L’été, c’est la saison des pique-niques, des repas en terrasse et… des invités indésirables dans les assiettes. Mouches, fourmis, scarabées ou autres insectes volants s’invitent parfois à table, et certains articles affirment qu’il faudrait tout jeter pour éviter des contaminations bactériennes. Exagération ou vrai risque sanitaire ? On fait le point.
Un insecte dans l’assiette, ça ne donne pas très envie. Mais la question que beaucoup se posent est la suivante : est-ce seulement écœurant… ou carrément dangereux pour la santé ?
En cette période estivale où les repas à l’air libre se multiplient, les insectes prolifèrent aussi. Or, certains peuvent effectivement transporter des microbes. Alors, doit-on vraiment jeter tout un plat à la moindre visite d’un moucheron ? On vous explique.
Un insecte dans l’assiette, c’est forcément risqué ?
Pas toujours. Selon le rapport de l’ANSES sur les risques microbiologiques liés aux insectes comestibles, tout dépend du type d’insecte et de la nature du plat. Les mouches sont connues pour transporter de nombreuses bactéries pathogènes comme E. coli, Salmonella ou encore Listeria. Lorsqu’elles se posent sur des aliments, elles peuvent y déposer ces micro-organismes.
Les cafards, eux, sont aussi de redoutables vecteurs de germes, notamment parce qu’ils vivent souvent dans des lieux insalubres. En revanche, une petite fourmi qui traverse votre salade n’a pas le même potentiel infectieux, même si elle peut aussi transporter des microbes, surtout si elle vient de l’extérieur ou des canalisations.
Bref, tous les insectes ne présentent pas le même niveau de danger, mais certains peuvent bel et bien contaminer un plat, surtout s’il contient des aliments crus ou fragiles.
Pourquoi le risque est plus élevé en été
La chaleur est l’alliée des bactéries. En été, elles se développent plus vite, surtout si les plats restent dehors trop longtemps. Une quiche, une mayonnaise maison, du fromage ou un dessert laité laissé à température ambiante pendant une heure ou deux devient un terrain de jeu idéal pour les germes.
Si une mouche ou un autre insecte porteur de bactéries se pose sur ces aliments, le risque d’intoxication alimentaire grimpe en flèche. C’est pourquoi l’Anses recommande la plus grande prudence, surtout si la personne qui va consommer le plat est fragile :
- femmes enceintes,
- jeunes enfants,
- personnes âgées ou immunodéprimées.
Autrement dit, si vous avez un doute sur l’hygiène du plat ou l’identité de l’insecte, mieux vaut ne pas tenter le diable.
Alors que faire si j’ai un insecte dans mon assiette ?
Faut-il systématiquement jeter son assiette ?
Non, mais parfois, oui. Si vous retrouvez une mouche ou un cafard dans un plat froid et non cuit, comme une salade de riz, une mousse au chocolat ou une assiette de charcuterie, il est conseillé de ne pas le consommer. Le risque microbien est trop élevé.
En revanche, si un insecte s’est posé sur un plat tout juste sorti du four, encore chaud, le danger est très limité. La chaleur limite la survie des bactéries. S’il s’agit de fruits ou de légumes frais, il suffit souvent de les laver soigneusement à l’eau claire (ou avec un peu de vinaigre blanc) pour les débarrasser des potentielles bactéries.
Enfin, si l’insecte vous semble étrange ou inconnu, ou s’il a un aspect suspect (gros, sombre, rampant…), il vaut mieux éviter toute consommation, par précaution.
Et si c’était un insecte comestible ?
Depuis 2021, plusieurs insectes sont officiellement autorisés à la consommation en Europe : le grillon domestique, le ténébrion meunier ou encore la locuste migratoire. Ces insectes, produits en ferme, sont strictement encadrés par le règlement européen sur les « nouveaux aliments » (Novel Food) et font l’objet de contrôles sanitaires rigoureux. Ça vous dégoûte un peu, voire beaucoup ? Il faudra s’y habituer, c’est en effet peut-être bien l’alimentation du futur…
Mais un insecte sauvage tombé dans votre assiette ne fait évidemment pas partie de cette catégorie. Il n’a pas été élevé en milieu contrôlé, ni vérifié sur le plan bactériologique. En clair, un insecte trouvé par hasard dans votre salade n’est pas un aliment comestible.
Les allergies : un risque souvent ignoré
On en parle peu, mais les insectes sont aussi de puissants allergènes. Ils contiennent des protéines proches de celles des crustacés (crevettes, crabes…), ce qui signifie que les personnes allergiques aux fruits de mer peuvent réagir en cas d’exposition à un insecte, même minime.
Une simple ingestion ou un contact indirect peut déclencher des réactions variées : urticaire, gonflements, maux de ventre, voire choc anaphylactique dans les cas extrêmes.
La Société française d’allergologie recommande donc aux personnes allergiques de ne jamais consommer d’insectes, même dans un contexte accidentel.
Que faire en cas de doute ?
Voici les bons réflexes à adopter :
- Si vous identifiez clairement un insecte comme une mouche, un cafard ou une punaise et qu’il s’est posé sur un plat froid, à base de produits fragiles, ne prenez pas de risques : jetez.
- Si le plat est cuit et encore chaud, ou s’il s’agit d’un fruit ou d’un légume lavable, vous pouvez le consommer après nettoyage.
- Si vous êtes une personne à risque (allergique, immunodéprimée, etc.), ne prenez aucun risque, même minime.
En cas de symptômes digestifs dans les heures qui suivent (fièvre, nausées, crampes), consultez rapidement un professionnel de santé.
À SAVOIR
Les aliments les plus à risques sont ceux à base d’œufs, de lait, de viande ou de poisson, surtout s’ils ne sont pas cuits.
