Fatigue, stress, tabac, diabète… Les troubles de l’érection ne sont pas qu’une affaire d’âge ou de virilité. Ils en disent long sur notre santé physique, mentale et relationnelle. En France, un homme sur trois serait concerné. Décryptage.
“Ce n’est rien, ça va revenir.” Beaucoup d’hommes, jeunes ou moins jeunes, minimisent encore les troubles de l’érection, en espérant qu’ils disparaîtront aussi vite qu’ils sont venus. Sauf que dans 80 % des cas, ces dysfonctionnements ne sont pas psychologiques mais bien liés à un problème physique ou vasculaire, selon la Haute Autorité de Santé (HAS).
Autrement dit, ce que l’on appelle pudiquement une “panne” peut être le signal d’alerte d’un souci de santé bien plus large : maladie cardiovasculaire, diabète, trouble hormonal, dépression, stress chronique, obésité…
Et en France, près de 30 % des hommes seraient concernés à un moment de leur vie, selon l’étude Futura/MNH parue en 2024. Le sujet reste pourtant tabou.
Érection : des pannes qui en disent long
Troubles de l’érection : un signal d’alarme du cœur
On oublie souvent que pour qu’une érection se produise, il faut que les vaisseaux sanguins soient en bon état, que le système nerveux fonctionne bien, que les hormones soient équilibrées… Et qu’un minimum de détente mentale soit au rendez-vous. Lorsque l’un de ces paramètres est perturbé, la mécanique se grippe.
Premières causes de ces “pannes” à répétition, les maladies cardiovasculaires. L’hypertension, le cholestérol, les plaques d’athérome ou une mauvaise circulation sanguine réduisent l’afflux sanguin vers le pénis. Selon la Fédération française de cardiologie, un trouble de l’érection peut précéder de 3 à 5 ans un infarctus. C’est donc un marqueur précieux à ne pas ignorer.
Autre facteur majeur : le diabète de type 2. En France, il touche 4 millions de personnes, dont une majorité d’hommes après 45 ans. 35 à 75 % des hommes diabétiques souffriraient de dysfonction érectile selon l’Inserm, car le diabète endommage les nerfs et les vaisseaux.
Mode de vie : ce que les habitudes disent de votre virilité
Les spécialistes sont formels, notre hygiène de vie pèse lourd dans la balance. Et ce, dès le plus jeune âge. Plusieurs facteurs augmentent considérablement le risque de troubles érectiles :
- Tabac : il multiplie par deux le risque de dysfonction érectile, selon l’Assurance maladie.
- Alcool : au-delà de 3 verres par jour, il diminue la testostérone et perturbe la réponse vasculaire.
- Sédentarité et excès de poids : un IMC élevé est fortement corrélé aux troubles sexuels, via l’hypertension, le diabète ou l’apnée du sommeil.
- Stress, anxiété, troubles du sommeil : une pression mentale chronique altère la libido et empêche une érection durable.
Bref, notre vie sexuelle reflète très souvent notre état général. Et peut s’améliorer avec une meilleure alimentation, un peu d’activité physique, l’arrêt du tabac, ou une baisse de la consommation d’alcool.
Et le mental dans tout ça ?
Si les causes physiques dominent, il ne faut pas sous-estimer la dimension psychologique. Selon la Société Française de Médecine Sexuelle, environ 20 % des troubles de l’érection ont une origine psychogène exclusive (sans lésion organique), mais cette proportion grimpe chez les jeunes hommes.
Chez les moins de 35 ans, les pannes sont souvent liées à :
- L’anxiété de performance, surtout dans un nouveau couple
- La pression sociale, véhiculée par la pornographie ou des standards irréalistes
- Le burn-out ou la fatigue mentale
- Des antécédents de violences sexuelles ou des complexes
Dans ces cas-là, un accompagnement psychologique ou sexothérapeutique permet de retrouver confiance et détente, souvent bien plus efficace qu’une pilule miracle.
Troubles de l’érection : faut-il passer par le Viagra ou le Cialis ?
Pas forcément ! Si la tentation du “cachet bleu” est forte, les traitements médicamenteux comme le sildénafil (Viagra), le tadalafil (Cialis) ou le vardénafil sont souvent efficaces, mais ne règlent pas la cause profonde. Ils facilitent l’érection en dilatant les vaisseaux, mais ne font rien sur le stress, le diabète ou le tabac.
En France, ces traitements ne sont pas remboursés, sauf exception (lésion neurologique ou post-opératoire). Avant de les utiliser, il est impératif de consulter un médecin, notamment pour éliminer toute contre-indication cardiovasculaire.
Quand faut-il s’inquiéter et consulter ?
Voici quelques signaux qui doivent amener à parler avec un médecin généraliste, un urologue ou un sexologue :
- Pannes fréquentes et durables (plus de 3 mois)
- Douleurs, éjaculation prématurée ou baisse de libido
- Maladie chronique (diabète, hypertension, dépression)
- Sentiment de gêne ou de souffrance dans le couple
Des examens simples (prise de sang, bilan hormonal, doppler pénien, questionnaire) permettent d’évaluer les causes et d’orienter vers une solution adaptée. Et, dans plus de 80 % des cas, il existe un traitement efficace, qu’il soit médical, comportemental ou sexothérapeutique. Ce n’est pas toujours une “partie de plaisir” mais l’harmonie du couple est souvent à ce prix.
À SAVOIR
En 2024, une étude française menée par l’Inserm et le CHU de Toulouse a démontré que les hommes souffrant de troubles érectiles non traités ont un risque cardiovasculaire accru de 25 à 40 % sur 5 ans. Un vrai levier de dépistage.