Une femme atteinte du syndrome des ovaires polykystiques SOPK qui se rend chez le médecin pour vérifier sa tension artérielle.
En France, près d’un adulte sur trois est concerné par l’hypertension artérielle, selon Santé publique France. © Adobe Stock

Longtemps considéré comme un simple trouble hormonal, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) révèle aujourd’hui un risque cardiovasculaire accru. Selon plusieurs études, les femmes concernées présenteraient jusqu’à 19 % de risque supplémentaire de maladies du cœur et des vaisseaux. Explications.

C’est l’un des troubles endocriniens les plus fréquents chez la femme. Le syndrome des ovaires polykystiques toucherait environ une femme sur dix en âge de procréer en France, selon l’Assurance maladie. Les symptômes varient, mais la triade classique associe des règles irrégulières, un excès d’androgènes (pilosité, acné) et parfois la présence d’ovaires à l’aspect polykystique à l’échographie.

Derrière ce portrait hormonal se cachent des désordres métaboliques profonds avec une  résistance à l’insuline, une prise de poids abdominale, des anomalies du cholestérol et une tension artérielle élevée. L’Inserm rappelle que ces facteurs « constituent un terrain favorable au développement d’un syndrome métabolique », premier pas vers les maladies cardiovasculaires.

Or, cette dimension est encore trop peu connue. « Le SOPK ne se limite pas à une histoire d’ovaires ou de fertilité. C’est une question de santé globale », souligne le Dr Céline Delorme, endocrinologue au CHU de Lyon. « Les femmes doivent être accompagnées bien au-delà de leur parcours gynécologique. »

Il provient d’une estimation relayée par la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire, fondée sur des travaux internationaux de cohorte. Il correspond à une augmentation moyenne du risque d’événements cardiovasculaires (infarctus, AVC, insuffisance cardiaque) observée chez des femmes atteintes de SOPK, comparées à celles qui n’en souffrent pas. Mais la littérature scientifique révèle des chiffres souvent plus marqués. Une méta-analyse internationale publiée en 2024 dans le Journal of the American Heart Association (JAHA) a analysé les données de plus de 400 000 femmes :

Ces chiffres ne traduisent pas une fatalité, mais une réalité épidémiologique. Le SOPK constitue bel et bien un facteur aggravant cardiovasculaire. L’ampleur du risque varie selon l’âge, l’indice de masse corporelle, le tabagisme ou la présence d’un diabète.

Comment le SOPK fragilise le cœur ?

Les mécanismes sont complexes, mais plusieurs pistes se recoupent :

  • Insulinorésistance chronique : le pancréas sécrète davantage d’insuline pour compenser, favorisant l’hyperglycémie et la dyslipidémie.
  • Inflammation de bas grade : les marqueurs inflammatoires (IL-6, TNF-α) sont plus élevés, contribuant à la rigidité des artères.
  • Excès d’androgènes : l’hormone mâle stimule la formation de plaques d’athérome.
  • Obésité abdominale : elle accentue tous ces phénomènes.

Le cœur des femmes atteintes de SOPK vieillit plus vite. Et même si les infarctus sont rares avant 40 ans, les marqueurs de rigidité artérielle apparaissent plus tôt.

En France, un enjeu de santé publique encore sous-estimé

Les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité chez les femmes françaises, derrière le cancer, selon Santé publique France : environ 140 000 décès chaque année, dont plus de 18 000 liés aux AVC.

Pourtant, la dimension hormonale et métabolique féminine reste mal intégrée dans les politiques de prévention. Le SOPK n’apparaît pas encore comme facteur de risque officiel dans les recommandations cardiologiques. Cette lacune est préoccupante. Beaucoup de femmes, diagnostiquées à 25 ou 30 ans pour des troubles du cycle, ne sont jamais informées du lien avec le risque cardiaque. C’est un angle mort médical.

Le SOPK : prévenir plutôt que subir

Les études montrent qu’une perte de poids de 5 à 10 %, une activité physique régulière (150 min/semaine), et une alimentation riche en fibres et pauvre en sucres rapides peuvent réduire significativement l’insulinorésistance et améliorer le profil lipidique.

Dès le diagnostic, un bilan métabolique complet devrait être proposé : 

Et un suivi annuel est conseillé, même chez les femmes jeunes.Le rôle du médecin généraliste et du gynécologue est crucial : détecter les signaux d’alerte et orienter vers un cardiologue ou un endocrinologue si nécessaire. Certaines patientes bénéficient aussi de la metformine, un médicament antidiabétique qui améliore la sensibilité à l’insuline.

À SAVOIR

Selon une étude publiée en 2024 dans la revue International Journal of Molecular Sciences (MDPI), les femmes atteintes de SOPK présenteraient aussi plus fréquemment une hyperfiltration rénale, signe précoce de stress métabolique pouvant augmenter le risque de complications cardiovasculaires et rénales à long terme.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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