Femme souffrant d'une maladie inflammatoire de l'inestin
Une maladie invisible mais invalidante : Malgré une apparence normale, les patients souffrent de douleurs, de fatigue chronique et de troubles digestifs impactant leur quotidien. © Freepik - katemangostar

Les MICI affectent plus de 270 000 personnes en France, touchant principalement les jeunes adultes entre 20 et 40 ans, mais pouvant survenir à tout âge. Ces maladies chroniques évoluent par alternance de poussées et de rémissions, impactant significativement la qualité de vie des patients. Bien que leur origine exacte reste méconnue, les avancées médicales permettent aujourd’hui une meilleure prise en charge de ces pathologies complexes. Le point.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont des affections complexes qui touchent le système digestif. Parmi elles, la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH) sont les plus connues. La maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, sont des pathologies auto-immunes affectant le tube digestif.

Ces pathologies, bien que partageant certaines similitudes, présentent des caractéristiques distinctes qui influencent leur diagnostic, leur traitement et leur impact sur la vie des patients. En effet, marquées par des épisodes de poussées inflammatoires et de rémissions, elles nécessitent un suivi médical rigoureux et une adaptation du mode de vie.

Malgré des avancées thérapeutiques majeures, les MICI restent incurables à ce jour.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont caractérisées par une inflammation chronique d’une partie du tube digestif. Cette inflammation peut toucher différentes zones selon la pathologie spécifique, entraînant des symptômes variés et parfois invalidants.

La maladie de Crohn : une maladie beaucoup trop silencieuse

La maladie de Crohn peut toucher tout le tube digestif, de la bouche à l’anus, mais elle affecte principalement l’iléon terminal et le côlon. L’inflammation dans la MC est souvent discontinue, alternant des zones saines et enflammées le long de la paroi intestinale. 

Ses symptômes incluent :

  • Douleurs abdominales chroniques,
  • Diarrhées fréquentes, parfois sanglantes,
  • Perte de poids, fatigue intense,
  • Fistules et abcès intestinaux, complications graves nécessitant une prise en charge chirurgicale.

La rectocolite hémorragique : des particularités bien spécifiques

Contrairement à la MC, la RCH se limite au gros intestin (côlon) et au rectum. L’inflammation dans la RCH est continue, débutant généralement au niveau du rectum et pouvant s’étendre vers le haut du côlon. Cette localisation spécifique entraîne des symptômes caractéristiques, elle se manifeste par :

  • Selles sanglantes et diarrhées mucoïdes.
  • Crampes abdominales, envies impérieuses d’aller à la selle.
  • Anémie, due aux saignements répétés.
  • Risque accru de cancer colorectal après plusieurs années d’évolution.

Comment on diagnostique ?

Le diagnostic des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin repose sur une combinaison d’examens cliniques, biologiques, endoscopiques et d’imagerie médicale.

  • Examens d’imagerie : radiographie, échographie, scanner et IRM peuvent être utilisés pour évaluer l’étendue de la maladie.
  • Analyses sanguines : elles peuvent révéler un état inflammatoire, des carences nutritionnelles et la présence de marqueurs spécifiques.
  • Analyse des selles : la recherche de calprotectine permet d’évaluer l’inflammation intestinale.
  • Coloscopie : c’est l’examen de référence, permettant une visualisation directe de la paroi intestinale et la réalisation de biopsies.

Quels traitements ?

Le traitement des MICI vise à contrôler l’inflammation, soulager les symptômes et prévenir les complications. Ainsi, il repose sur différentes classes de médicaments. L’approche thérapeutique est personnalisée en fonction de la sévérité de la maladie, de sa localisation et des caractéristiques du patient.

  • Anti-inflammatoires : 5-aminosalicylés et corticoïdes pour traiter les poussées.
  • Immunosuppresseurs : utilisés pour le traitement de fond (cyclosporine, azathioprine, méthotrexate).
  • Biothérapies : anticorps monoclonaux comme l’infliximab ou l’adalimumab, efficaces dans les formes sévères.
  • Traitements symptomatiques : anti-diarrhéiques et compléments alimentaires.
  • Chirurgie : en dernier recours, pour traiter les complications ou en cas de résistance aux traitements.

Des complications sont-elles possibles ?

Les MICI peuvent entraîner diverses complications comme:

  • Complications digestives : sténoses, fistules, abcès, perforations intestinales.
  • Complications extra-digestives : arthrite, lésions cutanées, inflammations oculaires.
  • Risque accru de cancer colorectal : nécessitant une surveillance régulière.
  • Complications liées aux traitements : effets secondaires des médicaments, risques infectieux liés aux immunosuppresseurs.

