Une femme qui a mal partout et qui a du mal à se lever.
Vous aussi, vous avez tout un tas de douleurs inexpliquées ? © Freepik

Fatigue, courbatures, tensions dans la nuque ou les épaules… Vous avez mal partout, sans comprendre pourquoi ? Entre stress, sommeil agité, sédentarité et dérèglement nerveux, ces douleurs diffuses sont devenues le nouveau mal des trentenaires actifs. Si elles semblent venir de nulle part, elles ont souvent une explication.

Vous vous levez fatigué, vous dormez mal, le dos en compote, les épaules en béton, les jambes lourdes… Pourtant, aucune chute, pas de sport intensif, pas de virus à l’horizon. Juste cette impression étrange d’avoir mal partout sans raison. Un mal diffus, sournois, parfois épuisant, qui s’installe sans prévenir et résiste aux anti-douleurs du quotidien.

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul. Selon une enquête de l’Inserm publiée en 2023, près d’un adulte sur cinq en France souffre de douleurs chroniques persistantes, souvent sans cause apparente. Et parmi eux, une majorité de trentenaires actifs. Une génération ultra-connectée, souvent stressée, qui court après le temps, et que son corps finit par rattraper.

Mais d’où viennent ces douleurs ? Sont-elles dans la tête, dans les nerfs, dans les muscles ? Comment faire la différence entre fatigue passagère, fibromyalgie ou simple surmenage ? Et surtout, que faire quand la douleur devient un bruit de fond permanent ?

La fibromyalgie, la plus connue des douleurs diffuses

La fibromyalgie est une maladie chronique qui provoque des douleurs dans tout le corps, souvent accompagnées d’une fatigue intense, de troubles du sommeil et d’un moral en dents de scie. En France, elle toucherait environ 1,6 % de la population, d’après l’étude DEFI menée par l’Inserm. Soit plus d’un million de personnes, souvent jeunes et actives. Le plus frustrant c’est qu’aucun examen ne permet de la confirmer. Les radios sont normales, les analyses aussi.

Ce syndrome est lié à un dérèglement du système nerveux. Le corps perçoit la douleur comme un danger permanent, même sans blessure. Le système de la douleur fonctionne mal. Il envoie un signal d’alarme alors que rien ne brûle. Le stress, un choc émotionnel, une infection ou un burn-out peuvent en être les déclencheurs.

Les douleurs “nociplastiques” : quand le cerveau s’emballe

Ces dernières années, les chercheurs parlent de plus en plus de douleurs nociplastiques. En clair, votre cerveau interprète mal les signaux de votre corps et amplifie la douleur. Une étude publiée en 2024 dans la revue PAIN Journal montre que, chez certains patients, les zones du cerveau responsables de la douleur restent actives même au repos. C’est un peu comme un détecteur de fumée qui continue de biper alors qu’il n’y a plus rien sur le feu.

Ces douleurs peuvent apparaître après un stress important, une infection virale (comme le COVID long) ou un accident ancien. Elles sont invisibles sur les examens, ce qui peut faire douter… mais elles sont bel et bien physiques.

À Clermont-Ferrand, les chercheurs de l’unité Inserm Neuro-Dol ont même identifié des marqueurs cérébraux de cette hypersensibilité à la douleur. Une preuve que le corps ne ment pas.

Les causes inflammatoires ou auto-immunes : à ne pas négliger

Parfois, la douleur généralisée cache une maladie inflammatoire : 

Ces pathologies auto-immunes provoquent des douleurs dans tout le corps, souvent plus fortes le matin, avec une raideur durable. La différence ? Elles s’accompagnent souvent d’autres symptômes : articulations gonflées, fièvre légère, grande fatigue, analyses sanguines anormales.

Selon l’Inserm, près de 12 % des adultes français souffrent de douleurs liées à une inflammation chronique. Si vos douleurs persistent depuis plus de trois mois, ou s’aggravent sans explication, une consultation s’impose. Le médecin pourra demander un bilan sanguin pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une maladie inflammatoire ou auto-immune.

Quand le stress et la charge mentale s’impriment dans le corps

Vous dormez mal, vous courez toute la semaine, votre cerveau ne s’arrête jamais ? Bienvenue dans le club des trentenaires sous tension. Le stress chronique agit comme un accélérateur de douleurs. Sous l’effet du stress, le corps produit plus de cortisol, l’hormone de survie. Sur le court terme, elle aide à tenir. Mais à force, elle dérègle tout : muscles contractés, inflammation silencieuse, sommeil fragmenté… et la douleur devient constante.

L’Université de Bordeaux a montré en 2022 que le stress professionnel multiplie par 1,8 le risque de douleurs musculosquelettiques chroniques. Ces douleurs ne sont pas “dans la tête”, mais bien dans le corps. En réalité, la douleur chronique, c’est une émotion physique. Elle s’entretient par la fatigue, la tension et la peur d’avoir mal.

C’est pourquoi les thérapies du corps et du mental (méditation, sophrologie, cohérence cardiaque) sont aujourd’hui reconnues comme efficaces pour apaiser les douleurs chroniques selon l’Inserm.

Posture, sédentarité et surmenage : le trio infernal

Le corps bouge mal, ou pas assez. Entre les journées de télétravail, les trajets assis et les heures passées sur un écran, notre mode de vie moderne est une invitation à la raideur. Entre le canapé et le bureau, on a oublié de marcher. Et à force, c’est le corps qui nous le rappelle.

Le Conseil national de l’Ordre des kinésithérapeutes alertait en 2024. 8 actifs sur 10 déclarent souffrir de douleurs posturales chroniques depuis la généralisation du télétravail et du travail de bureau. Les plus fréquentes : 

Et à l’inverse, l’hyperactivité mal gérée, comme le running intensif ou le crossfit sans récupération, abîme aussi les tissus musculaires. Le corps n’a pas le temps de réparer, et finit par “crier” son épuisement. 

Les douleurs diffuses ne sont pas toujours alarmantes, mais elles méritent d’être écoutées. On consulte quand :

  • elles durent plus de 3 mois ;
  • elles s’accompagnent de fatigue importante, de fièvre ou d’une gêne au quotidien ;
  • elles s’aggravent sans cause apparente.

Le médecin généraliste est le premier interlocuteur. Il peut orienter vers un centre de la douleur chronique. Il en existe plus de 250 en France, regroupant médecins, kinés, psychologues et ergothérapeutes.

Avoir mal partout, ce n’est pas une fatalité. Les solutions existent, souvent simples, mais demandent de la régularité.

  • Bouger un peu chaque jour reste le traitement le plus efficace. Pas besoin d’un marathon : une marche rapide, du yoga, ou du vélo doux suffisent à réveiller les circuits naturels de l’antidouleur.
  • Dormir mieux : un coucher régulier, une chambre fraîche, sans écrans ni notifications pour éviter les nuisances inutiles et la lumière bleue. Le sommeil répare plus qu’on ne le pense.
  • Respirer : la méditation ou la cohérence cardiaque calment le système nerveux et réduisent la perception de la douleur.

Et surtout, ne pas rester seul : parler de sa douleur, c’est déjà la reconnaître.

À SAVOIR 

Selon un rapport de Santé publique France publié en 2024, près d’un tiers des consultations médicales en soins primaires concernent aujourd’hui la douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique. Pourtant, à peine une personne sur deux souffrant de douleurs persistantes consulte un professionnel spécialisé.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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