Des poêles antiadhésives probablement contaminées par des perfluorés.
Les PFAS sont des polluants chimiques persistants, susceptibles d'être utilisés et présents sur de nombreux produits du quotidien, comme les poêles antiadhésives ou les imperméables. © Freepik

Deux ans après la révélation de la pollution aux PFAS dans le sud de Lyon, le scandale sanitaire prend une ampleur nationale. Identifiés un peu partout dans le monde, les perfluorés ne parlent pas à grand monde et leurs effets sur la santé restent largement méconnus. Ces polluants chimiques sont pourtant omniprésents, que ce soit dans l’air, dans les sols ou dans de nombreux produits du quotidien. Cependant, leur utilisation à des concentrations excessives pose aujourd’hui de graves problèmes de santé publique. Le Dr Sylvie Gaglione Rolland, médecin généraliste et nutritionniste à Bron (Rhône), et le Dr Julien Biaudet, chercheur au Centre de Lutte contre le Cancer Léon-Bérard à Lyon, nous éclairent sur leur impact et les moyens de s’en prémunir.

Les PFAS, ces polluants éternels qui secouent l’actualité dans la région lyonnaise, sont utilisés principalement pour leurs effets antiadhésifs, imperméables et résistants aux taches. Des propriétés qui les rendent utiles dans de nombreux produits de consommation courante, tels que les emballages alimentaires et les vêtements imperméables.

Ces composés poly- et perfluoroalkylés, générés par l’activité humaine, constituent une vaste famille de plus de 4 000 composés chimiques. Persistants et omniprésents, ils se retrouvent dans l’air, le sol, les eaux des rivières, l’eau potable ainsi que dans la nourriture et même dans le corps humain.

En cas d’exposition importante, les perfluorés peuvent entraîner des répercussions graves sur la santé, contre lesquelles on peut se prémunir en adoptant des réflexes simples, comme l’expliquent le Dr Sylvie Gaglione Rolland médecin généraliste et experte en alimentation à Bron (Rhône), et le Dr Julien Biaudet, chercheur au Centre de Lutte contre le Cancer Léon-Bérard à Lyon.

La nature du danger réside dans le caractère invasif de ces perturbateurs endocriniens : ils sont omniprésents. “Les PFAS s’infiltrent dans les eaux souterraines par le biais des déchets industriels, contaminent les terres agricoles en tant que pesticides et fertilisants, et polluent l’air.” souligne Dr Julien Biaudet.

Ces composés ont la capacité de s’accumuler dans les organismes vivants, y compris les humains. Une fois introduits dans l’organisme, ils peuvent se concentrer dans les tissus et les organes et entraîner des effets néfastes sur la santé. Selon Santé publique France, 100 % de la population française serait aujourd’hui imprégnée par les composés perfluorés.

On peut trouver des traces de PFAS dans de nombreux objets du quotidien, tels que :

  • Vêtements et textiles : vêtements de pluie, moquettes, tissus d’ameublement
  • Outils de cuisine : poêles antiadhésives
  • Produits électroniques : téléphones portables, fils électriques et câbles, batteries
  • Produits ménagers : agents imperméabilisants et antitaches, lubrifiants et cires pour sols et voitures, désinfectants pour les mains
  • Produits de beauté et d’hygiène : cosmétiques, lentilles de contact
  • Matériaux de construction et d’isolation : revêtements de sol et muraux, isolants pour fils électriques
  • Emballages alimentaires résistants aux graisses : en carton ou en papier

S’il va de soi qu’une action globale est nécessaire pour limiter leur production et leur rejet, il existe néanmoins des mesures pour réduire l’exposition aux PFAS :

  • Limitez l’utilisation de produits imperméables et antitaches, et les ustensiles de cuisine et poêles avec un revêtement antiadhésif.

« Les ustensiles de cuisine sont directement en contact avec les aliments que vous mangez. Et les échanges de particules sont accentués avec la hausse de température lors de la cuisson. » souligne Dr Sylvie Gaglione Rolland. « Je recommande de choisir des matériaux sans revêtements comme l’inox pour les casseroles, moules, plaques de cuisson et ustensiles. La céramique est idéale pour les plats au four, le verre aussi. Pour les poêles, optez pour le fer, et pour les crêpières et casseroles, la fonte est excellente. Utilisez des ustensiles en bois. »

  • Filtrez votre eau potable avec un filtre à charbon actif de qualité pour éliminer les perfluorés.
  • Nettoyez régulièrement votre maison pour éliminer les poussières qui peuvent contenir des PFAS.

Pour les produits ménagers, pensez à des solutions moins toxiques comme le savon de Marseille, le bicarbonate, le vinaigre blanc ou le percarbonate. Lorsque vous rénovez votre habitation, faites-vous conseiller sur les matériaux sains qui constitueront votre habitat. Cherchez des références d’artisans ou d’architectes spécialisés dans ce domaine. » conseille la médecin généraliste.

  • Laver fréquemment vos mains avec du savon, surtout avant de manger.
  • Privilégiez des produits cosmétiques naturels, comme les huiles, et des vêtements en fibres naturelles.

Les PFAS pénètrent dans notre organisme et perturbent notre système endocrinien, indispensable au bon fonctionnement hormonal de notre corps. Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables à ces effets. Ces substances chimiques ont une multitude d’effets négatifs sur notre corps, tels que :

Effet sur le système endocrinien :

Effets sur le système immunitaire :

Effets sur le système cardiovasculaire :

Risque de cancer :

Autres problèmes de santé :

“Les PFAS sont très nombreux et présentent des caractéristiques différentes. Aujourd’hui, le Centre International de Recherche sur le Cancer a classé deux types de PFAS : le PFOA (groupe 1), reconnu comme cancérigène pour l’humain, et le PFOS (groupe 2), potentiellement cancérigène pour l’humain”, explique le Dr Julien Biaudet.

À SAVOIR 

Les sources d’informations sur les PFAS sont relativement rares. Le site de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) regroupe néanmoins des informations relativement complètes sur cette problématique de santé publique.

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Vincent Dallée
En troisième année de journalisme à l'ISFJ et créateur d'un petit média scientifique, Vincent Dallée développe ses talents rédactionnels pour Ma Santé, animé par la mission du journaliste d'informer les gens sur leur santé.

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