Tristesse, isolement, l’impact psychologique

Les MICI influencent profondément la qualité de vie des patients, bien au-delà des symptômes physiques. La fatigue chronique, les douleurs abdominales récurrentes et la peur des crises ou des urgences intestinales entraînent souvent une forte anxiété, une perte de confiance en soi et un isolement social.

Les sorties, les voyages ou même les activités professionnelles peuvent devenir sources de stress, notamment en raison de la nécessité d’avoir rapidement accès à des toilettes. Cette crainte constante peut conduire à une restriction des interactions sociales, voire à une dépression.

Le soutien psychologique joue un rôle clé dans la prise en charge des patients atteints de MICI. Des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) peuvent aider à gérer le stress et l’anxiété liés à la maladie. Par ailleurs, l’entourage joue un rôle fondamental : un dialogue ouvert avec la famille, les amis et les collègues permet souvent de mieux vivre avec la pathologie et d’atténuer la stigmatisation.

L’alimentation peut vous soulager

L’alimentation joue un rôle clé dans la gestion des MICI, bien qu’elle ne soit pas la cause directe de ces maladies. En effet, adapter son régime alimentaire permet de limiter l’inflammation, de prévenir les carences nutritionnelles et d’améliorer la qualité de vie des patients.

Lors des phases inflammatoires aiguës, l’objectif est de réduire les irritations digestives et d’apporter des aliments faciles à digérer :

  • En période de poussée :
    • Privilégier une alimentation pauvre en résidus (riz blanc, viandes maigres, compotes),
    • Éviter les aliments irritants, comme les fibres insolubles (légumes crus, céréales complètes), les produits laitiers en cas d’intolérance, les épices, le café et l’alcool.
    • Augmenter les apports en protéines : En phase active de la maladie, les besoins protéiques sont accrus pour favoriser la cicatrisation de la muqueuse intestinale. Les recommandations sont une consommation de 1,2 à 1,5 g/kg/jour chez l’adulte.
    • Favoriser une bonne hydratation : consommer suffisamment d’eau pour compenser les pertes liées aux diarrhées.

Une fois la poussée contrôlée, il est essentiel de diversifier l’alimentation pour couvrir tous les besoins nutritionnels :

  • En phase de rémission :
    • Réintroduire tout d’abord les légumes cuits et épépinés comme la courgette. Élargir ensuite aux légumes crus tels que la carotte, les tomates mûres pelées et épépinées et le cœur de laitue. Enfin, si votre tolérance le permet, vous pourrez réintroduire progressivement tous les légumes.
    • Commencer par tester les fruits crus bien mûrs, pelés et épépinés (en excluant figues, fraises et autres baies, les kiwis) puis adapter en fonction de votre tolérance.
    • Introduire progressivement les légumineuses (lentilles corail, pois cassé en purée) et les aliments contenant des céréales complètes.
    • En fonction de la tolérance au lactose, commencer par des yaourts nature ou du fromage à pâte dure (Comté, Emmental) avant d’introduire d’autres produits laitiers.

Éviter dans un premier temps les aliments riches en fibres irritantes (choux, poivrons, légumes crus, légumineuses complètes, fruits secs), les épices fortes, les plats trop gras ou frits. L’essentiel est d’avancer à votre rythme !

Qui peut vous aider ?

Les associations de patients, comme l’Association François Aupetit (AFA), jouent un rôle crucial dans l’accompagnement en offrant des groupes de parole, des conseils pratiques et du soutien psychologique. En effet, ces structures permettent d’échanger avec d’autres personnes confrontées aux mêmes défis et de partager des expériences enrichissantes.

Par ailleurs, l’accès aux innovations thérapeutiques, aux essais cliniques et aux nouvelles approches en nutrition et en microbiote sont des éléments essentiels pour améliorer la prise en charge des patients et leur qualité de vie.

Pour conclure, les MICI restent encore mal connues du grand public, bien qu’elles affectent un nombre croissant de personnes. Sensibiliser à ces maladies, améliorer le diagnostic précoce et favoriser l’éducation thérapeutique sont des enjeux majeurs.

Vivre avec une MICI implique bien plus qu’une simple prise en charge médicale : il s’agit d’un véritable parcours d’adaptation. De l’ajustement de l’alimentation à l’accompagnement psychologique, chaque patient doit trouver les stratégies qui lui permettent de mieux gérer la maladie.

À SAVOIR

La loi du 11 février 2005 a élargi la définition du handicap, permettant la reconnaissance de troubles de santé invalidants comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) en tant que handicap. L’accès à des droits tels que la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) est maintenant possible, même si le handicap n’est pas visible.

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