Fatigue persistante, douleurs musculaires, immunité à plat… Ces signaux d’alerte peuvent cacher une carence en vitamine D. Pourtant essentielle au bon fonctionnement de notre corps, cette vitamine est souvent négligée. Et les conséquences à long terme peuvent être sérieusement préoccupantes. On vous explique.
On l’appelle souvent la « vitamine du soleil » et pour cause : c’est principalement grâce à l’exposition aux UVB que notre corps en fabrique. La vitamine D n’est pourtant pas anodine. Elle joue un rôle central dans notre santé osseuse, notre système immunitaire, nos muscles, notre cerveau… Bref, elle agit partout. Et quand elle vient à manquer, les ennuis commencent.
Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), 70 à 80 % des Français présenteraient un déficit en vitamine D à la sortie de l’hiver. Une statistique qui donne à réfléchir, surtout quand on connaît les effets délétères de cette carence sur notre santé.
La carence en vitamine D n’est pas anodine
Des os fragilisés… mais pas que !
On pense immédiatement à l’ostéoporose ou à l’ostéomalacie (une déminéralisation osseuse sévère), et à juste titre. La vitamine D est indispensable à l’absorption du calcium. Sans elle, nos os deviennent cassants, fragiles, plus sujets aux fractures, surtout après 50 ans.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car la carence en vitamine D est aujourd’hui associée à de nombreuses maladies chroniques.
Arthrose : l’inflammation en embuscade
Des chercheurs ont établi un lien entre de faibles taux de vitamine D et un risque accru d’arthrose, notamment du genou.
Cette carence favorise l’inflammation articulaire et la dégradation du cartilage. Résultat : douleurs, raideurs et perte de mobilité peuvent s’installer plus vite qu’on ne le croit.
Maladies cardiovasculaires : le cœur aussi en danger
Le cœur a aussi besoin de vitamine D pour fonctionner correctement. Plusieurs études épidémiologiques ont montré qu’un déficit chronique augmentait le risque d’hypertension artérielle, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d’infarctus.
La vitamine D aide à réguler la pression artérielle et joue un rôle dans l’élasticité des vaisseaux.
Diabète de type 2 : un facteur aggravant
Des recherches publiées dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism indiquent qu’une carence en vitamine D pourrait perturber la régulation de l’insuline et donc favoriser la résistance à cette hormone.
Une mauvaise nouvelle pour les personnes à risque de développer un diabète de type 2.
Sclérose en plaques : un lien immunitaire troublant
La SEP est une maladie auto-immune qui touche le système nerveux central. Or, la vitamine D intervient dans la modulation de notre système immunitaire.
Une étude publiée dans Neurology a mis en évidence une corrélation entre des taux faibles de vitamine D et un risque accru de développer la maladie. Elle pourrait aussi ralentir sa progression.
Psoriasis : quand la peau tire la sonnette d’alarme
Le psoriasis, cette affection inflammatoire de la peau, serait aussi influencé par le statut en vitamine D. Plusieurs études montrent que les patients atteints présentent souvent une carence plus importante que la normale.
La vitamine D aide à réguler le renouvellement cellulaire, ce qui pourrait atténuer les poussées inflammatoires.
Fatigue, infections à répétition, troubles de l’humeur : des signes qui ne trompent pas
Au quotidien, un déficit en vitamine D peut se manifester de façon plus insidieuse : fatigue constante, baisse de moral, infections ORL à répétition, douleurs musculaires ou crampes… Des petits signes souvent banalisés, mais qui méritent qu’on s’y attarde.
Et pour cause : la vitamine D joue un rôle dans la production de sérotonine (l’hormone du bonheur) et dans l’activation de nos cellules immunitaires. Une carence chronique peut donc réellement impacter notre bien-être général.
Supplémentation : faut-il tous en prendre ?
Pas si vite. La mode des compléments alimentaires pousse à la surconsommation… Or, une supplémentation injustifiée peut être inutile, voire dangereuse. L’Anses rappelle qu’un excès de vitamine D peut entraîner une hypercalcémie (trop de calcium dans le sang), avec des conséquences sur les reins et le cœur.
Le bon réflexe : faire doser son taux sanguin de 25(OH)D via une prise de sang (sur prescription), surtout en cas de symptômes ou de facteurs de risque. Ensuite, c’est votre médecin qui pourra déterminer si une supplémentation est nécessaire et à quelle dose.
Comment éviter la carence en vitamine D ?
Voici quelques conseils simples pour maintenir un bon taux :
- S’exposer au soleil : 15 à 30 minutes par jour, bras et visage découverts, sans crème solaire (et hors heures à risque).
- Manger des aliments riches en vitamine D : poissons gras (saumon, maquereau, sardines), œufs, foie, champignons.
- Bouger régulièrement : l’activité physique stimule l’activation de la vitamine D.
La carence en vitamine D est bien plus qu’un simple déficit saisonnier. Elle peut favoriser ou aggraver de nombreuses maladies chroniques : osseuses, articulaires, métaboliques, cardiovasculaires, neurologiques… Face à ces risques, le dépistage et la prévention doivent devenir une priorité.
À SAVOIR
Les personnes à la peau foncée sont plus à risque de carence en vitamine D. La mélanine agit comme un filtre naturel contre les UVB, ce qui réduit la capacité de la peau à produire de la vitamine D. Selon l’Inserm, une personne à la peau très foncée a besoin de 3 à 5 fois plus de temps d’exposition au soleil pour synthétiser la même quantité de vitamine D qu’une personne à la peau claire.