Le Pneumobile, avec scanner embarqué et unité de soins, est le tout premier cabinet mobile destiné au dépistage des maladies respiratoires à être mis en service en France. Imaginé par les équipes de pneumologie des Hospices Civils de Lyon, ce camion médical a pour mission d’améliorer le dépistage des maladies respiratoires, au premier rang desquelles le cancer du poumon, dans les coins les plus reculés d’Auvergne-Rhône-Alpes. Une initiative suffisamment ambitieuse pour justifier son inauguration par le ministre de la Santé en personne, ce vendredi 6 juin sur le parvis de l’hôpital Lyon-Sud.
Si Yannick Neuder, le ministre de la Santé, a personnellement tenu à en présider le lancement, ce n’est certainement pas uniquement parce que le Pneumobile a vu le jour dans sa région d’origine : Auvergne-Rhône-Alpes. Le représentant de l’État, par sa présence, a souligné toute la légitimité d’une initiative que les Hospices Civils de Lyon ont mis plusieurs années à voir éclore.
C’est désormais réalité : à compter de ce mois de juin, et grâce à l’implication financière de nombreux acteurs (Région AuRA, ARS AuRA, Union Européenne, AstraZeneca, Ligue contre le cancer…), le tout premier cabinet mobile dédié au dépistage des maladies respiratoires va enfin sillonner les routes d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Son périple débute le 16 juin par le Puy-de-Dôme. D’ici cet automne, le Pneumobile aura également fait escale au fin fond de l’Ain, de la Drôme, de la Haute-Savoie ou encore de la Haute-Loire. À chaque fois dans des territoires en proie aux plus fortes inégalités en matière d’accès aux soins. “Nous ne sommes pas uniquement là pour inaugurer un camion”, rappelait ce vendredi 6 juin le directeur général des HCL, Raymon Le Moign. “Cette innovation incarne une politique de santé moderne, qui répond aux attentes des concitoyens et s’adapte aux réalités du territoire”.
Cancer du poumon : “dépister la maladie à des stades offrant un meilleur pronostic“
L’enjeu principal de ce cabinet médical itinérant concerne le dépistage du cancer du poumon. Sa cible prioritaire ? Tout fumeur ou ex-fumeur de 50 à 74 ans. “Le tabac est responsable de 8 cancers du poumon sur 10“, explique le Pr Sébastien Couraud, chef du service de pneumologie de l’hôpital Lyon Sud, d’où a été lancé le Pneumobile. “La quantité de cigarettes annuelle est l’un des plus importants facteurs de risque, mais aussi la durée totale de cette consommation sur une vie. Si les récentes études prouvent que le dépistage précoce est un levier puissant, il doit être associé à la lutte contre les facteurs de risque, particulièrement la prévention de la consommation du tabac, pour inverser la tendance et dépister la maladie à des stades offrant un meilleur pronostic”.
La prévention n’est donc plus le seul voeu pieux d’une poignée de visionnaires déterminés à révolutionner un système de santé français exsangue, dont les vertus dépassées misaient jusqu’il y a peu sur le tout curatif. “Notre médecine doit s’orienter vers la prévention et cela se traduira dans la prochaine loi de finances”, promet Yannick Neuder. Car “le meilleur des traitements est bien celui que l’on ne délivre pas. Le dépistage précoce est l’un des leviers les plus puissants pour sauver des vies, à condition qu’il soit accessible à toutes et tous. Ce camion mobile incarne une médecine qui va vers, qui anticipe, et qui agit là où les inégalités sont les plus criantes“.
Un scanner embarqué, des consultations de tabacologie, des examens de spirométrie…
Pour concrétiser cette stratégie, le Pneumobile a été équipé pour proposer un parcours de soins complet, entre consultations de tabacologie et examens (spirométrie…). Le camion est notamment doté d’un scanner, dont les résultats pourront être interprétés à distance par des radiologues des Hospices Civils de Lyon.
24 professionnels de santé des HCL ont été affectés, par rotation, au déploiement du camion, qui en fonction de ses étapes pourra aussi bénéficier de la contribution des médecins et autres soignants locaux.
En matière d’accès aux soins, le mal est profond en France, où les déserts médicaux s’accentuent à mesure que s’accroît la pénurie de soignants. D’où le recours à cet étonnant remède : le patient ne va plus vers le soin, c’est désormais le soin qui va vers le patient. En Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs initiatives de ce type ont déjà fait leurs preuves, à l’image du GreenCab, ce cabinet dentaire éphémère qui effectue depuis trois ans des sauts de puce entre les différentes zones les moins dotées.
Le modèle du Pneumobile devra donc s’exporter dans d’autres régions. Mais à quelle échéance ? Alors que chacun, sur le parvis de l’hôpital Lyon-Sud d’où s’est ébranlé le camion, s’extasiait devant la légitimité d’une telle innovation, on peut se poser la question du nombre d’années qu’il a fallu aux Hospices Civils de Lyon pour transformer le projet en réalité.
Cheville ouvrière du dispositif, le Pr Couraud en avait en effet présenté les premières esquisses à un vice-président de la Région AuRA chargé de la recherche et de l’innovation particulièrement enthousiaste : un certain… Yannick Neuder. C’était en 2017, mais l’enthousiasme et la bonne volonté ne suffisent pas toujours à accélérer le temps.
À SAVOIR
Vous pouvez consulter le parcours du Pneumobile et découvrir ses villes-étapes sur le site web du service de pneumologie de l’hôpital Lyon-Sud. Vous pourrez également répondre à un questionnaire d’éligibilité et vous inscrire directement en ligne sur les plages de réservation.
