À cela s’ajoute une certaine forme de sexisme médical. De nombreuses femmes rapportent ne pas se sentir écoutées lorsqu’elles évoquent des douleurs ou des malaises. Résultat : des diagnostics posés plus tard, et une prise en charge souvent moins rapide… parfois trop tardive.

Heureusement, la prise de conscience avance. Des initiatives fleurissent pour alerter, éduquer et dépister :

  • Le Bus du Cœur des Femmes, lancé par la fondation Agir pour le Cœur des Femmes, propose des examens gratuits dans les villes françaises.
  • Les Parcours du Cœur, organisés par la Fédération Française de Cardiologie, sensibilisent petits et grands à l’activité physique et à la prévention.
  • Les campagnes de dépistage se multiplient, avec un message clair : il faut surveiller sa tension, son cholestérol, sa glycémie, même quand on se sent en pleine forme.

Côté prévention, les recommandations restent simples mais efficaces :

  • Bouger (30 minutes de marche par jour, ça compte !) ;
  • Manger équilibré (moins de sel, plus de fibres) ;
  • Dire non au tabac ;
  • Gérer son stress et bien dormir.

Et surtout, écouter son corps. Une fatigue inhabituelle, un essoufflement sans raison ? Ce n’est peut-être pas “juste la charge mentale”.

À SAVOIR 

Chaque jour en France, 200 femmes meurent d’une maladie cardiovasculaire, leur première cause de décès, bien loin devant le cancer du sein selon ameli.fr. Pourtant, elles reçoivent moins souvent un massage cardiaque en cas d’arrêt cardiaque public. Pire : une ouvrière a trois fois plus de risques de mourir prématurément d’une pathologie cardiovasculaire qu’une femme cadre selon Santé publique France.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentPromotion de la santé : l’URPS Sages-Femmes Auvergne-Rhône-Alpes en action avec l’approche « Aller vers »
Article suivantEczéma : un risque sous-estimé pour la santé mentale
Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici