
Boire un verre de vin le soir ou trinquer à l’apéro entre amis est un geste anodin pour beaucoup. Mais selon une nouvelle étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), affilié à l’OMS, cette habitude pourrait accroître le risque de développer un cancer du pancréas. Un lien désormais reconnu. Décryptage.
Le 13 mai 2025, la revue PLOS Medicine publiait une étude qui a fait l’effet d’un électrochoc dans le monde de la santé publique.
Menée par le CIRC, le Centre International de Recherche sur le Cancer, bras scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé, cette recherche s’appuie sur les données de 30 études de cohortes internationales impliquant près de 2,5 millions de personnes suivies pendant plus de 30 ans. Objectif : comprendre l’impact de la consommation d’alcool sur le risque de développer un cancer du pancréas.
Les résultats sont sans appel, la consommation quotidienne d’alcool, même modérée, est associée à une augmentation du risque de ce cancer particulièrement redouté. Concrètement, chaque dose de 10 grammes d’alcool pur par jour, soit l’équivalent d’un verre standard (un verre de vin de 10 cl ou une bière de 25 cl), augmente le risque de cancer du pancréas de 3 %.
Une étude d’envergure qui change les certitudes
Des chiffres qui parlent
Pour bien saisir l’ampleur de ces résultats, l’étude détaille plusieurs seuils de consommation. Chez les femmes, boire entre 15 et 30 grammes d’alcool par jour, soit 1,5 à 3 verres, est associé à une augmentation de 12 % du risque. Chez les hommes, le risque grimpe encore plus rapidement. Une consommation de 30 à 60 grammes par jour correspond à +15 %, et au-delà de 60 grammes (plus de 6 verres), le risque bondit à +36 %.
Ce qui frappe, c’est qu’il n’existe aucun seuil “sans danger” identifié. Chaque verre compte. L’effet est cumulatif, insidieux, et d’autant plus préoccupant qu’il est souvent ignoré du grand public.
Le cancer du pancréas : un tueur discret
Le cancer du pancréas est l’un des plus meurtriers. En France, on compte environ 16 000 nouveaux cas par an, et plus de 11 000 décès. Ce cancer est redouté pour son diagnostic tardif, faute de symptômes clairs dans les premiers stades. Fatigue chronique, douleurs abdominales diffuses, perte de poids inexpliquée : ces signes apparaissent souvent trop tard.
Avec un taux de survie à 5 ans inférieur à 10 %, il est considéré comme l’un des cancers les plus agressifs. Dès lors, la prévention est notre meilleure arme, et la réduction des facteurs de risque, dont l’alcool, devient une priorité de santé publique.
L’alcool, un cancérigène sous-estimé
Depuis plusieurs années, les experts alertent sur les effets cancérigènes de l’alcool. Le lien est bien établi pour les cancers de la bouche, de l’œsophage, du foie, du sein et du côlon. Mais cette étude vient confirmer ce que l’on pressentait depuis longtemps : le pancréas est aussi une victime de l’alcool.
Contrairement à certaines idées reçues, il n’y a pas de bon alcool pour la santé. Le vin rouge, les bières artisanales ou les spiritueux ne font pas exception. En février 2025, l’OMS Europe a d’ailleurs appelé à l’apposition d’étiquettes sanitaires sur les bouteilles d’alcool, rappelant les risques de cancer associés à leur consommation, une mesure similaire à celles en vigueur pour le tabac.
Et maintenant, comment agir ?
La première étape, c’est l’information. Trop de personnes ignorent encore le lien entre alcool et cancer. Ensuite, il s’agit de réévaluer sa consommation personnelle : sans se priver totalement, il est possible de boire autrement, en limitant les occasions et en explorant des alternatives (mocktails, boissons sans alcool, etc.).
Les autorités de santé recommandent des jours sans alcool dans la semaine, et une consommation aussi faible que possible, surtout si d’autres facteurs de risque sont présents (tabagisme, diabète, obésité). Pour ceux qui rencontrent des difficultés à réduire leur consommation, parler avec un professionnel de santé peut être une démarche salutaire.
À SAVOIR
Santé publique France recommande de ne pas dépasser 10 verres d’alcool par semaine, avec un maximum de 2 verres par jour, et de prévoir des jours sans consommation.







