Une femme atteinte d'un cancer évitable pendant une séance de chimiothérapie.
Certains cancers évitables sont très résistants aux traitements conventionnels comme la chimiothérapie. © Freepik

Chaque année en France, plus de 430 000 personnes apprennent qu’elles ont un cancer. Pourtant, près d’un cancer sur deux pourrait être évité. À Lyon, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), lié à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), travaille depuis 1965 à comprendre les causes de la maladie pour mieux la prévenir. À l’occasion de son 60ᵉ anniversaire, Clément Chauvet, responsable des engagements stratégiques au CIRC, revient sur les grands progrès en matière de recherches contre le cancer sur le plateau de l’émission Votre Santé. 

Cancers du poumon, du sein, du côlon, de la prostateLe cancer reste la première cause de mortalité en France, avec environ 157 400 décès en 2023 selon Santé Publique France. Et pourtant, 40 à 50 % des cancers pourraient être évités, selon le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) et l’Institut National du Cancer. 

Tabac, alcool, alimentation, sédentarité, pollution, virus… La plupart des causes du cancer sont connues. Encore faut-il en parler, les étudier, les documenter. C’est exactement ce que fait le CIRC, basé à Lyon, avec plus de 300 chercheurs venus du monde entier. Un travail de fond qui, depuis 60 ans, permet de mieux guider les politiques de santé publique, en France et dans le monde. Ils ont notamment contribué à l’adoption de lois anti-tabac, à la mise en place de campagnes de prévention et à la création du traité international de l’OMS sur le contrôle du tabac, grâce à la classification du tabac comme agent cancérogène.

Des avancées aussi remarquables que vitales détaillées par Clément Chauvet, responsable des engagements stratégiques au CIRC, sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 13 mai 2025 à l’occasion des commémorations des 60 ans de l’organisme, qui vont s’étendre sur un an.

Pourquoi le siège du CIRC est-il installé à Lyon depuis 1965 ?

Le Centre International de Recherche sur le Cancer a été créé pour encourager la collaboration internationale autour de la lutte contre le cancer. C’était une initiative du Général de Gaulle.

Lyon a été choisie pour deux raisons selon moi. D’abord, pour son histoire médicale très riche, et ensuite parce qu’elle est proche de Genève. À l’époque, dans les années 60, c’était pratique de se rendre au siège de l’OMS en voiture depuis Lyon.

Quelle est la vocation du CIRC ? 

Le CIRC est une agence multilatérale. Dès le départ, le général de Gaulle avait compris qu’un seul pays ne pourrait pas résoudre le problème du cancer. L’idée était donc de créer une agence avec plusieurs pays pour pouvoir promouvoir cette collaboration internationale. 

Le CIRC travaille essentiellement sur la recherche pour la prévention des cancers. Un centre de recherche qui rassemble plus de 400 personnes dont 300 chercheurs venus du monde entier qui vont travailler à faire en sorte que les gens ne développent pas la maladie. Aujourd’hui, on a plus de 30 États participants. Le dernier en date à être devenu membre, la semaine dernière, est le Portugal. 

Quels sont les profils des gens qui travaillent sur le site Tony Garnier, à Lyon Gerland?

On trouve tous types de chercheurs : bio-informaticiens, généticiens, épidémiologistes, statisticiens… Leur objectif est de mieux comprendre les données liées au cancer pour ensuite pouvoir conseiller les gouvernements du monde entier. Ils cherchent aussi à identifier les causes du cancer : pourquoi et comment il se développe.

Qui finance les recherches du CIRC ? 

Le financement vient de deux sources principales. D’un côté, les contributions des États membres, qui versent chaque année une part fixe. De l’autre, les appels à projets. Nos chercheurs y répondent auprès d’organismes comme l’INCa ou des fondations philanthropiques.

Ils montent alors des consortiums internationaux, en lien avec d’autres chercheurs lyonnais, mais aussi avec des universités ou centres de recherche à travers le monde. On développe aussi d’autres formes de financement, notamment auprès du grand public. À Lyon, on a lancé une opération qui permet aux gens d’inscrire leur nom, ou celui d’un proche, sur les vitres du bâtiment. C’est à la fois un hommage et une manière de soutenir la recherche.

Au niveau international, les États-Unis font toujours partie du CIRC et continuent à financer la recherche. Néanmoins, on sait que les fonds du NIH (National Institutes of Health), un de nos grands financeurs, ont été coupés de moitié. Ça aura forcément un impact sur nos ressources futures.

En 60 ans, quel a été le plus grand progrès réalisé avec le CIRC ?

Je dirais la connaissance des causes du cancer. C’est une maladie complexe, loin d’être singulière. On parle de plus de 2 000 types de tumeurs, donc de 2 000 maladies différentes. Il faut donc comprendre le développement de chacune des pathologies. Aujourd’hui, on comprend bien mieux les liens entre nutrition et cancer ou activité physique et cancer. Cette meilleure compréhension est essentielle, car c’est ce qui permet de prévenir la maladie.

Plusieurs politiques publiques ont été mises en place grâce à vos recommandations ? 

Oui, notamment grâce aux monographies du CIRC. Ce programme permet de classer les agents selon leur niveau de risque cancérogène. 

En 2002, par exemple, on a classé le tabagisme passif comme cancérogène, ce qui a conduit plusieurs pays à interdire de fumer dans les lieux publics, les restaurants, les bars, etc.

Quel est le prochain grand progrès en matière de recherche contre le cancer ? 

L’avenir est d’abord sur la dissémination de l’information. Beaucoup de gens ne savent pas que seulement 10 % des cancers sont d’origine génétique. Dans 90 % des cas, ils sont liés à des facteurs de risque environnementaux. Et on estime que 40 à 50 % des cancers pourraient être évités.

Il est donc essentiel que chacun ait accès à une information fiable, pour pouvoir se protéger. Par exemple, certains virus comme le HPV peuvent provoquer des cancers. Et il existe des vaccins pour s’en prémunir. Faire vacciner ses enfants contre ces virus, c’est éviter qu’ils développent plus tard certains cancers. L’alimentation est d’ailleurs tout aussi importante. La manière de s’alimenter à un impact certain sur la santé.

Pourquoi n’existe-t-il pas de registre national des cancers pour mieux prévenir en France ? 

C’est justement l’une des missions du CIRC, collecter des données à l’échelle mondiale, dans près de 180 pays, à partir des registres du cancer et notamment des registres basés sur la population. 

Le but n’est pas seulement de comptabiliser les décès dus au cancer, mais de savoir, dans une population précise, combien de personnes sont touchées. Ces données servent ensuite à guider les politiques publiques.

Quels sont les prochains événements pour célébrer le 60ème anniversaire du CIRC ? 

Il y aura beaucoup d’événements sur Lyon pour sensibiliser le grand public à l’occasion de notre soixantième anniversaire. On va être ouvert pendant les journées européennes du patrimoine, pour les fêtes de la science. 

On va également organiser énormément de conférences notamment avec le centre Léon Bérard, courir pour elles. Donc énormément d’événements sur l’année qui seront partagés sur nos réseaux sociaux et notre site.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 13 mai 2025 sur Ma Santé TV.

À SAVOIR

Retrouvez le planning complet des événements du CIRC pour célébrer son soixantième anniversaire sur le site CIRC 60.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentLa vaccination HPV chez les adolescents : pourquoi la France doit accélérer la cadence
Article suivantÂge biologique : connaissez-vous l’âge réel de votre corps ?
Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici